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Cet article fait partie du dossier

L’évolution sous nos yeux

Virus, les champions de l’évolution

Ils se cachent jusqu’au cœur de nos cellules, invisibles et puissants au point d’ébranler notre civilisation. Vrai-faux sur les virus.

Ils se cachent jusqu’au cœur de nos cellules, invisibles et puissants au point d’ébranler notre civilisation. Vrai-faux sur les virus.

Un virus, c’est forcément un parasite.

Vrai !

C’est un agent infectieux minuscule qui parasite une cellule hôte pour s’y multiplier. Les virus portent tous un patrimoine génétique constitué d’un seul jusqu’à 1 200 gènes enrobés par des protéines formant souvent une coque protectrice.
Habituellement, le virus reconnaît sa cellule cible grâce à un récepteur spécifique. Il se fixe alors contre elle. Son génome rentre ensuite dans la cellule pour détourner son métabolisme et se répliquer en grand nombre. Finalement, les virus produits sont expulsés et le tour est joué. Suivant l’intensité et les modalités de cette infection, la cellule parasitée en ressort à peu près indemne ou affaiblie… à moins qu’elle n’explose en disséminant une ribambelle de ces parasites.

Un virus, c’est un être vivant.

Vrai et faux !

Oui, parce que le virus possède un patrimoine génétique qui se réplique de génération en génération. Et en même temps non, parce qu’il est incapable d’effectuer cette réplication tout seul. Au-delà de ce débat sans fin, il faut prendre conscience que les virus font partie de notre quotidien depuis longtemps. Les plus anciens que l’on ait retrouvés entiers datent de 35 000 ans. Ils se cachaient dans les dents de lait de jeunes enfants conservées dans le sol gelé de Sibérie.

Ce n’est pas tout ! On a découvert récemment que 10 à 20 % de notre patrimoine génétique est d’origine virale. En d’autres termes, nos ancêtres ont toujours subi des infections. Au cours des millions d’années, d’innombrables fragments de ces virus ont été intégrés à l’intérieur de nos chromosomes. Comme des fossiles minuscules.

Les virus sont extrêmement anciens.

Vrai !

En effet, ils sont apparus voilà plusieurs milliards d’années. Peut-être même ont-ils participé à l’histoire de l’origine de la vie. Quoi qu’il en soit, les virus que l’on connaît aujourd’hui sont tellement diversifiés qu’ils ont très probablement des origines multiples.

Au fil du temps, ces parasites ont développé des stratégies complexes pour infecter d’abord les bactéries puis l’ensemble du monde vivant. Un millilitre d’eau de mer en contient à lui seul des centaines de millions. En 2007, des chercheurs ont calculé que tous les virus présents dans les océans mis bout à bout formeraient une ligne s’étendant au-delà des 60 galaxies les plus proches. Tout simplement astronomique !

VIH

500 000 à 970 000 décès annuels (pic de 1,7 million en 2004)

En janvier 1983, une équipe de l’Institut Pasteur à Paris isole un nouveau virus baptisé VIH qui s’attaque au système immunitaire humain en provoquant le fameux SIDA pour Syndrome d’immunodéficience acquise. Ce virus originellement présent chez le chimpanzé se serait transmis à l’homme au Congo dans les années 1920. C’est l’organisme connu qui mute le plus vite. Il poursuit son évolution génétique même à l’intérieur du corps d’une personne infectée. Un atout redoutable pour déjouer notre système immunitaire et les traitements médicamenteux.

Les virus évoluent super vite.

Vrai !

Le principal moteur de l’évolution, ce sont les mutations, ces petites erreurs de copie du patrimoine génétique qui ont parfois de lourdes conséquences. La plupart des mutations sont anodines, mais certaines peuvent être mortelles ou au contraire procurer un avantage évolutif décisif à leur porteur.

Dans nos cellules, de nombreux mécanismes sont là pour limiter le risque des mutations. La structure en double hélice de la molécule qui code notre patrimoine génétique – le fameux ADN – contribue aussi à une grande stabilité. Or, de nombreux virus ont comme support pour leur génome un type de molécule beaucoup moins stable appelé ARN. Les mutations sont alors bien plus nombreuses. On les observe d’autant plus vite que les générations de virus se succèdent bien plus rapidement que celles de leurs hôtes.

Ainsi, dans la course aux armements qui oppose perpétuellement parasites et parasités, la plupart des virus ont un avantage décisif. Ce sont des champions de l’évolution qui se transforment extrêmement vite. Voilà pourquoi nous sommes toujours à courir après eux et à essayer de nous adapter tant bien que mal.

Pour un virus, l’homme n’est pas plus attractif qu’un autre animal.

Faux !

C’est une partie du problème actuel. Homo sapiens est devenu extrêmement social, mobile et populeux. En comparaison avec la situation qui prévalait lors de la pandémie de grippe espagnole il y a 100 ans, nous sommes quatre fois plus nombreux sur Terre et nous nous déplaçons toujours davantage et toujours plus vite dans des engins souvent exigus. Pour les virus, nous sommes un hôte de rêve ! Tout concourt à la rapidité de la propagation.

Ainsi, lors d’un événement unique, un virus passe à l’homme mi-octobre quelque part au fin fond de la Chine… et deux mois plus tard voilà la maladie dans le monde entier.

Il y a un lien direct entre pandémies et érosion de la biodiversité.

Vrai !

Dans un rapport rendu en octobre dernier, les experts biodiversité de l’ONU pronostiquent une multiplication des pandémies d’origine animale à cause de l’effondrement de la biodiversité. Le commerce effréné de la faune sauvage augmente particulièrement les risques d’une transmission à l’homme de nouveaux pathogènes. Or, cette activité très lucrative a été multipliée par cinq en vingt ans.

D’après ce rapport de l’IPBES, il faut agir en amont pour prévenir les prochaines pandémies : stopper la déforestation, lutter contre le braconnage, le commerce et la détention des espèces sauvages et enfin faire triompher le principe selon lequel la santé des humains est directement liée à celle des écosystèmes. Un chantier colossal et urgent.

Ces parasites minuscules nous enquiquinent… mais ils n’ont pas de leçon à nous donner.

Faux !

Comme d’autres maladies, la Covid-19 nous rappelle comme une évidence que nous ne sommes pas au-dessus des lois de la nature. Détruire la biodiversité, c’est nous détruire nous-mêmes. Car, qu’on le veuille ou non, nous demeurons une espèce vivante… bien plus vulnérable qu’il n’y paraît.

Virus, les champions de l’évolution, vrai ou faux en exemples
Virus de la grippe / © KATERYNA KON / STOCK.ADOBE.COM

Virus de la grippe

De 300 000 à 600 000 décès annuels

Le virus de la grippe ou influenza mute rapidement d’année en année, ce qui nécessite l’évolution constante des vaccins. On connaît de nombreuses souches d’origine généralement aviaire avec parfois le porc comme hôte intermédiaire. Il peut arriver qu’une combinaison entre deux souches différentes produise un virus radicalement nouveau d’autant plus contagieux et virulent qu’il n’y a pas d’immunité dans la population humaine. C’est ce qui explique les pandémies dévastatrices de 1918, 1956 ou 1968. Les chercheurs craignent actuellement une recombinaison meurtrière entre un virus de grippe aviaire virulent mais peu adapté à l’homme et une souche moins dangereuse mais transmissible entre humains.

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L’évolution sous nos yeux

Couverture de La Salamandre n°262

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 262  Février - Mars 2021, article initialement paru sous le titre "Voici les champions de l’évolution"
Catégorie

Sciences

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