© Olivier Born

Cet article fait partie du dossier

Les émois du chamois

L’heureux retour du chamois en Europe

Les chamois colonisent l’Europe, sont décimés par la chasse puis regagnent le terrain perdu. Une histoire en trois temps.

Les chamois colonisent l’Europe, sont décimés par la chasse puis regagnent le terrain perdu. Une histoire en trois temps.

Les origines du chamois remontent au miocène, voilà environ 15 millions d’années. Son lointain ancêtre ? Une espèce de gazelle asiatique disparue il y a longtemps, qui serait l’aïeule de plusieurs animaux particulièrement bien adaptés à la vie en altitude. Outre le chamois, citons le goral et la takin himalayens ou les serow asiatiques. A partir d’Asie centrale, les ancêtres des isards sont arrivés en Europe il y a environ 200 000 ans, se réfugiant dans les péninsules ibérique et italienne à chaque maximum glaciaire. Il y a 80 000 ans, une seconde vague d’immigrants nous a amené les chamois au sens strict. Cette nouvelle souche s’est éparpillée dans les différents massifs au gré des fluctuations climatiques, formant sept sous-­espèces.

Chamois : histoire de sa disparition et son retour en Europe
Gravure préhistorique de chamois sur un galet retrouvée dans l’abri sous-roche de la Colombière-près-Poncin (Ain). / © commons.wikimedia.org

Très longtemps, le chamois des Alpes a vécu dans un certain équilibre avec ses prédateurs, loups, lynx et aigles. Puis la chasse pratiquée par nos ancêtres le fait disparaître de Provence, du Jura, du Massif central, des Vosges… Durant la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle, l’usage des armes à feu provoque finalement une chute dramatique des effectifs alpins. Plus méfiant que le bouquetin, le chamois résiste en faible effectif sur les sommets les plus escarpés. Mais il aurait frôlé la disparition totale en France dans les années 1930.

Heureusement, après la Seconde Guerre mondiale, un élan d’introductions, de réintroductions et de programmes de renforcement des populations rescapées permet la reconstitution de ses effectifs tout comme de son aire de répartition historique.

Dans le massif du Jura, quelques chamois revenus spontanément depuis les Alpes avaient été observés sur les deux versants suisse et français. Une petite population s’était même spontanément installée sur le mont d’Or. Entre 1950 et 1962, la Suisse relâche 84 individus dans presque tous les cantons jurassiens pour regarnir l’ensemble de la chaîne. En France, les premiers lâchers – provenant de la Forêt-Noire – ont lieu dans les Vosges en 1956. D’autres secteurs sont peu à peu repeuplés aux quatre coins des Alpes. Et enfin le Massif central en 1978 avec 45 individus.

Actuellement, on estime à environ 500 000 le nombre de Rupicapra rupicapra dans les Alpes et les massifs avoisinants, dont 90 000 en Suisse, 80 000 en France et pas moins de 180 000 en Autriche. Réjouissant retour en force pour ce superbe animal.

Chamois du bout du monde

En 1907, un premier lâcher de chamois eut lieu au sud de la Nouvelle-Zélande. Rapidement ces bêtes se dispersèrent sur des dizaines de kilomètres. Trente ans plus tard, les effectifs avoisinaient le millier de têtes et au début des années 2000, on en dénombrait 18 000. Cette croissance exponentielle s’explique à la fois par l’absence de prédateurs naturels et par une riche nourriture disponible. Evidemment, de nombreuses espèces locales pâtirent de ce boom. Des campagnes d’abattage sont pratiquées pour tenter de rééquilibrer l’écosystème. Le chamois a aussi été introduit en République tchèque et en Slovaquie. Quant aux introductions opérées en Argentine et en Norvège, elles ont échoué, ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose pour la faune locale.

Cet article fait partie du dossier

Les émois du chamois

Couverture de La Salamandre n°261

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 261  Décembre 2020 - Janvier 2021, article initialement paru sous le titre "Un heureux retour"
Catégorie

Photos

Vos commentaires

Réagir

Pour commenter sans créer de compte, il vous suffit de cliquer dans la case « nom » puis de cocher la case « je préfère publier en tant qu’invité ».

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur