© Frédéric Desmette / Biosphoto

Cet article fait partie du dossier

L’évolution sous nos yeux

Comment les animaux s’adaptent-ils au dérèglement climatique ?

Face au dérèglement climatique, les mésanges bleues doivent décaler leur programme. D'autres animaux comme le chamois et les papillons doivent déménager.

Face au dérèglement climatique, les mésanges bleues doivent décaler leur programme. D'autres animaux comme le chamois et les papillons doivent déménager.

Parmi toutes les perturbations environnementales d’origine humaine, il en est une d’une portée inédite parce que globale : le dérèglement climatique. Par la rapidité des changements de température et de précipitations, celui-ci concerne tous les êtres vivants de la planète qui doivent s’y adapter ou disparaître.

1 800 chenilles

Avec d’autres équipes scientifiques, des chercheurs de Montpellier étudient par exemple la façon dont les mésanges bleues modifient leur cycle reproductif. Comme nombre de passereaux, ces mésanges élèvent leur progéniture à coups de becquées de chenilles. On estime qu’il faut 1 000 à 1 800 de ces proies juteuses et protéinées pour mener un seul oisillon à l’envol. Pour permettre un tableau de chasse aussi spectaculaire, le pic des besoins en nourriture des poussins doit impérativement être synchronisé avec le pic d’abondance des chenilles des papillons qui fournissent le gros des proies. Sachant que les oisillons ont des besoins maximums en nourriture vers leur dixième jour et qu’il faut trois semaines de développement aux chenilles pour devenir consistantes, une mésange bleue femelle doit pondre environ un mois avant l’optimum de ses proies préférées.

Il est ainsi crucial d’anticiper pour se reproduire chaque année au bon moment. Est-ce la température qui donne le signal ? Les mésanges y sont sensibles comme l’immense majorité des organismes, à commencer par les arbres qui réagissent aux printemps doux en avançant l’apparition de leurs feuilles. Un décalage qui influence à son tour l’éclosion des chenilles.

Viser juste

Chez les mésanges bleues femelles, les premières hausses de température activeraient la production d’une hormone qui enclenche la reproduction. Leur fenêtre de sensibilité varierait d’une population à l’autre selon leur habitat. De manière générale, elles pondent plus tôt quand elles ressentent les indices d’un printemps précoce, ou plus tard quand le printemps se fait attendre. Joli exemple de plasticité phénotypique.

Hélas, rien ne dit que les arbres et les papillons réagissent à la même vitesse, ce qui pourrait provoquer de fâcheux décalages. Ni que ce mécanisme d’adaptation restera fiable au-delà d’un certain seuil de réchauffement. Et puis, le dérèglement climatique s’accompagne d’aléas météorologiques toujours plus imprévisibles qui compliqueront singulièrement toute anticipation. De tels mécanismes d’adaptation permettent des réactions rapides… mais seulement dans certaines limites. Cela suffira-t-il ?

Poursuivez votre lecture avec notre dossier complet sur les mésanges.

Dérèglement climatique : Comment les papillons s'adaptent-ils ?
© Michel Gunther / Biosphoto

Sauve qui peut

Face au dérèglement climatique, chacun réagit selon ses capacités d’adaptation. Le comma ou la virgule a déménagé à une vitesse sidérante. Ce petit papillon de couleur fauve a disparu du sud et du centre de l’Angleterre pour s’établir dans la région d’Edimbourg en Ecosse, parcourant ainsi 220 km en quarante ans ! Et pourtant cette espèce ne produit qu’une seule génération annuellement qui ne vole que de deux à trois semaines.

Plus léger, plus haut

Dérèglement climatique : Comment les chamois s'adaptent-ils ?
© Olivier Born

Espèce gibier, le chamois a le privilège d’être très suivi sur le long terme. Des études mettent en évidence une diminution d’un quart du poids moyen chez certaines populations alpines en trente ans. Cette évolution serait due au changement climatique plutôt qu’à une pression sélective de la chasse, car cet allègement s’observe chez d’autres espèces de poissons, d’oiseaux ou de mammifères. En parallèle, dans le canton des Grisons, l’altitude moyenne des abattages de chamois a grimpé de 100 m en vingt-deux ans, pendant que la température moyenne augmentait de 1 °C dans cette région. Si les chasseurs doivent grimper davantage, c’est que les herbivores sauvages suivraient certaines plantes dont ils se nourrissent qui pousseraient de plus en plus haut. Notre dossier
sur les mésanges

Certains animaux peuvent donc réagir aux contraintes imposées par l’homme en quelques décennies. Mais qui sont les champions toutes catégories de l’évolution sous nos yeux ?

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L’évolution sous nos yeux

Couverture de La Salamandre n°262

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 262  Février - Mars 2021, article initialement paru sous le titre "Contretemps Chambouler le planning"
Catégorie

Sciences

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