© Cyril Ruoso

Cet article fait partie du dossier

Hérisson mon héros

Dans quels milieux le hérisson d’Europe vit-il ?

Entre les campagnes devenues hostiles et le béton qui s’étend, les refuges du hérisson se réduisent comme peau de chagrin.

Entre les campagnes devenues hostiles et le béton qui s’étend, les refuges du hérisson se réduisent comme peau de chagrin.

Sa capacité à s’adapter facilement a permis au hérisson de s’installer dans toute l’Europe occidentale. De la garrigue méditerranéenne aux côtes norvégiennes. A l’origine, Erinaceus europaeus se limitait aux clairières et lisières des forêts qui ont recouvert le continent à la fin des glaciations. Puis, là où les humains ont abattu les arbres pour leurs cultures et pâturages enserrés de haies protectrices, les hérissons se sont multipliés. L’animal a profité de l’essor de l’agriculture traditionnelle qui lui offrait à la fois des terrains de chasse ouverts et des cachettes toutes proches.

Mais dès les années 1950, les cultures se sont peu à peu élargies et les cordons de verdure ont été détruits pour permettre le passage de machines agricoles toujours plus larges. Pis, on s’est mis à pulvériser toutes sortes de pesticides aussi mortels pour le hérisson que pour ses proies. Plusieurs études réalisées outre-Manche montrent que les populations de hérissons ont diminué de 75 % dans les campagnes en moins de vingt ans. Si bien qu’aujourd’hui, en Grande-Bretagne comme ici, le petit mammifère ne subsiste plus qu’aux abords des habitations.

La débrouille citadine

Dans certaines villes et banlieues en revanche, le hérisson semble se maintenir. Mais pour combien de temps ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le piqueux n’a pas conquis les cités, ce sont elles qui ont poussé autour de lui, l’obligeant à se retrancher dans les squares, jardins et friches urbaines. Et si ces sanctuaires lui ont laissé un bref répit jusqu’au début du siècle, certains d’entre eux sont désormais menacés par les nouvelles politiques de densification du bâti. Une pratique louable mais qui grignote peu à peu les espaces verts citadins.

Les effets de cette tendance se font déjà sentir. Toujours en Grande-Bretagne, les villes ont vu leurs populations de hérissons baisser de 30 % depuis la fin des années 1990. Une autre étude fait état d’une réduction de 39 % de l’aire de distribution de l’espèce en ville de Zurich entre 1993 et 2018. Il est donc important de limiter la disparition de la nature en ville, mais aussi d’encourager les municipalités à aménager les parcs publics avec une végétation diversifiée et structurée tout en les connectant entre eux par des corridors de haies et de buissons.

© Base carte : google map

Solitaire sans attache

Le hérisson ne s’approprie pas de territoire précis en le marquant, comme le castor. En revanche, il défend un espace vital où il ne tolère aucun congénère. Son étendue varie selon les individus. Une femelle a besoin d’une zone de 0,1 à 0,2 km2, tandis qu’un mâle vise plutôt 0,32 à 0,5 km2. Certains casaniers arpentent toute leur vie les mêmes jardins ou bosquets, alors que d’autres vadrouillent en permanence. Même si ces solitaires prennent soin de s’éviter hors période d’accouplement, plusieurs espaces vitaux (en couleur sur la carte ci-contre) se chevauchent et s’entrecroisent inévitablement. Les face-à-face se soldent au mieux par des grognements dissuasifs et au pire par une bagarre.

Le hipster

Vous aimez vivre loin des prédateurs, vous cacher sous des haies ornementales et longer des murs. Côté restauration, vous finissez volontiers les restes de cuisines sur le compost et les croquettes du chat. Pas de doute, vous faites partie des 16 à 300 hérissons au km2 à squatter les parcs urbains et les jardins de banlieue. Et comme vous bénéficiez d’une nourriture en libre accès toute l’année, profitez de températures clémentes et d’un éclairage constant, vous n’avez plus besoin de dormir tout l’hiver. L’hibernation, c’est passé de mode !

Le traditionnel

© Niall Benvie /Naturepl.fr

Les prairies naturelles où pullulent encore plein d’insectes, ça vous branche ? Dans ce cas les bocages et lisières sont faits pour vous, comme pour les 21 à 70 piqueux par km2 qui y élisent domicile. Malheureusement, ces lieux de rêve disparaissent, malgré les efforts pour replanter des haies dans les campagnes.

Le citadin

© Sabena Jane Blackbird / Alamy

Vous vous accommodez tant bien que mal du béton. Vous tirez parti du peu de verdure à disposition pour y construire votre nid, rencontrer l’amour et élever vos enfants. Vous trouvez de quoi manger, mais vivez dangereusement au contact des voitures. Vous êtes parmi les 4 à 6 intrépides par km2 à survivre dans l’ambiance rude et stressante du centre-ville.

Le forestier

© Cyril Ruoso

Vos terrains de chasse se limitent à des clairières forestières. Vous évitez les plantations de résineux où il est impossible de trouver des feuilles mortes, essentielles à votre abri. Vous êtes l’un des 2 à 3,5 hérissons au km2 à habiter le cœur des forêts. En automne toutefois, vous êtes rejoint par de nombreux semblables venus passer l’hiver.

Le survivant

© Zoonar GmbH / Alamy

Les énormes parcelles en monoculture de l’agriculture moderne ne garantissent ni pitance ni abri et encore moins la santé. Il ne reste que peu d’animaux et de plantes sauvages dans ces déserts biologiques. Pourtant vous vous maintenez ici, comme 0 à 7,6 hérissons par km2. A quand le déménagement ?

Vous savez maintenant où trouver le hérisson, apprenez à le pister avec notre livre J'observe les mammifères.

Un manuel compact et richement illustré pour préparer ses sorties, mieux comprendre et partager ses observations. La mammalogie pour tous !

Cet article fait partie du dossier

Hérisson mon héros

Couverture de La Salamandre n°257

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 257  Avril - Mai 2020, article initialement paru sous le titre "Hérisson cherche logis"
Catégorie

Photos

Vos commentaires

Réagir

Pour commenter sans créer de compte, il vous suffit de cliquer dans la case « nom » puis de cocher la case « je préfère publier en tant qu’invité ».

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Salamandre newsletter
Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur