Pourquoi et comment l’araignée tisse-t-elle sa soie ?
L’une des plus grandes astuces de l’araignée est son fil de soie. Piège, parapente ou tissu, c’est un véritable produit miracle.
L’une des plus grandes astuces de l’araignée est son fil de soie. Piège, parapente ou tissu, c’est un véritable produit miracle.
Trois fois plus résistante que le Kevlar, mais tout à la fois élastique, légère, douce, brillante, biodégradable… la soie de l’araignée cumule tant de qualités dans un fil 30 à 50 fois plus fin qu’un cheveu ! Pas étonnant que ce produit miracle n’a jusqu’ici jamais pu être imité. Pas même par le célèbre ver à soie, star de la haute couture. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce fil magique ne sert pas uniquement à confectionner des toiles. Il est à l’origine d’une ribambelle d’usages et sa confection mobilise un tiers de l’abdomen de l’araignée.
Dès leurs premiers jours, les jeunes produisent des fils pour se déplacer à la façon de Tarzan, voire carrément s’envoler comme avec un parapente. En grandissant, les araignées dites à toile, comme l’agélène par exemple, préparent des pièges redoutables dans lesquels se prennent de délicieux insectes. Celles qui chassent à vue ou en errant construisent des abris soyeux sous des feuilles, des troncs ou des cailloux. Avant de passer à table, certaines saucissonnent leurs victimes dans des pelotes. Et tant d’autres usages encore : cadeaux nuptiaux, cocons douillets pour les bébés…
Dingue, tout ça avec un même cordage ? Eh non, chaque usage nécessite un fil bien particulier. Ingrédients et dosage sont adaptés en fonction. Comment ça marche ? Tout d’abord, les différents types de soies sont mitonnés à partir de protéines et stockés à l’état liquide dans des marmites séparées : les glandes séricigènes. Ces mixtures ne se solidifient pour devenir des fils que lorsque l’animal en a besoin. Pour ce faire, celui-ci augmente la pression interne de son hémolymphe – l’équivalent de notre sang – ce qui pousse les fluides dans d’étroits canaux vers les filières, les métiers à tisser de l’araignée. Plein de filaments jaillissent ensuite par les fusules, sortes de minuscules poches à douilles mobiles que la tisseuse peut orienter à sa guise. Imaginez des dizaines de spaghettis en spray !
Le tissage peut alors commencer. Certains ouvrages, comme la toile géométrique, demandent plusieurs types de fils. C’est même le cas de la plus classique, celle de l’épeire diadème, qui mobilise cinq recettes différentes ! Les fils du cadre et des rayons doivent être solides, ceux de la spirale plutôt élastiques pour retenir les proies et l’ensemble doit être assez souple pour accompagner les mouvements du vent. La soie que cette même araignée utilise pour créer son cocon demande des qualités encore tout autres. L’araignée a vraiment plus d’un fils à son arc !
Fils à tout faire
Filaments de soie sortant des fusules orientables, situées au bout des filières. (Grossi 470 fois)
Abri
Pour élaborer sa loge, l’épeire de velours sécrète une soie élastique et imperméable.
Sécurité
Stable et rigide, le cordage suit l’araignée dans tous ses déplacements et est fixé au substrat à intervalles réguliers. Il assure par exemple la descente en rappel de cette épeire à quatre points.
Emmaillotage
Les araignées comme l’épeire diadème emballent leurs proies dans une soie étirable et résistante.
Déplacement
Fin, stable et rigide, le filin permet aux aventurières de jouer les funambules ou d’être emportées par le vent comme s’y prépare cette jeune araignée-crabe.
Adhésif
Les spirales des toiles géométriques sont bardées de gouttelettes collantes pour encore plus d’efficacité.
Rayon et cadre
Stables et rigides, les fils du gabarit des toiles (géométriques ou non) supportent toute la structure. Ce sont les mêmes que les fils de sécurité.
Cocon
Fines, douces et élastiques à l’intérieur de l’abri, fermes et isolantes à l’extérieur, les diverses soies de la veuve noire méditerranéenne protègent efficacement ses nouveau-nés.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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