Teysachaux, balade sur la montagne fleurie
Vallons humides et falaises abruptes se côtoient au-dessus des Paccots, dans les Préalpes fribourgeoises à Teysachaux. En avant pour une immersion végétale à flanc de montagne.
Vallons humides et falaises abruptes se côtoient au-dessus des Paccots, dans les Préalpes fribourgeoises à Teysachaux. En avant pour une immersion végétale à flanc de montagne.
De larges feuilles de pétasite bordent le sentier. S’y mêlent ici de grandes orties, là du chénopode Bon-Henri. Tout est vert ! Bien que nous soyons au cœur de l’été, la nature ne semble pas souffrir de la chaleur.
Entourée de cette flore exubérante, je chemine avec Yann Fragnière, botaniste habitué du secteur. Soudain, il s’arrête, le regard comme magnétisé. « C’est une bardane tomenteuse !, s’exclame-t-il en m’indiquant une tige de près de 1,50 m de haut. On n’en voit pas souvent, mais c’est le genre d’environnement que cette plante apprécie. »
Les pieds dans l’eau
Yann m’a emmenée dans ce coin des Préalpes fribourgeoises car la diversité végétale y est très importante. « La région est bien arrosée », explique le collaborateur scientifique du Jardin botanique de l’Université de Fribourg. Cela favorise cette flore foisonnante, appelée mégaphorbiaie. D’ailleurs, cette abondance en eau se reflète dans le nom que les anciens ont donné à l’endroit : les Paccots. En patois, ce terme désigne un sol marécageux.
Nous arrivons en dessous de La Pudze, où une gravière désaffectée s’est transformée en étang. « Ces zones artificielles, une fois abandonnées, deviennent de précieux biotopes », s’enthousiasme Yann, qui repère aussitôt des feuilles de potamots à la surface de l’eau. Aujourd’hui, il ne reste plus beaucoup de traces de l’activité humaine qui a donné naissance à cette oasis. Têtards, gerris, notonectes et autres petits animaux s’ébattent parmi les végétaux aquatiques. Sur les berges, le botaniste identifie la lysimaque ponctuée qui porte d’élégantes corolles jaune vif. « Cette plante fait partie des primulacées, comme les primevères », révèle Yann, coauteur de deux livres consacrés à la reconnaissance des plantes et de leurs familles.
L’étoile bleue de Teysachaux
Petit à petit, nous prenons de la hauteur. Parfois, le cri grinçant d’un cassenoix moucheté retentit au-dessus de nous. Puis un détour du sentier nous révèle une vue magnifique sur les montagnes environnantes. Au loin, nous apercevons le Léman.
Le sommet de Teysachaux nous surplombe. Sur ses flancs pousse par endroits l’impressionnant panicaut des Alpes. Ses inflorescences de couleurs bleu argenté et améthyste sont fascinantes, surtout lorsqu’un rayon de soleil vient les caresser. « Le Jardin botanique de l’Université de Fribourg a lancé une action de sauvetage de cette espèce menacée, en collaboration avec le canton de Fribourg et Pro Natura », signale Yann Fragnière. En 2018, une centaine de jeunes pousses ont été plantées sur les hauts des Paccots. L’opération est une réussite. Mais rien n’est gagné pour cette plante vulnérable qui a beaucoup souffert de la cueillette et du pâturage intensif malgré sa protection nationale.
La conquête du pin
Encore plus haut, sur les crêtes abruptes et rocheuses, la cime arrondie d’un résineux se détache sur le ciel bleu. « On dirait que l’arbre se dresse et lève les bras en l’air. Cette silhouette est typique : c’est celle de l’arolle », m’explique mon guide. Mais que fait ce pin emblématique du Valais au cœur des montagnes fribourgeoises ? « Il est présent naturellement dans certaines régions des Préalpes, comme dans la forêt du Lapé, en Gruyère. Mais ce n’est probablement pas le cas ici. Cette essence a beaucoup été plantée entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle à différents endroits, car elle résiste aux climats extrêmes », poursuit-il. Dans un extrait des comptes rendus du Conseil d’Etat fribourgeois de 1901, on peut lire qu’il était prévu d’introduire 8 000 de ces arbres à Teysachaux.
« Suite au défrichement et à la surexploitation de la forêt, il y a eu, à l’époque, une prise de conscience de la nécessité de reboiser le territoire suisse. A l’origine, ces plantations avaient pour but de lutter contre les avalanches, les crues et les glissements de terrain, mais aussi de produire du bois de chauffage et de construction. » Depuis, les arolles se sont intégrés aux milieux naturels. Au grand bonheur des cassenoix qui se régalent de leurs pignons !
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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