© Christof Wermter

Cet article fait partie du dossier

La nuit du hibou grand-duc

Où vivent les hiboux grands-ducs ?

Surprenant… Le plus noble des hiboux ne loge pas à tout prix haut perché pour dominer. Loin s’en faut, un abri de fortune fait souvent l’affaire.

Surprenant… Le plus noble des hiboux ne loge pas à tout prix haut perché pour dominer. Loin s’en faut, un abri de fortune fait souvent l’affaire.

Le palais des ducs

Du sol aux falaises, en passant par les roseaux, les îles et les villes, l'habitat du grand-duc est varié, contrairement à ce que l'on peut croire.

Nul besoin de chausser les crampons et d’arpenter de robustes montagnes. Pour un face-à-face avec le mythique grand-duc, une longue-vue braquée sur une modeste vire rocheuse peut suffire. Dans son aire de répartition, son habitat est potentiellement partout.

L’image de la bête farouche postée sur le piton d’une falaise est une vision d’Europe occidentale. Car c’est là où des siècles de persécutions ont poussé le rapace dans ses retranchements… et où beaucoup d’études ont été menées et publiées.

Ainsi, de la Scandinavie à la Sibérie, en passant par l’Europe de l’Est, ce hibou est très largement forestier. Il niche alors fréquemment au sol, contre le tronc d’un arbre. Dans les grandes zones humides, on peut trouver l’espèce dans les roseaux.

C’est le cas au bord du Danube ou en Pologne. Et c’était peut-être le cas plus près de chez nous, quand ces milieux prestigieux étaient encore vastes et nombreux.

Il existe aussi des grands-ducs presque marins occupant des petites îles…

Plus surprenant encore, les Bubo bubo du XXIe siècle sont de plus en plus citadins, et pas seulement pour investir des centres historiques ou des citadelles fortifiées. Protégé depuis des décennies, le rapace a de moins en moins de raisons de craindre l’humain.

Les falaises restent toutefois des logis très prisés et sont grandement visitées par les hiboux grands-ducs.

Mais bien sûr, quand elles existent, les falaises sont très prisées par le rapace. Quelles que soient leur taille, leur nature géologique ou leur exposition, si une large fissure ou une cavité permet de s’y ­abriter, le grand-duc la visitera.

Croyez-vous qu’il visera à tout prix les étages les plus hauts ? Là encore, le hibou fait preuve de modestie et il s’installera tout autant au niveau inférieur, voire à son pied. Quant aux carrières de roche taillées par Homo sapiens, elles sont un lieu de nidification quasi systématique. Même dans les régions alpines dominées par les plus hauts sommets, l’altitude des nids reste très modeste, souvent autour de 500 m. Le site de nidification le plus haut d’Europe a été trouvé dans le nord-ouest de l’Italie, à 2 250 m d’altitude.

Cet éclectisme remarquable dans le choix du logis s’explique en partie par le fait que ce molosse, comme ses cousins, ne construit pas de nid… Soit il récupère l’ancienne œuvre d’un grand corbeau, par exemple, soit il creuse lui-même une légère dépression de 20 à 35 cm de diamètre dans une litière superficielle.

Mais d’abord, il faut trouver l’âme sœur !

Hiboux grands-ducs
© Christof Wermter

Le saviez-vous ?

Métro bubo dodo
Quand les constructions modernes offrent le gîte et qu’une abondante faune commensale – rat surmulot et corvidés en tête – sert de casse-croûte, pourquoi se priver de la vie en ville ?

Pour un jeune en quête de nouveau territoire, le choix d’un toit d’immeuble ou d’un parc urbain est parfois tout simplement la meilleure alternative aux immenses surfaces d’agriculture intensive. La plupart des grandes villes européennes sont ou seront prochainement habitées par le grand-duc.

La nuit des temps
Les humains et le géant cohabitent depuis toujours. C’est dans la grotte Chauvet, en Ardèche (F), que se trouve la plus ancienne représentation d’un probable grand-duc d’Europe, datant de 30 000 ans. Les plus anciens fossiles d’un hibou de cette espèce (Bubo bubo) viennent de Provence et sont datés du Pléistocène (entre - 126 000 et - 780 000 ans). Un Bubo d’une autre espèce nous viendrait du Pliocène (- 2,6 à - 5,3 Ma). Quant à Ogygoptynx wetmorei, plus vieil ancêtre connu des grands-ducs actuels découvert en Alsace, il est âgé d’au moins 60 Ma.

40 couples
Effectif record de grands-ducs aux 100 km2 dans le sud-ouest de l’Espagne. Cette densité est souvent inférieure à 5 ailleurs en Europe et croît en moyenne du nord vers le sud.

Hibou grand-duc
© Claude Valette

Cet article fait partie du dossier

La nuit du hibou grand-duc

Couverture de La Salamandre n°280

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 280  Février - Mars 2024, article initialement paru sous le titre "La nuit du grand-duc"
Catégorie

Nature d’ici

Vos commentaires

Réagir

Pour commenter sans créer de compte, il vous suffit de cliquer dans la case « nom » puis de cocher la case « je préfère publier en tant qu’invité ».

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Salamandre newsletter
Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur