Les plus vieux arbres de la planète
Les Ents sont les créatures les plus vénérables de l'univers de Tolkien. Pacifiques et résistants, ils vivent loin des hommes pour se préserver. Tout comme ces arbres de par le monde qui ont vu passer plusieurs millénaires.
Les Ents sont les créatures les plus vénérables de l'univers de Tolkien. Pacifiques et résistants, ils vivent loin des hommes pour se préserver. Tout comme ces arbres de par le monde qui ont vu passer plusieurs millénaires.
Le temps a peu d'emprise sur ceux que l'écrivain J. R. R. Tolkien appelle les Ents dans son roman Le Seigneur des Anneaux. Ce peuple millénaire, mi-hommes mi-arbres, a pour mission de protéger les habitants de la forêt. Forts et sages, ils préfèrent rester en marge des affaires du monde, mais peuvent se muer en redoutables guerriers en cas de danger. Des patriarches bienfaisants, la nature en compte aussi. Pas forcément des chênes qui n'atteignent qu'exceptionnellement cinq siècles. Non, les arbres parmi les plus anciens de la planète sont tous des résineux. Ils poussent en altitude et prennent racine dans des pierriers inhospitaliers. Véritables pionniers, ils ouvrent la voie à d'autres espèces en leur préparant le terrain. Chez les gardiens de l'arc alpin que sont les mélèzes, les aînés ont plus de 1 000 ans. En Suisse, c'est le cas par exemple du patriarche d'Hittuwald qui domine Simplon-Village en Valais ou, en France, des doyens de la vallée des Merveilles, dans le massif du Mercantour.
Selon les dendrochronologues, cette impressionnante longévité s'expliquerait par des adaptations à la rudesse du milieu. Primo, le mélèze perd ses aiguilles en hiver, de sorte à offrir le moins de prises possible au vent et à la neige. Secundo, son bois extrêmement résineux le préserve du froid, des insectes et de la plupart des champignons. Si un coléoptère à l'instar du scolyte tente de l'attaquer, il s'englue dans ce liquide poisseux. Tertio, l'arbre se prémunit des rayons solaires, très agressifs en montagne, grâce à une écorce épaisse de 30 à 40 cm sur sa face orientée plein sud. Quarto, plus un mélèze pousse en altitude, moins il subit d'attaques de parasites, la plupart du temps favorisées par des étés longs et chauds. Voilà pourquoi les très vieux arbres se situent au plus haut de leur aire de répartition, au-dessus de 2 000 m.
Enfin, la stratégie la plus efficace du mélèze, c'est de pousser le plus loin possible de l'homme, à l'image des Ents. En effet, partout où il était facile d'accès, l'arbre a été exploité pour sa résine et son bois des plus solides, indispensable aux constructions. Aujourd'hui hélas, la démocratisation des sports de montagne met en danger certains de ces sanctuaires. Des géants sont parfois enlevés des pistes de ski sans être remplacés. Si rien n'est entrepris pour permettre leur régénération, les vieux sages risquent de disparaître des sommets qu'ils ont si durement colonisés au fil des siècles.
Une vie qui s'écoule sur un millier d'années, c'est tout bonnement stupéfiant ! Et pourtant, vous n'avez encore rien vu. Car d'autres végétaux font encore plus fort…
Vieux comme Mathusalem, doyen des pins de Bristlecone
Quelque 4 850 ans. C'est l'âge approximatif du plus vieil arbre vivant de la planète, hors catégorie clonale. Ce record est détenu depuis 1964 par un pin de Bristlecone baptisé Mathusalem en référence au personnage de l'Ancien Testament, mort à 969 ans. Le résineux est toujours perché à 3 300 m dans les White Mountains de Californie. L'endroit exact est tenu secret pour éviter l'afflux de curieux qui pourraient l'endommager.
Le chêne ultra-résistant grâce à ses gênes
De récentes recherches révèlent deux aspects étonnants du processus de vieillissement du chêne. L'arbre met en place un arsenal de gènes de résistance particulièrement riche et diversifié lui permettant de faire face tout au long de sa vie aux champignons, aux insectes et aux maladies. Et puis, en comparant les génomes d’échantillons prélevés au bout de plusieurs branches d’âges différents, les chercheurs ont constaté un nombre très faible de mutations apparues au cours du temps. Ils ont aussi montré que ces mutations pouvaient être transmises à la descendance. Reste à savoir si cette diversification par l'âge pourrait être un avantage pour les futurs jeunes arbres.
Des genévriers de Phénicien millénaire
Le genévrier de Phénicie est un coriace. A l'image du mélèze, cette essence répandue sur le pourtour méditerranéen se développe dans des situations écologiques extrêmes et joue les bonsaïs pionniers sur des corniches, des rochers maritimes ou les garrigues les plus inhospitalières. Des chercheurs marseillais ont récemment découvert des individus âgés de 1 300 ans ayant échappé aux incendies de forêt récurrents du sud de la France. C'est précisément leur position en falaise qui les a préservés.
En vidéo : La Minute Nature (N°51) Mélèze, arbre de lumière
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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