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Au fil des saisons, ou comment redécouvrir votre sentier préféré…
Septembre, le sentier revêt ses couleurs d’automne
Jeudi 27 septembre, départ à 7 h, 9 °C - Ciel gris, bruine d’automne, odeur de terre mouillée. Qui croiserons-nous ce matin au coin du bois ?
Jeudi 27 septembre, départ à 7 h, 9 °C - Ciel gris, bruine d’automne, odeur de terre mouillée. Qui croiserons-nous ce matin au coin du bois ?
Il est là, tout petit, caché dans les broussailles. Il vocalise en tremblant d’excitation, enchaînant les trilles impérieux sous la pluie. Depuis une ou deux semaines, sensible au raccourcissement des jours, le troglodyte chante à nouveau. Patiente un peu, souris de plumes, le printemps est encore loin.
Effets de rouille
Temps gris, ciel bouché. On croit le soleil compagnon indispensable au jaillissement des couleurs. Quelle erreur ! Ce matin, nous allons nous en mettre plein les yeux. Car septembre marque de manière décisive le déclin de la chlorophylle. Les feuilles sont fatiguées, après des mois de résistance contre la pourriture, les chenilles mineuses, les galles de toutes sortes. La rouille marque progressivement d’orange, de rouge et de noir la verdure usée. Avec cette palette de couleurs chaudes, le vent compose sur le sol un tapis mordoré, humide à souhait, futur terreau grâce au travail invisible des collemboles, des cloportes et des lombrics qui vont mâcher et recycler les déchets de l’automne.
Ces fantaisies multicolores annoncent le temps des fruits, lourdes grappes vermeilles de la viorne qui font ployer les rameaux, groseilles de la bourdaine qui virent si joliment du rouge au noir à maturité, baies du sureau allongées par un million de gouttelettes brillantes, prunes miniatures de l’épine noire et bonnets roses et orange du fusain… Nous goûtons des yeux à ces beautés prometteuses, pour nous astringentes, acides, voire franchement toxiques. Soudain deux ailes rapides : l’épervier surgit toujours par surprise. Des corneilles le suivent. Il se pose sur le merisier. Il a déjà disparu.
Sangliers et grenouilles
Dans l’herbe détrempée, c’est la fête à la grenouille. D’abord une grosse verte, puis une autre, minuscule, que je prends dans ma main, bijou parfait, lisse, brillant, immobile. Plus loin, en lisière du bois sauvage, les grenouilles rousses chassent dans les colchiques. A quelques mètres de là, au bord du champ de maïs, la terre est puissamment labourée : chaumes pliés, épis arrachés. Les sangliers sont venus se servir. Irrésistibles, ces gourmandises imprudemment plantées en lisière.
A la cressonnière, les angéliques vacillent les unes après les autres. Leurs tiges couleur rhubarbe s’effondrent, laissant choir une profusion de graines noircissantes, ailées et aplaties. En allant saluer la rivière, nous rencontrons tout un cortège de jeunes amanites et de lactaires, personnages eux aussi colorés qui surgissent à travers les feuilles mortes.
En rentrant, on croise un chasseur à la lisière du bois. Ses compagnons ne sont pas loin. Le paysan a dû leur dire, pour le maïs.
Belles pour les oiseaux
Pourquoi tant d’arbres et d’arbustes produisent-ils des fruits si appétissants ? Pour attirer les oiseaux, qui disperseront les graines via leurs fientes.
La plante gagne à ce que ces cadeaux intéressés se voient de loin. Non seulement le rouge, le noir ou le bleu sont des couleurs très visibles, mais en plus, contrairement aux feuilles, les baies réfléchissent fortement les UV visibles pour les oiseaux. Elles leur sautent pratiquement aux yeux ! Quant au changement de couleur de beaucoup de fruits durant leur maturation, il indiquerait le bon moment pour se servir.
Juste ce qu'il faut
Les plantes suivent de près les besoins de leurs associés. Les fruits d’été contiennent peu de lipides, mais beaucoup d’eau pour les rafraîchir. Ensuite, plus on va vers l’automne et l’hiver, plus leur valeur nutritive augmente. Une véritable aubaine au moment où les oiseaux doivent faire des réserves pour migrer ou survivre à la saison froide.
Chaque espèce exploite cette ressource à sa manière. Le rougegorge gobe les baies en faisant de très brefs vols sur place, la fauvette aux ailes plus longues, incapable d’aussi fulgurantes manœuvres, préfère se nourrir posée. Enfin, si beaucoup de ces gourmandises sont toxiques pour nous, c’est peut-être tout simplement qu’elles ne nous sont pas destinées.
Un couleur qui a le don d'attirer l'attention, c'est le rouge. Découvrez comment avec notre article.
Retrouvez tous les articles du dossier : Le sentier des douze matins.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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