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L’union fait la vie

Coopération, ces animaux s’allient pour chasser ou se protéger des prédateurs

La coopération au sein du groupe ou entre espèces permet à certains animaux de se protéger contre des prédateurs et à d'autres à chasser de plus grandes proies.

La coopération au sein du groupe ou entre espèces permet à certains animaux de se protéger contre des prédateurs et à d'autres à chasser de plus grandes proies.

« Jouons-la collectif ! » Telle est la devise des loups gris. Ces canidés sauvages sont des champions de la coopération. Ils s’organisent entre eux au sein d’une meute, en d’autres termes une famille qui regroupe un couple installé sur un territoire avec ses louveteaux… et parfois quelques juvéniles qui perfectionnent leurs apprentissages avant de prendre le large. En Europe de l’Ouest, ces meutes rassemblent en général de deux à six individus. Elles grossissent avec les naissances printanières et fondent en hiver au moment de la dispersion des ados.

S’organiser en clans familiaux présente de nombreux avantages. Comme tout mammifère qui se respecte, la femelle allaite ses nouveaux-nés. Pendant deux mois, elle doit être très présente auprès d’eux. Les autres loups la ravitaillent ou surveillent la tanière quand elle s’absente brièvement. Ensuite, au moment du sevrage, les aînés aident les parents à nourrir les louveteaux, en rapportant de la viande qu’ils régurgitent. Une femelle autre que la mère endosse alors parfois un rôle de nourrice privilégiée. Tant que les jeunes sont trop faibles pour suivre les parties de chasse, l’un ou l’autre des ados les gardienne sur ce qu’on appelle un site de rendez-vous. Le reste du temps, tous les membres de la meute participent à leur sécurité et à leurs apprentissages : il faut notamment qu’ils comprennent comment traquer une proie en groupe, faire en sorte qu’elle n’ait pas d’échappatoire puis finalement la mettre à mort. Cette stratégie de chasse collective permet aux loups d’attaquer avec succès des herbivores de grande taille, cerfs, élans, orignaux ou bisons selon les régions. Evidemment, la proie sera partagée selon un rituel et un ordre hiérarchique précisément établi.

Comme chez beaucoup d’autres animaux, cette solidarité s’exerce préférentiellement entre individus fortement apparentés, c’est-à-dire proches génétiquement. Il est en effet très rare qu’un loup étranger soit accepté dans une meute. De même, chaque famille défend âprement un territoire contre les convoitises des loups voisins. L’entraide reste donc intra-muros. Comme si les loups appliquaient l’adage : « Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés. »

Louveteau - Coopération, ces animaux s'allient pour chasser ou se protéger des prédateurs
© Fabien Bruggmann

40 %

C’est la proportion de louveteaux survivants après une année dans la meute. Un bon score en comparaison d’autres animaux, atteint grâce à la protection de tout le groupe familial.

Lampion protecteur

Dans l’océan Pacifique, un duo improbable se protège mutuellement. Un petit calmar sort la nuit pour chasser près de la surface. Il dispose alors d’un éclairage produit, sur sa face ventrale, par des bactéries luminescentes qui ont colonisé des glandes du mollusque dès son plus jeune âge. Grâce à cette lumière de même intensité que le clair de lune, le mollusque devient invisible pour les prédateurs qui nagent en dessous. A la fin de la nuit, le calmar expulse 95 % de ses bactéries et la lumière s’éteint. Celles restantes se multiplient durant la journée en puisant dans les ressources nutritives de leur hôte… histoire de le protéger quelques heures plus tard.

Calamar - Coopération, ces animaux s'allient pour chasser ou se protéger des prédateurs
© Doug Perrine / naturepl.fr

Prince consort

Parfois, le parasitisme de couvée pratiqué par les oiseaux de la famille du coucou gris peut s’avérer bénéfique à l’hôte. Ainsi, quand un poussin coucou geai, un pique-assiette qui opère dans le sud de la France, se retrouve parachuté dans un nid de corneille noire, il assure la sécurité de ses frères d’infortune. Lorsqu’un prédateur attaque le nid, il défèque une substance noire corrosive et malodorante, particulièrement efficace pour repousser les mammifères prédateurs. De plus, les coucous geais ne sont pas des parents si indignes. Surveillant leurs rejetons à distance, ils sont prêts à défendre le nid adoptif.

Corneille qui nourrit un poussin coucou geai - Coopération, ces animaux s'allient pour chasser ou se protéger des prédateurs
© Robert Sigl

Promiscuité interactive

Le grèbe à cou noir et la guifette moustac nichent tous deux en colonies dans des nids flottants construits au milieu d’étangs. Belliqueuse, la guifette attaque tout prédateur potentiel. Dès qu’elle donne l’alarme, le grèbe plonge se cacher après avoir recouvert ses œufs de quelques plantes. C’est d’ailleurs du fond de l’eau que cet excellent pêcheur ramène les végétaux constituant son nid. La guifette vient lui voler des débris de feuilles et de tiges pour bâtir le sien, à quelques mètres. Pour le grèbe, c’est le prix à payer pour être informé de l’éminence d’un danger.

Guifette moustac et grèbe à cou noir - Coopération, ces animaux s'allient pour chasser ou se protéger des prédateurs
© Hellio - Van Ingen

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L’union fait la vie

Couverture de La Salamandre n°275

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 275  Avril - Mai, article initialement paru sous le titre "Gagner en confiance"
Catégorie

Sciences

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