Carabes, vers luisants et autres prédateurs d’escargots
Malgré leur coquille, les escargots ont de nombreux ennemis. Grives, hérissons, taupes… et surtout quatre redoutables coléoptères noctambules.
Malgré leur coquille, les escargots ont de nombreux ennemis. Grives, hérissons, taupes… et surtout quatre redoutables coléoptères noctambules.
Le carabe doré
Il ne sait pas voler, mais cela ne le gêne pas. Carabus auratus est un sportif qui passe ses nuits à arpenter la campagne avec ses longues pattes, antennes tendues et mandibules ouvertes. Son cou fin et sa tête allongée révèlent son menu. Ce carabe aux somptueux reflets métallisés est un tueur de mollusques qui n'hésite pas à glisser ses mandibules dans la coquille des plus gros escargots. Sa technique est simple. Deux couteaux tranchants comme des rasoirs hachent les chairs de sa proie tandis que sa bouche déverse un mélange de sucs digestifs et d'anesthésiants toxiques. Le mollusque se défend en se recroquevillant au fond de sa coquille et en produisant un nuage de bulles de bave. Peine perdue. Quand il a épuisé ses réserves de mucus, le coléoptère l'achève, le prédigère et aspire finalement ses chairs liquéfiées.
Le petit silphe noir
Phosphuga atrata est un insecte discret qui passe toute la journée caché sous des écorces. Mais au crépuscule, il sort de sa cachette. Son odorat extrêmement développé le met vite sur la piste d'un mollusque. Une fois qu'il a rattrapé une proie, il joue à l'auto-stoppeur en grimpant sur sa coquille. L'escargot a beau secouer sa maisonnette dans tous les sens, il ne parvient généralement pas à désarçonner l'assaillant qui plante ses mandibules dans son cou en pulvérisant un fluide toxique. Repli d'urgence dans la coquille, rideau de bave mousseuse… Le silphe continue ses morsures et finit par rentrer son fin museau dans la spirale pour achever et liquéfier sa proie.
Le ver luisant
Lampyris noctiluca est connu pour la jolie lumière verte que le gros abdomen de la femelle dépourvue d'ailes émet durant deux ou trois semaines. Deux fois plus petit, le mâle est comme elle incapable de se nourrir à l'état adulte. Vivant sur ses réserves, il vole de nuit de prairie en talus, écarquillant ses deux yeux hypertrophiés à la recherche d'un petit lampion. Hélas, il est de plus en plus souvent dérouté par nos éclairages artificiels. Quant à la larve de ce coléoptère, c'est une longue bête aplatie qui chasse les escargots en grimpant dessus avant de le mordre et de le dévorer jusqu'au fond de sa coquille. Deux ans et cinq mues sont nécessaires à ce prédateur vif et vorace pour acquérir une taille définitive et se métamorphoser en adulte.
Le drile jaunâtre
Petit et mobile, Monsieur Drilus flavescens est un joli coléoptère sans histoires qui vole de mi-mai à mi-juin. Ses antennes en forme de peigne captent le parfum d'une femelle pour lui permettre de remonter la piste odorante jusqu'à sa source. Lourde et bourrée d'œufs, Madame est une bête obèse trois ou quatre fois plus grosse, si différente du mâle qu'on l'a longtemps prise pour un autre animal. D'ailleurs, il est exceptionnel qu'on la voie : toute sa vie, elle squatte des coquilles qu'elle a vidées de ses occupants. La larve femelle ressemble à une chenille poilue. Quand elle croise un gastéropode, elle monte sur sa coquille et la parcourt dans tous les sens. Si la maisonnette lui paraît de bonne taille, elle la transporte à couvert puis tue et dévore son propriétaire avant de se réfugier à l'intérieur. Après environ 40 jours de digestion, elle grandit en muant puis part à la recherche d'un autre mollusque adapté à son nouveau gabarit. Deux ou trois ans et quelques meurtres plus tard, la grosse drile se métamorphose en adulte. Hop ! Un peu de parfum dispersé au loin et la voilà qui se fait courtiser par un tout petit mâle…
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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