Les œufs anguleux des raies communes
Chez les raies communes, les embryons grandissent dans des capsules aux allures de carapaces. Petit tour à la plage où l’on peut trouver ces œufs étranges.
Chez les raies communes, les embryons grandissent dans des capsules aux allures de carapaces. Petit tour à la plage où l’on peut trouver ces œufs étranges.
Dans plus de neuf cas sur dix, la naissance d’un poisson est le fruit d’une incroyable loterie. Largué puis fécondé en pleine eau avec des centaines, voire des milliers, de ses semblables, un œuf miraculeusement ni détruit ni mangé se transformera en alevin minuscule tout aussi vulnérable. Les raies ont choisi une autre voie pour donner la vie : fécondation interne, faible nombre d’embryons et meilleure protection en bas âge. Une stratégie également possible en pondant des œufs. Les raies communes comme les raies brunettes, lisses ou bouclées ont en effet choisi l’oviparité. Elles déposent quelques dizaines d’œufs très spéciaux sur les fonds marins.
Ces capsules – c’est le nom qu’on leur donne –, plutôt rectangulaires et aplaties, sont prolongées de quatre cornes griffues et tentaculaires. A l’intérieur de chaque petit vaisseau sous-marin, un embryon se développe, protégé par de solides parois multicouches en collagène. Une robustesse qui n’empêche pas certains échanges chimiques indispensables entre la gangue gélatineuse à l’intérieur et l’eau de mer à l’extérieur. Ainsi, un bébé raie brunette parfaitement formé éclôt après environ sept mois. Il est autonome et mesure 13 cm. Sa coquille cornue, entrouverte et allégée, divague alors au gré des courants marins. Tôt ou tard, elle finira sur une plage, échouée parmi les laisses de mer.
Comme autant de bouteilles porteuses d’un message, chaque capsule abandonnée raconte une histoire naturelle. La forme bien reconnaissable de chaque raie (> dessin) fournit souvent le seul indice de reproduction d’une espèce. Les biologistes ont très vite vu l’opportunité de collecter ces trésors avec l’aide du grand public. Quand la chasse aux œufs devient science participative !
Scoop échoué
Le 10 février 2022, la découverte d’un reste d’œuf de raie de grande taille sur la plage de Pénestin (Morbihan) émeut la communauté scientifique et les passionnés de faune marine. Cette capsule provient d’un grand pocheteau, une espèce en danger critique d’extinction qui n’avait jamais fourni un tel indice de présence sur les côtes françaises.
Pâques à la plage
Le programme de sciences participatives CapOeRa, coordonné par l’Association pour l’étude et la conservation des sélaciens (APECS), a permis de récolter 731 311 capsules (œufs) de raies entre 2005 et 2017. Les trois espèces les plus fréquentes parmi les dix identifiées sont la raie brunette (70 %), la raie bouclée (25 %) et la raie lisse (2,7 %).
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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