© Fabrice Cahez

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Le cincle, cascadeur des rivières

Un premier plongeon glacé pour les poussins du cincle

Après les avoir bercés de son chant, la rivière leur donne un premier bain. Mais le plongeon des poussins dans l’eau glacée est plutôt brutal.

Après les avoir bercés de son chant, la rivière leur donne un premier bain. Mais le plongeon des poussins dans l’eau glacée est plutôt brutal.

Cloîtrés depuis trois semaines dans leur loft moussu, les jeunes cincles commencent à se sentir à l’étroit. Eux aussi voudraient battre des ailes au-dessus de l’eau. C’est à celui qui se montrera le plus hardi.
Un nourrissage vient d’avoir lieu. L’adulte est reparti. L’excitation est à son comble. A la sortie du nid, un jeune téméraire a pris position. Il trépigne d’impatience. « J’y vais ? j’y vais pas ? » Ses longues pattes s’agrippent aux débris de mousse, son corps se trémousse et se balance d’avant en arrière. Voici venu le moment de couper le cordon.

Un…

Le poussin se jette à l’eau avec une audace qui frise l’inconscience. Sa chute ne dure que le temps d’un soupir. Un soupir de surprise qui plonge en toute innocence dans le courant de la vie.
D’abord se laisser dériver, puis s’agripper au premier obstacle venu. Se hisser dessus puis se cacher, se sécher, récupérer de ses émotions. Attendre ensuite que ses ailes et sa queue finissent de pousser pour pouvoir enfin bien voler. Car la particularité de ce jeune oiseau, c’est qu’il sait plonger et nager avant même d’emprunter la voie des airs.

Deux…

Un deuxième téméraire se présente sur le plongeoir, hésite quelques secondes puis se jette dans le vide. Plouf ! Disparaît puis remonte aussitôt, emporté par les flots. Sauve qui peut ! La manœuvre est désespérée, mais l’accostage réussi : le voici au sec.
Les trois derniers de la nichée ont suivi le spectacle du haut de leur balcon. Ils s’égosillent en battant des ailes, d’autant que leurs parents doivent se démultiplier entre tous les lieux de nourrissage. Partout des becs s’ouvrent et des estomacs réclament.

... Trois !

Lassé d’attendre son tour, le troisième larron se lance dans l’aventure, bien vite suivi du quatrième. Et toujours cette même scène surréaliste d’un fétu de plumes à la dérive. Pour le cinquième, il faudra attendre un peu. C’est sûrement le dernier de la nichée…
S’ils ne se cachent pas suffisamment, ces oisillons bavards ne feront pas de vieux os. Pendant les premiers jours, leurs parents les nourriront tout au long du ruisseau. Ensuite, ils devront s’émanciper et au bout d’un mois partir à la recherche d’un autre territoire.
Si l’eau de la rivière coule toujours et que les proies abondent, le couple se sent à nouveau pousser des ailes. Il lance dans la foulée une seconde nichée, bien souvent dans le même nid, parfois seulement 5 à 6 jours après l’envol de la première. Il y en a qui ont de la suite dans les idées…

Sédentaire et terminus

Où vont aller les jeunes cincles intrépides ? Quelle est leur espérance de vie ? Premières réponses.

Chez les cincles, les premières pontes sont déposées de mi-février déjà en plaine jusqu’à fin mai en montagne. Depuis quelques années d’ailleurs, conséquence inattendue des changements climatiques, ces dates sont de plus en plus précoces.
Les plus tardifs, issus d’une seconde nichée, s’envolent à la mi-juillet. Après avoir conquis leur indépendance, ils vont s’éparpiller en suivant les chemins d’eau des ruisseaux. Cette dispersion intervient le plus souvent dans un rayon assez faible, tout au plus 10 à 20 kilomètres. En France, le record est de 90 km entre la Creuse et la Corrèze : pas de doute, les cincles sont des sédentaires pure souche.
Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle à l’âge d’un an. Mais tous n’y parviendront pas et de loin, car la mortalité est très forte, tout particulièrement durant les premières semaines hors du nid. L’espérance de vie moyenne des cincles est de deux ans et demi seulement, avec des records isolés de 10 ans pour quelques individus bagués.

Découvrez la suite du dossier sur le cincle plongeur.

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Le cincle, cascadeur des rivières

Couverture de La Salamandre n°166

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 166  Février - Mars 2005, article initialement paru sous le titre "Chute libre"
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