Les oiseaux parasites dans le monde
Le duel raffiné entre le coucou et ses hôtes est une rare curiosité. Dans le monde, une petite centaine d’oiseaux pratiquent un tel parasitisme.
Le duel raffiné entre le coucou et ses hôtes est une rare curiosité. Dans le monde, une petite centaine d’oiseaux pratiquent un tel parasitisme.
Pendant la guerre froide, les ornithologues ont comparé le conflit d’intérêts qui lie le coucou à son hôte à une sorte de course aux armements. A chaque nouvelle ruse du parasite, sa cible invente une parade qui déclenche une nouvelle adaptation bientôt contrée par une autre défense. Ainsi, la sélection naturelle agit jusqu’à ce que finalement le jeu n’en vaille plus la chandelle et que le coucou se tourne vers des espèces moins bien adaptées. Actuellement, la fauvette à tête noire, le pouillot véloce ou la pie-grièche écorcheur le tiennent en échec de manière systématique, tandis qu’à l’opposé, l’accenteur mouchet tombe dans le panneau à tous les coups.
Parasite de couvée n’est donc pas un métier de tout repos. Certes, la femelle économise la construction et la garde d’un nid, mais que de ruses et d’énergie déployées pour assurer la survie de ses poussins. Sans doute une raison pour laquelle cette stratégie est si peu pratiquée. Hormis par un unique canard d’Amérique du Sud, l’hétéronette à tête noire, on la retrouve uniquement chez cinq familles d’oiseaux. Chez les cuculidés par exemple, qui regroupent les coucous du monde entier, le parasitisme serait apparu séparément à trois reprises dans l’évolution.
En fin de compte, malgré une réputation un brin sulfureuse, sont-ils vraiment méchants ces squatters ingénieux ? Plus cruels qu’une mésange qui dévore une chenille ? Ou qu’un agriculteur qui met à mort l’une de ses bêtes ? Ces curiosités de la nature méritent peut-être plus notre admiration que notre antipathie. Car, au final, tuer pour survivre, quoi de plus naturel ?
1 %
Telle est l’infime proportion des 102 espèces parasites de couvée face aux 10 400 types d’oiseaux actuellement connus sur Terre.
Expulsion
En Australie, le gérygone des mangroves a franchi une nouvelle étape par rapport aux hôtes du coucou gris européen. Ce petit passereau reconnaît non seulement les œufs mais aussi les poussins du coucou menu qui le parasite et n’hésite pas à les expulser de son nid. Parade ? Le coucou menu produit des poussins noirs qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de son hôte.
Mot de passe
Habitant des forêts australiennes, le mérion superbe réserve à ses petits, encore dans leur œuf, un chant spécial. Ce mot de passe diffère dans chaque famille. Le coucou de Horsfield pond son œuf peu de temps avant l’éclosion des autres, quand l’apprentissage du chant codé est terminé. Lorsque naît le petit coucou, il est incapable de reproduire la formule magique. Les parents renoncent alors à le nourrir, voire abandonnent la couvée tout entière.
Bonus
Nombre d’oiseaux sont parasites de manière opportuniste au sein de leur propre espèce. Ainsi des femelles colverts, foulques, étourneaux ou moineaux pondent parfois quelques œufs dans un nid voisin. La nette rousse dépose même volontiers une partie de sa descendance chez d’autres canards, sans que cette pratique donne lieu à des stratégies particulières.
Rasoir
En Afrique, le grand indicateur est connu pour guider les hommes vers les nids d’abeilles sauvages dont il se nourrit. Cet oiseau parasite pond ses œufs dans les nids de guêpiers, d’hirondelles ou de martins-pêcheurs. Le poussin naît avec un imposant crochet aiguisé comme un rasoir au bout du bec. Il s’en sert pour détruire un à un les œufs et au besoin les poussins de son hôte.
Signature
En Zambie, le prinia modeste détient la palme des œufs les plus difficiles à imiter. Chez chaque femelle, ils se distinguent par la couleur du fond, le type de marques et leur arrangement, telle une signature individuelle. L’anomalospize parasite résiste à cette parade grâce à des lignées de femelles produisant toutes sortes de décorations sur les œufs. Mais comme chacune dépose les siens dans les nichées de prinia indépendamment de leur type de signature, la plupart des attaques sont déjouées.
Racket
Le vacher à tête brune est le principal parasite de couvée d’Amérique du Nord dont la forte expansion pose d’ailleurs problème. Très généraliste, il exploite plus de 200 espèces. La femelle surveille les nids où elle a pondu et n’hésite pas à punir les familles qui ne gardent pas ses œufs en détruisant toute la couvée. Quand elle découvre une nichée trop avancée pour y pondre, elle n’hésite pas à tout mettre en pièces pour forcer ses propriétaires à pondre de nouveau, ce qui en fera des cibles idéales.
Découvrez la suite de notre dossier sur le coucou gris.
Apprenez-en plus sur le parasitisme de couvée dans notre livre Le comportement des oiseaux d'Europe.
Un ouvrage unique et le plus complet à ce jour, pour tous les amoureux des oiseaux. 576 pages pour découvrir les techniques de vol, les stratégies de chasse, les parades nuptiales et autres comportements de 427 espèces. Magnifiquement illustré avec plus de 1800 dessins.
Cet article fait partie du dossier
Coucou, t’es où ?
-
PhotosPhotos
Le coucou gris, un oiseau plus que furtif
-
PhotosPhotos
Pourquoi le coucou gris ressemble-t-il à un rapace ?
Abonnés -
PhotosPhotos
Comment le coucou gris pond-il son œuf dans le nid d’autres oiseaux ?
Abonnés -
PhotosPhotos
Les œufs du coucou, des imitations presque parfaites
Abonnés -
PhotosPhotos
Le poussin assassin du coucou
Abonnés -
PhotosPhotos
Le jeune coucou, un affamé à nourrir sans cesse
Abonnés -
PhotosPhotos
Le coucou geai parasite les nids des corvidés
Abonnés -
PhotosPhotos
Les oiseaux parasites dans le monde
Abonnés -
PhotosPhotos
Le point sur la disparition du coucou gris
Abonnés -
Bandes-annoncesBandes-annonces
La mécanique du coucou, coulisses de tournage du nouveau film Salamandre
Abonnés -
Dessins NatureDessins Nature
La rencontre entre le coucou gris et le peintre naturaliste Jean Chevallier
Abonnés
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
Catégorie
Vos commentaires
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur
Pour commenter sans créer de compte, il vous suffit de cliquer dans la case « nom » puis de cocher la case « je préfère publier en tant qu’invité ».