Rougegorge, bel antidote à l’éco-anxiété

Au réveil, il y avait de quoi cafarder en écoutant les nouvelles à la radio. Alors je suis allé prendre l’air. Au moment d’arriver en lisière, un miracle s’est produit. Un passereau perché en haut d’une viorne a commencé à tressaillir du poitrail en ouvrant tout grand le bec. Une rivière de notes flûtées m’est arrivée droit au cœur. C’était un rougegorge frémissant, un simple petit rougegorge de rien du tout…

Aussitôt m’est revenue à l’esprit une citation attribuée à Paul Claudel que m’a envoyée un lecteur il y a quelque temps : « On croyait que tout était perdu, et soudain un rougegorge s’est mis à chanter. » Depuis que je l’ai découverte, cette phrase m’accompagne jour après jour. Ce mantra positif symbolise la puissance du contact avec la nature comme antidote aux angoisses de notre époque.

A qui prend le temps, à qui ouvre son âme, la nature offre mille joies quotidiennes. Ces joies sont à déguster dans l’instant présent, comme le rire d’un enfant. Elles nous ramènent à l’essentiel, au rythme des saisons, au ballet du soleil et de la lune, au cycle de la vie et de la mort, aux équilibres naturels. Ces joies cicatrisent nos blessures d’humains apprentis sorciers. Elles nous donnent la force et le courage d’espérer encore un monde meilleur.

Ce matin-là, une strophe de rougegorge a suffi à sauver ma journée. Je vous souhaite à tous de pareils cadeaux de la vie. C’est gratuit et à consommer sans modération. Avec pour seul effet secondaire connu un sourire au coin des lèvres.

Retrouvez les autres éditos de Julien Perrot dans la revue Salamandre.