© Paulo de Oliveira / Biosphoto

Cet article fait partie du dossier

Raies, les ailes de la mer

Torpilles, des raies électriques

Véritables batteries vivantes, les torpilles sont des raies capables d’infliger un puissant choc électrique pour se défendre ou chasser. Gare aux imprudents !

Véritables batteries vivantes, les torpilles sont des raies capables d’infliger un puissant choc électrique pour se défendre ou chasser. Gare aux imprudents !

L’électricité et l’eau font rarement bon ménage. Mais les torpilles, apprenties sorcières sous-marines, ont trouvé un avantage à mélanger ces deux ingrédients à risque. Ces raies très spéciales produisent des décharges autour d’elles pour se défendre, mais aussi pour assommer leurs proies avant de les consommer. Incroyable, la fée électricité comme partenaire de chasse ! Cette aptitude serait apparue tardivement chez les torpilles.

Ce groupe est probablement issu d’une lignée très ancienne car la queue et les nageoires caudales servent encore beaucoup à la locomotion, comme chez les poissons non plats. Mais voilà, les fossiles ne confirment pas pour l’instant cette hypothèse : le plus vieil ancêtre connu, l’immense Eotorpedo aux 5 m d’envergure n’est vieux que de 57 millions d’années, un jeunot par rapport aux autres raies.

Revenons à nos torpilles actuelles. Comment font-elles pour se transformer en véritables piles aquatiques ? C’est à l’avant des ailes que ça se passe : on y trouve deux organes en forme de rein, constitués de centaines de colonnes rangées à la manière de rayons de miel dans un couvain d’abeilles. Chaque colonne est un empilement d’électrocytes, des cellules musculaires modifiées où se propagent des mouvements d’ions chargés négativement ou positivement. La polarisation cumulée qui en résulte peut aboutir à un courant de forte intensité. L’électrochoc est volontaire, commandé par le cerveau via la moelle épinière aux organes générateurs.

Les eaux européennes comptent trois espèces capables de générer des décharges éléctriques. La plus grande, la torpille noire, peut atteindre 1,80 m de long et provoquer des décharges de 230 volts et 30 ampères ! La torpille marbrée est deux fois plus petite, tandis que la torpille ocellée ne dépasse pas 60 cm. Depuis quelques années, une quatrième espèce, la torpille auréolée, a immigré en Méditerranée depuis la mer Rouge via le canal de Suez.

Piles rechargeables

L’électricité serait apparue chez les poissons il y a 150 ou 200 millions d’années. Poissons-couteaux d’Amérique, poissons-chats d’Afrique, raies, anguilles… les chercheurs ont comparé les organes électriques de six contemporaines. Surprise : bien qu’ayant évolué de manière indépendante au fond des océans ou dans des rivières équatoriales, toutes ont développé la même boîte à outils génétique et les mêmes types d’organes pour produire du courant. Une convergence spectaculaire dans le monde animal.

Organes mobilisés dans la décharge électrique d’une raie torpille

Chargement

Cerveau

Electroplaque

Moelle épinière

Structure en colonnes

Nerfs

© Cyril Girard

Les décharges électriques des raies (ici une torpille noire) ont pu être utilisées autrefois comme traitement thérapeutique contre l’épilepsie. Les Romains utilisaient également cette capacité pour traiter les rhumatismes. Prédatrice chassant à l’affût, la torpille ocellée se pose sur le fond à une profondeur entre 2 et 70 m. Elle y attend les soles, gobies, rougets et autres petits poissons qu’elle électrocute.

Raie torpille noire
© Fred Bavendam / NPL

Electroménager

Une torpille découverte en 2007 en Afrique du Sud porte le nom original d’Electrolux addisoni. La référence à une célèbre marque d’aspirateur évoque la physiologie électrique de cette raie mais surtout sa capacité surprenante à aspirer ses proies d’un soudain effet de succion.

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Raies, les ailes de la mer

Couverture de La Salamandre n°270

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 270  Juin - Juillet 2022, article initialement paru sous le titre "Ampères en mer"
Catégorie

Sciences

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