© Benoît Renevey

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Vous avez dit lézard ?

L’orvet n’est pas un serpent mais un lézard sans patte

Sous ses faux airs de serpent, l’orvet appartient bel et bien au groupe des lézards. Rencontre avec une créature apode des plus inoffensives.

Sous ses faux airs de serpent, l’orvet appartient bel et bien au groupe des lézards. Rencontre avec une créature apode des plus inoffensives.

Dans un petit froissement, les feuilles mortes se mettent à bouger, laissant apparaître un animal d’une quarantaine de centimètres qui rampe lentement dans la litière. Ni ver de terre ni serpent, guère plus large qu’un doigt, d’un aspect luisant et de coloration marron-gris… Aucun doute, c’est un orvet fragile. Certains détails le distinguent à coup sûr des serpents. Il peut fermer les yeux grâce à ses paupières mobiles, alors que les vipères ou les couleuvres en sont dépourvues. De plus, ses petites écailles sont semblables sur tout le corps, il ne possède pas de larges écailles ventrales.

Mais qui dit fragile ne veut pas forcément dire pacifique. Les mâles rivaux se battent violemment d’avril à juin, les morsures infligées pouvant provoquer d’importantes cicatrices. Ils font aussi usage de leurs mâchoires pour saisir la tête des femelles durant l’accouplement qui peut durer une vingtaine d’heures. Face à des méthodes aussi brutales, on comprend que les femelles ne se reproduisent généralement qu’une année sur deux.

Cet animal semi-fouisseur s’enterre pour échapper au froid et aux fortes chaleurs. Il peut aller jusqu’à 1,5 m de profondeur ! C’est pourquoi il recherche les sols meubles, plus propices pour creuser. Il utilise aussi les galeries existantes comme celles des fourmilières ou des rongeurs. Hôte commun des jardins, l’orvet est un grand consommateur de vers de terre, de limaces et de larves en tout genre. Pas très exigeant, il se contentera d’une simple bûche ou même d’une plaque artificielle au contact du sol pour hiverner, seul ou en groupe. Sur les sites les plus favorables, on compte jusqu’à un millier d’individus par hectare.

L’orvet fragile aurait-il un jumeau ? De récentes études ont mis en lumière l’existence d’une espèce génétiquement distincte en Europe de l’Ouest : l’orvet de Vérone. Présent en Italie et au Tessin, il a aussi été identifié en Provence. Mais aucun critère ne permet de différencier facilement sur le terrain cette espèce méridionale.

Papy blue

Durant la saison chaude, les mâles âgés peuvent présenter quelques écailles bleues, plus ou moins marquées, sur le dos ou les flancs.

L'orvet n'est pas un serpent mais un lézard sans-pattes
© Jacques Kunzler

Serpent de verre

Comme d’autres lézards, l’orvet peut pratiquer l’autotomie, autrement dit laisser tomber sa queue pour échapper aux prédateurs, d’où son appellation de fragile et son surnom de serpent de verre. Mieux vaut donc éviter de l’attraper, au risque de le voir se délester d’une partie de son corps. Ce serait un handicap pour lui car sa queue se régénère à peine, laissant place à un petit moignon.

L'orvet n'est pas un serpent mais un lézard sans-pattes
© Benoît Renevey

Pattes vestigiales

Présent dans le quart sud de la France et en Charente-Maritime, le seps strié possède de toutes petites pattes, terminées par trois doigts. Lorsqu’il se déplace en rampant, il les plaque dans un petit renfoncement de son flanc. Comme l’orvet, ce reptile est vivipare et sensible au froid. Malgré leur ressemblance, il n’appartient pourtant pas à la même famille.

Seps strié reptile avec des petites pattes
© Matthieu Berroneau
Alix Michon Chargée de mission herpétologie, LPO Franche-Comté Besançon (F).
Alix Michon Chargée de mission herpétologie, LPO Franche-Comté Besançon (F).

Au secours d’un grand timide

Pourquoi voit-on si peu l’orvet ?

Ce lézard serpentiforme se déplace essentiellement à couvert, enfoui dans les herbes hautes et les feuilles mortes pour éviter tout risque de prédation mais aussi de trop grandes amplitudes thermiques.

Vos conseils pour le protéger ou l’attirer dans son jardin ?

Il faut des abris nombreux ainsi que des proies abondantes : escargots, limaces, lombrics… Je peux vous conseiller de tondre peu souvent et partiellement entre mars et octobre, en maintenant des secteurs de végétation haute d’au moins 10 cm, de bannir insecticides et anti-limaces chimiques, de disposer des tas de pierres, de feuilles ou de bois. Et enfin de parquer les poules si vous en avez.

Installez un solarium pour orvets dans votre jardin.

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C’est le nombre d’années qu’a vécu un orvet fragile en captivité. Dans la nature, cet animal peut atteindre une vingtaine d’années, exceptionnellement 30.

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Couverture de La Salamandre n°264

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 264  Juin-Juillet 2021, article initialement paru sous le titre "Le sans-pattes"
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