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Rouge, la reine des couleurs

Le rouge, du danger aux faux semblants

Comment certains insectes exhibent le rouge ou le noir au lieu de se cacher. Parce qu’ils sont poison, ou qu’ils font semblant de l’être...

Comment certains insectes exhibent le rouge ou le noir au lieu de se cacher. Parce qu’ils sont poison, ou qu’ils font semblant de l’être...

De grands papillons peu farouches volent avec nonchalance de fleur en fleur. Rouge et noir ! Si intensément colorés, si faciles à attraper que le naturaliste anglais Henry Bates, arrivé en Amazonie en 1848, en récolte des milliers. Comment ces insectes spectaculaires arrivent-ils à survivre dans une forêt truffée de prédateurs alors qu’un simple entomologiste peut en capturer des dizaines en un jour ?

Gavés de poison

Dans la jungle, beaucoup d’animaux se cachent pour survivre. A l’inverse, les magnifiques Heliconius amazoniens font tout pour être vus. Pourquoi ? Bates fut le premier à le comprendre. Les chenilles de ces papillons se nourrissent de plantes toxiques. Une fois adultes, les Heliconius sont amers et même dangereux pour les oiseaux. Leur livrée étincelante est un avertissement. S’il survit, le prédateur malchanceux aura appris à ne plus s’y laisser prendre.

Heliconius amazonien papillon toxique
Un Heliconius amazonien / © Thomas Bresson

La ruse des mimes

Bates découvrit que d’autres papillons très semblables, également colorés, sont en réalité inoffensifs. Ces imposteurs se font passer pour des Heliconius et bénéficient par conséquent de la même protection. Dans ce qu’on appelle le mimétisme batésien en souvenir du savant anglais, il y a toujours un modèle toxique violemment coloré, un mime inoffensif qui lui ressemble parfois comme deux gouttes d’eau et enfin le prédateur trompé par cette ressemblance. On a retrouvé de tels trios chez de nombreux insectes, mais aussi des serpents, des grenouilles ainsi que des poissons et des invertébrés coralliens.

Le jaune et le noir

Chez nous, loin des tropiques exubérants, des insectes se défendent de la même manière. Le cas le plus connu est sans doute celui des guêpes. Leur jaune vif avertit du danger que constitue leur dard empoisonné. Mais cette coloration est également un ingénieux moyen de stocker à la surface de leur corps des déchets à base d’urée et donc de s’en débarrasser.

D’autres insectes désarmés, mouches, papillons ou coléoptères, imitent le contraste jaune noir et même la forme des guêpes presque à la perfection. Ils profitent ainsi, eux aussi, de l’effet dissuasif.

Coccinelles

Les coccinelles amères ou toxiques sont imitées par d’autres insectes, parfaitement digestes. On appelle ça le mimétisme batésien.

Cercope sanguin rouge
Cercope sanguin / © Gilbert Hayoz

Anti-oiseaux

Côté rouge et noir, le signal est moins visible pour les autres insectes mais optimal vis-à-vis des oiseaux. Plus le message est clair, mieux cela marche. De nombreuses punaises amères ou toxiques jouent avec des motifs extrêmement visibles, comme les pyrrhocores, aussi appelés suisses ou gendarmes, abondants dans les jardins. La livrée des coccinelles remplit le même but. Dans ce cas, on connaît une galerie complète de coléoptères imitateurs inoffensifs qui vont jusqu’à arborer, eux aussi, des points noirs sur fond rouge ou l’inverse.

Enfin, au bord de nos chemins, les papillons zygènes imprégnés d’un poison parmi les plus dangereux au monde volent avec la même mollesse confiante que les grands Heliconius tropicaux.

Punaises !

Nombreuses sont les punaises rouge et noir amères ou toxiques. La convergence du même signal avertisseur chez différents animaux renforce l’effet dissuasif. Un oiseau aura d’autant plus de chances d’associer ce modèle à une nourriture indigeste et de s’en souvenir. Cette collaboration colorée s’appelle mimétisme mullérien.

Zygène de la filipendule rouge
Zygène de la filipendule / © Joël Héras

Zygène

Chez la zygène de la filipendule, tout est toxique, de l’œuf à l’adulte en passant par la chenille. Ce papillon au vol lent paraît une proie facile mais, une fois attrapé par un oiseau, il dégage instantanément par les articulations de ses pattes des gouttelettes d’acide cyanhydrique. Ce violent poison stocké par le papillon sous une forme inactive ne provient pas des plantes dont il se nourrit mais serait synthétisé par l’insecte lui-même.

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Couverture de La Salamandre n°189

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 189  Décembre 2008 - Janvier 2009, article initialement paru sous le titre "Danger et faux semblants"
Catégorie

Sciences

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