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Coucou, t’es où ?

Les œufs du coucou, des imitations presque parfaites

Pour passer inaperçu, l'extraordinaire œuf du coucou est miniaturisé et camouflé pour ressembler le plus possible aux œufs des oiseaux parasités. Essayez de les repérer !

Pour passer inaperçu, l'extraordinaire œuf du coucou est miniaturisé et camouflé pour ressembler le plus possible aux œufs des oiseaux parasités. Essayez de les repérer !

Pour les oiseaux qui l’accueillent malgré eux, l’œuf du coucou est une redoutable bombe à retardement. C’est aussi un chef-d’œuvre d’adaptation. Bien que cet oiseau soit considérablement plus gros que les espèces qu’il parasite, l’œuf miniaturisé est presque aussi petit que les leurs, histoire de ne pas se faire remarquer. Ensuite, sa coquille deux fois plus épaisse le préserve de la casse lors d’une ponte furtive parfois acrobatique ou d’éventuels coups de bec de ses parents adoptifs. Et enfin, il ressemble comme deux gouttes d’eau par ses taches et sa couleur aux autres œufs du nid. Non, la femelle du coucou ne pigmente pas à la dernière minute chacune de ses machiavéliques livraisons. On a découvert voici quelques années qu’elle dépose la plus grande partie de ses œufs chez l’espèce qui l’a elle-même élevée. Ainsi, au fil des générations, l’évolution favorise des pontes de mieux en mieux camouflées. Les femelles de ces multiples lignées se transmettent ces particularités par l’intermédiaire du chromosome W qui détermine le sexe féminin chez les oiseaux. Si toutes ces tribus n’ont pas encore donné naissance à autant d’espèces de coucous différents, c’est tout simplement parce que les mâles batifolent indifféremment des unes aux autres.

Ce n’est pas tout. On sait de longue date que certains passereaux se défendent bien mieux que d’autres. Le pauvre accenteur mouchet par exemple tolère un œuf intrus de n’importe quelle couleur. A l’autre extrême, le pipit des arbres a développé un système de défense quasi imparable avec des femelles aux pontes très diversement pigmentées. On pense que les espèces qui résistent bien sont parasitées depuis longtemps au point en fin de compte de ne plus être du tout fréquentables. Et que les plus naïves sont de nouvelles victimes encore sous-adaptées. Les tribus de femelles spécialisées sur un oiseau ou un autre fluctueraient ainsi au cours du temps.

Une dernière particularité de l’œuf va faire la différence. Avant de le pondre, la femelle l’incube vingt-quatre heures bien au chaud dans son ventre à une température de 40° C. Ce préchauffage assure une éclosion éclair seulement douze jours après la ponte, soit un ou deux jours avant l’éclosion des autres œufs de la nichée. Une petite singularité qui leur sera fatale.

12 fois

Tel est le stupéfiant rapport de taille entre un coucou femelle d’environ 120 g et la plus petite espèce parasitée, le troglodyte mignon qui pèse moins de 10 g. Déposer un de ses œufs dans le nid sphérique de ce petit oiseau n’est d’ailleurs pas tout simple pour le coucou. Si durant la manœuvre il déforme sa demeure, le troglodyte risque de l’abandonner.

Miniaturisé

Les œufs du coucou, des imitations presque parfaites
© Karl Schulze-Hagen

Pour comparaison, à gauche en taille réelle un œuf de rousserolle effarvatte, au milieu de coucou gris, et à droite de tourterelle des bois, un oiseau de la taille du parasite.

A vous de jouer

Feriez-vous un bon rougegorge ou une bonne fauvette ? Parmi ces 18 pontes, lesquelles ont été parasitées par un coucou ?

Toutes ces pontes sont parasitées par un œuf de coucou. Elles sont tirées de la collection Haller déposée au Muséum d’histoire naturelle de Genève et qui fait l’objet d’un livre incroyable : Œufs de P. Starosta et L. Vallotton, éd. 5 Continents.

Le roi des coucous

Depuis trente ans, Nicholas Davies étudie la véritable course aux armements que se livrent le coucou et la rousserolle effarvatte. Belle conférence in english please.

Découvrez la suite de notre dossier sur le coucou gris.

Apprenez-en plus sur la vie de tous ces passereaux dans notre ouvrage de référence Le comportement des oiseaux d'Europe.

Un ouvrage unique et le plus complet à ce jour, pour tous les amoureux des oiseaux. 576 pages pour découvrir les techniques de vol, les stratégies de chasse, les parades nuptiales et autres comportements de 427 espèces. Magnifiquement illustré avec plus de 1800 dessins.

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Coucou, t’es où ?

Couverture de La Salamandre n°251

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 251  Avril - Mai 2019, article initialement paru sous le titre "Faux et usage de faux"
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