Comment le hérisson se met-il en boule ?

Qui s’y frotte s’y pique… Et rares sont les téméraires à oser s’y frotter ! La cuirasse épineuse du hérisson et sa capacité à se mettre en boule constituent l’un des systèmes défensifs les plus élaborés chez les mammifères terrestres. Même d’autres animaux qui ne manquent pas de piquants – l’échidné d’Australie, le porc-épic ou certaines souris africaines – ne sont pas aussi aboutis.

Des milliers de poignards

Un hérisson possède entre 3 500 et 7 500 piquants érectiles, selon qu’il s’agit d’un jeune à peine sevré ou d’un gros mâle. Ces aiguillons sont en fait des poils améliorés, composés de kératine. Ils mesurent entre 2 et 3 cm de long pour 1,5 mm de diamètre, sont ancrés dans la peau et poussent par groupe de trois, chacun orienté dans une direction différente.

Si leur base est épaisse, leur sommet est très effilé et pointu, ce qui leur permet de se loger dans un museau menaçant. L’épine est creuse pour rester légère tout en étant consolidée par un réseau de cannelures qui empêchent les déformations. La durée de vie d’un piquant ne dépasse pas un an et demi. Passé ce délai, il tombe et un autre le remplace. Cette mue progressive permet au petit soldat de ne jamais se retrouver sans défense. D’ordinaire, l’animal coiffe ses pics vers l’arrière. Mais s’il prend peur, il les hérisse façon rangées de lances acérées. Et si cela ne suffit pas, il se retranche dans sa forteresse d’épines.

Ennemis jurés

Le hérisson ne craint véritablement que deux chasseurs nocturnes : le blaireau et le hibou grand-duc. Le premier parvient à introduire ses longues griffes dans l’unique orifice de la carapace d’épingles, avant de la peler comme une banane. Des études montrent que dans les zones où le mustélidé prospère, le hérisson se fait plus rare. De son côté, le grand-duc utilise ses serres et son bec pour arracher la peau épineuse. Des paillassons vides retrouvés dans une aire ou au pied d’une falaise témoignent d’ailleurs de la présence du rapace.

Et le renard qui retournerait les hérissons et leur urinerait sur le ventre pour les obliger à se dérouler ? Une légende ! En revanche, certains goupils profitent de l’inexpérience des jeunes ou parviennent à attraper un adulte avant qu’il ne se mette en boule. Il arrive aussi qu’un rat, une marte ou une fouine profite du sommeil du piqueux pour l’attaquer. Mais en général, le bouclier fonctionne parfaitement et voici comment…

Les niveaux d’alerte d'un hérisson menacé

Lorsqu’un hérisson perçoit une menace lointaine, sa première réaction est de détaler pour se réfugier sous la végétation.

S’il est trop tard, il s’immobilise, se colle au sol et commence à hérisser ses piquants. Yeux, truffe et oreilles restent aux aguets.

L’intrus s’approche ? La toison d’épines se referme, ne laissant dépasser que le museau et les pattes avant. Cet état décourage un renard.

Dernier recours en cas d’agression physique, la mise en boule se déclenche en moins d’un centième de seconde. Elle repousse la plupart des prédateurs.

Comment le hérisson se met-il en boule ?

1 Revêtir le casque La toison de piquants est rattachée à des muscles qui ceinturent le hérisson. Le muscle frontal s’active en premier. Il fait s’abaisser la peau garnie d’aiguillons de l’arrière de la tête vers le front. 2 Mobiliser les abdos Les abdominaux se contractent pour ramener simultanément l’enveloppe d’épines sur les flancs, l’avant et l’arrière du corps de l’animal.

3 Faire preuve de souplesse En même temps, le hérisson se recroqueville en tirant son museau vers son arrière-train. Ce repli des pattes, de la queue et de la tête confère à ce contorsionniste une silhouette sphérique. 4 L’affaire est dans le sac Le puissant muscle en forme d’anneau entourant l’animal se resserre et la cuirasse se referme sur lui, un peu comme si on tirait les ficelles d’un sac à dos en toile. La peau élastique facilite l’enroulement.

5 Orienter les lances et attendre Une fois la boule formée, seul un trou laisse poindre la truffe. Et pour empêcher qu’une patte ou une gueule n’atteigne ce point faible, le muscle en anneau maintient sa contraction, laissant le reste du corps se détendre. Une économie d’énergie qui permet de garder cette position des heures durant. La peau, tendue au maximum, assure seule l’érection des piquants.

Au garde-à-vous

Mécaniquement, le piquant peut passer d’une position couchée à dressée grâce au bulbe pileux situé à sa base. Il fait office de pivot, mais aussi d’amortisseur lors d’un choc ou d’une chute. Quant au mouvement de redressement, il est commandé par l’animal. Il contracte un grand muscle peaucier, une sorte de calotte sur toute la surface de son dos. Celui-ci stimule à son tour une multitude de petits muscles horripilateurs, reliés à chaque bulbe, qui provoquent le hérissement des piquants. C’est la même logique que la chair de poule, sauf que l’érection des pics est volontaire.