Lézard vivipare, le reptile hors-norme
Il recherche l’humidité, marche dans la neige et ne pond pas forcément d’œufs. Voici le lézard vivipare, un reptile qui ne fait rien comme les autres.
Il recherche l’humidité, marche dans la neige et ne pond pas forcément d’œufs. Voici le lézard vivipare, un reptile qui ne fait rien comme les autres.
Qui a dit que les reptiles craignaient le froid et habitaient les endroits secs ? Eh bien il existe une belle exception à cette règle : le lézard vivipare peut survivre même si la température de son corps descend en dessous de 0 °C. Ce champion des conditions extrêmes est présent de l’Irlande jusqu’aux confins de la Russie, à plus de 9 000 km de là. C’est l’un des reptiles qui possède la plus grande aire de répartition au monde. Et c’est aussi le lézard le plus nordique, qui se plaît dans la toundra jusqu’au nord du cercle polaire. Un véritable exploit pour un animal incapable de produire sa propre chaleur corporelle.
Son originalité ne s’arrête pas là, car les femelles peuvent soit mettre bas de jeunes lézards entièrement formés, soit pondre des œufs. Pourquoi une telle singularité ? Pour s’adapter au climat local, tout simplement ! Dans les sites les plus froids, le sol n’est pas chaud suffisamment longtemps pour permettre l’incubation des œufs. Ce sont donc les femelles gestantes qui, en s’exposant au soleil, assurent le bon développement des embryons dans leur ventre. A l’inverse, dans le sud de son aire de répartition – autour des Pyrénées et à l’est de l’arc alpin – c’est l’oviparité qui est de mise. Cette stratégie moins exigeante en eau permettrait de mieux supporter un climat sec. Dans ce cas, deux pontes successives peuvent avoir lieu en une saison grâce à une période d’activité plus longue.
Le lézard vivipare est le seul représentant de sa famille à cumuler deux stratégies de reproduction. Les gènes qui font pencher la balance entre oviparité et viviparité sont peu nombreux, ce qui permet ces adaptations géographiques bien utiles.
Pas territorial pour un sou, ce lézard peut se concentrer par centaines d’individus sur un seul hectare d’habitat favorable : prairie humide, forêt fraîche riche en bois mort, tourbière ou encore bord de ruisseau. Autant d’endroits où l’on ne s’attendrait pas forcément à rencontrer des reptiles en grand nombre. Une dernière particularité, ce saurien décidément hors norme sait nager !
Super détecteur
Le lézard vivipare a un talent particulièrement développé pour détecter des substances chimiques. Ce sens, nommé chimioréception, permet notamment aux reptiles d’identifier le sexe de leurs semblables grâce aux phéromones qu’ils diffusent. C’est aussi un avantage pour repérer les molécules odorantes libérées par les proies et prédateurs potentiels. Celles-ci sont captées par une langue fourchue puis déposées sur le palais, au niveau de l’organe de Jacobson où elles sont analysées.
Chauffage solaire
Certains lézards vivipares sont tout noirs. Cette mutation génétique appelée mélanisme est plus fréquente en altitude et dans les régions froides, car les individus sombres se réchauffent plus rapidement. Ils peuvent donc consacrer davantage de temps à la recherche de nourriture ou à la reproduction.
Risque de surchauffe !
Pourquoi le lézard vivipare a-t-il besoin de milieux humides ?
Ce lézard subit des pertes hydriques plus importantes que les autres reptiles, il n’est donc pas adapté aux environnements trop secs. Un accès à l’eau limité lors de la gestation peut compromettre le développement, voire la survie, des nouveau-nés.
Ce lézard doit-il craindre le réchauffement ?
La menace principale que fait peser le dérèglement des températures et des précipitations sur cette espèce, c’est la raréfaction de ses habitats de prédilection, notamment des zones humides. De plus, ce lézard a besoin de températures basses durant la nuit pour que son métabolisme ralentisse.
Peut-il s’adapter au bouleversement de ses conditions de vie ?
Pendant les périodes trop chaudes ou sèches, il peut s’enterrer ou se mettre à l’abri sous une souche. En revanche, ce reptile se déplace rarement au-delà de quelques centaines de mètres, ce qui limite sa capacité à rejoindre des milieux où les conditions de températures et d’humidité seraient plus favorables.
2 900 m
C’est l’altitude maximale atteinte par le lézard vivipare en Asie. Dans les Alpes, il atteint 2 500 m et jusqu’à 2 300 m dans les Pyrénées. A la sortie de son hibernation, il n’est pas rare de le voir se déplacer sur la neige.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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