© Denis Clavreul

Cet article fait partie du dossier

Sa Majesté des cimes, l’aigle royal

Pas de couronne pour l’aigle héritier

L'apprentissage est court pour le futur aigle roi. Pas plus d'une saison de leçons privées avant le bannissement. Le prince se cherchera un trône ailleurs.

L'apprentissage est court pour le futur aigle roi. Pas plus d'une saison de leçons privées avant le bannissement. Le prince se cherchera un trône ailleurs.

Pas de couronne pour l'aigle héritier

L'été a enfin pris ses marques en haute montagne. Les chamois broutent dans les pelouses alpines constellées d'edelweiss et de gentianes. Sans même observer les merveilles botaniques de l'alpe, l'aigle juvénile commence son instruction de tueur en série. Ses premiers envols s'apparentent à une chute irrégulière tout juste freinée par les ailes. Il lui faudra voler longtemps dans le sillage de ses parents pour apprendre leurs astuces de vol et de chasse.
Pendant quelques semaines, le jeune passe son temps perché sur une saillie inaccessible aux prédateurs terrestres. Il glatit à n'en plus finir pour attirer ses géniteurs, qui le nourrissent encore. Les vols sont courts et maladroits , d'un éperon rocheux à une branche de pin, toujours non loin de l'aire. L'aiglon a des excuses : ses rémiges, les grandes plumes essentielles au vol, ne sont pas encore totalement développées. Parfois, il décolle mal et se rattrape quelques mètres plus loin dans un arbre, dans un impensable désordre de plumes.

Pas de couronne pour l'aigle héritier
Aigle juvénile s'entraînant à voler / © Denis Clavreul

Liberté s'écrit avec deux ailes

Petit à petit, l'immature prend confiance et maîtrise rémiges, queue et courants. Les premiers vols planés, de quelques minutes seulement, lui permettent de s'éloigner pour la première fois du lieu de sa naissance. L'exploration commence, un monde s'ouvre à lui. Les longues journées ensoleillées de fin d'été sont idéales pour affiner la technique et apprivoiser les thermiques.
Deux mois après l'envol, premières tentatives de chasse. Piqués peu coordonnés et imprécis, proies mal choisies, le résultat est en général médiocre. Son inexpérience peut lui valoir de tâter les canines d'un renard énervé ou les cornes d'un chamois trop gros pour lui. La faim rend hardi.

Pas de couronne pour l'aigle héritier
Le jeune aigle fait des pauses entre deux vols maladroits. / © Denis Clavreul

Carton rouge

Vers la fin octobre, ses premières attaques réussies lui confèrent plus d'indépendance. En général, ce sont des proies affaiblies par l'âge ou blessées. Graduellement, les parents le nourrissent moins. Avec la saison qui avance, les proies se font plus rares. Pour ses parents, qui ressentent à nouveau les pulsions de la reproduction, il est clairement devenu de trop.
Un jour de novembre, le jeune aigle dépasse les limites. Par exemple en faisant échouer pour la énième fois une tentative de chasse de ses géniteurs. Ou en se mettant à festonner avec eux comme s'il faisait partie du couple... Trop, c'est trop ! L'un des adultes l'attaque, serres fermées. Il ne s'agit pas de le blesser. L'avertissement est clair. Le jeune vire brusquement, frôle la crête puis disparaît à l'horizon. L'époque des jeux et des becquées est révolue. Il est temps pour lui d'errer.

Pas de couronne pour l'aigle héritier
Quelques silhouettes d'aigles en vol / © Denis Clavreul

Lentement mais sûrement

A l'image d'autres prédateurs, l'aigle a une longue durée de vie mais une descendance peu nombreuse. En 20 ans, un couple ne produit qu'une douzaine de jeunes à l'envol. Seuls trois d'entre eux parviendront à l'âge adulte. Juste assez pour remplacer le couple reproducteur et produire un individu supplémentaire qui pourra coloniser de nouveaux territoires ou remplacer un disparu. Les populations d' Aquila chrysaetos sont ainsi souvent très stables ou soumises à de lentes évolutions. Les pertes d'effectifs – maladies, dérangements dus à l'homme – nécessitent beaucoup de temps pour être compensées.

Cet article fait partie du dossier

Sa Majesté des cimes, l’aigle royal

Couverture de La Salamandre n°215

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 215  Avril - Mai 2013
Catégorie

Dessins Nature

Vos commentaires

Réagir

Pour commenter sans créer de compte, il vous suffit de cliquer dans la case « nom » puis de cocher la case « je préfère publier en tant qu’invité ».

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur