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L’évolution sous nos yeux

3 adaptations d’animaux face à la pollution

La célèbre phalène du bouleau, le moustique et le lapin ont du évoluer rapidement pour survivre à la pollution de leur milieu. Leçons d'adaptation.

La célèbre phalène du bouleau, le moustique et le lapin ont du évoluer rapidement pour survivre à la pollution de leur milieu. Leçons d'adaptation.

Connaissez-vous la phalène du bouleau, un discret papillon de nuit qui passe ses journées immobile et camouflé sur l’écorce de son arbre fétiche ? Ce lépidoptère est un véritable cas d’école en matière d’évolution sur quelques décennies.

3 adaptations d'animaux face à la pollution : la phalène du bouleau
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Surprise à Manchester

Tout commence en 1848 quand l’un de ces papillons est capturé dans le filet d’un entomologiste à Manchester. Etonnamment, la bête présente une coloration noire au lieu de sa livrée habituelle blanche mouchetée. Un siècle plus tard, 90 % des phalènes de plusieurs villes d’Angleterre arborent cette forme sombre. A l’époque, les usines tournent à plein charbon en recrachant par leurs cheminées sans filtre d’énormes quantités de suie. La pollution noircit les écorces des arbres tout en tuant les lichens clairs qui les tapissent. Le lien paraît évident entre la forme noire du papillon et l’industrialisation. On parle alors de mélanisme industriel.

Mais comment expliquer une évolution aussi soudaine ? Serait-ce un effet de la sélection naturelle ? On peut en effet s’attendre à ce que les papillons aux ailes claires soient plus facilement repérés par les oiseaux sur fond sombre. Ainsi, les phalènes pâles disparaissent sans s’être reproduites tandis que les formes noires mieux camouflées transmettent leurs caractères à leur descendance.

Séduisante hypothèse… Mais corrélation ne veut pas forcément dire causalité, et des débats contradictoires s’engagent, comme c’est toujours le cas pour faire avancer la science. Pour en avoir le cœur net, une ambitieuse expérience est montée dans les années 1950. Des individus des deux formes sont élevés en laboratoire, marqués et finalement relâchés de bon matin en nombre égal dans une forêt polluée et dans une autre non polluée. Puis, le soir venu, les papillons sont attirés et capturés. Les résultats sont probants : c’est bien la sélection naturelle qui favorise les formes sombres sur les arbres pollués.

L’effet Clean Act

Cette explication est encore confirmée dans les années 1970. Quand le Clean Air Act commence à faire effet dans les villes anglaises, l’air est moins pollué et la fréquence des phalènes du bouleau sombres diminue au point qu’elles ont aujourd’hui quasiment disparu. CQFD !

Plus récemment, la génétique a dévoilé que la forme noire proviendrait d’une mutation survenue chez un unique individu vers 1820. Si la pollution industrielle n’avait pas donné un avantage aux individus qui la portent, cette mutation aléatoire, comme tant d’autres, ne se serait sans doute jamais fait remarquer.

Jouez en ligne au jeu de la phalène (sur ordinateur uniquement)

3 adaptations d'animaux face à la pollution : le moustique
© Christian Gautier / Biosphoto

Moustiques contre insecticides

Face aux substances chimiques diffusées pour les éradiquer, les moustiques évoluent et deviennent résistants. Tôt ou tard, une mutation confère à l’un d’entre eux un atout face à l’insecticide. Plus ce dernier est utilisé de manière intensive, plus cela favorise la souche mutée. Ainsi, dans le sud de la France, les Culex pipiens multirésistants aux traitements sont devenus majoritaires en deux décennies seulement.

Myxomatose contre lapins

3 adaptations d'animaux face à la pollution : le lapin
© Dave Watts / Alamy Stock Photo

Contre les lapins introduits et devenus envahissants en Australie, l’homme a fini par utiliser une arme biologique redoutable : le virus de la myxomatose. Pourtant, au bout d’un certain temps, la mortalité due à cette maladie a chuté. Certaines mutations qui améliorent l’activité antivirale des lapins ont été favorisées, augmentant le nombre d’individus résistants.

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Couverture de La Salamandre n°262

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 262  Février - Mars 2021, article initialement paru sous le titre "La leçon de la phalène"
Catégorie

Sciences

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