Lézard des souches, un reptile méconnu qui se raréfie
Taille intermédiaire, robe discrète, le lézard des souches est un roi du camouflage. Ce bel animal qui se raréfie mérite notre attention.
Taille intermédiaire, robe discrète, le lézard des souches est un roi du camouflage. Ce bel animal qui se raréfie mérite notre attention.
Quel est donc ce saurien vigoureux aux bandes vert vif ? Un peu trop massif et coloré pour un lézard des murailles. Et en même temps, avec sa bande brune sur le dos et sa taille réduite, ce ne peut pas être un lézard vert. Bingo : vous avez sous les yeux un magnifique mâle de lézard des souches, aussi appelé lézard agile.
Pour espérer apercevoir cet animal discret mais peu craintif, scrutez les zones de végétation clairsemée en fin de matinée, à l’orée des bois, en bord de vignoble, dans une carrière ou une friche. Lors des journées les plus chaudes, il préférera les sites ombragés.
Sous son air placide, le mâle se transforme en bagarreur violent pendant la période de reproduction. Pas question qu’un congénère aborde la femelle une fois l’accouplement terminé. Il reste donc à proximité de celle-ci durant plusieurs jours pour éloigner tout adversaire qui s’en approcherait. Une façon de s’assurer que c’est bien lui qui aura fécondé les œufs et que son patrimoine génétique sera transmis.
Le lézard des souches est très sensible aux perturbations car ses populations sont de petite taille et de faible densité. Ses effectifs sont en diminution à cause notamment de la fragmentation de ses habitats de prédilection. Présent sur les deux tiers nord de la Suisse, il est classé vulnérable sur la Liste rouge nationale des reptiles. En France où il est quasi menacé, vous ne le trouverez pas sur la façade ouest ou au sud de la Provence.
Selon Pro Natura, les prairies sèches qu’il affectionne particulièrement auraient vu leur surface chuter de 90 % entre 1950 et 2010 en Suisse. Faute de mieux, il lui arrive de fréquenter les jardins ou les espaces verts, à condition qu’ils soient peu entretenus.
Un siècle de déclin
En Angleterre où l’espèce est très localisée, un net déclin des populations a été observé dès 1930, notamment à cause de la destruction des habitats dunaires.
Spécial montagne
Endémique de la partie orientale des Pyrénées, la sous-espèce garzoni est isolée géographiquement du reste de l’aire de répartition du lézard des souches. On la trouve exclusivement entre 1 400 et 2 250 m d’altitude.
Des gîtes pour l’agile
Que faites-vous pour aider ce lézard ?
Entre 2017 et 2020, nous avons revalorisé 25 sites agricoles ou forestiers dans le Gros-de-Vaud en y aménageant des tas de grosses pierres et de bois ou en plantant des haies. Des forestiers, agriculteurs et gestionnaires d’espaces naturels ont été formés à la création et à l’entretien de ces refuges qui serviront de site d’hibernation, de place d’ensoleillement, d’abri temporaire ou de site de ponte aux lézards.
Comment avez-vous choisi ces endroits ?
Le lézard agile ayant une capacité de dispersion limitée à environ 200 m, nous avons ciblé les secteurs où il est déjà présent. En rendant ces habitats plus propices et en créant des connexions, l’objectif est de redynamiser les populations car on constate un recul marqué de l’espèce dans le canton de Vaud.
Et ça fonctionne ?
Absolument, on a rapidement pu observer des lézards utilisant ces structures ! De plus, elles profitent à d’autres reptiles, à certains amphibiens et aux oiseaux insectivores qui y trouvent de nombreuses proies. Elles sont également profitables à l’hermine et à la belette que ce projet vise aussi à favoriser.
100 jours
C’est la durée d’incubation maximale pour une ponte de lézard agile dans des conditions défavorables. En revanche, les œufs peuvent éclore en seulement un mois s’il fait suffisamment chaud.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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