© Quentin Martinez

La photo par amour des anoures

Grenouilles, crapauds et autres anoures passionnent Quentin Martinez qui les photographie depuis 15 ans. Suivons-le pour une soirée avec les rainettes.

Grenouilles, crapauds et autres anoures passionnent Quentin Martinez qui les photographie depuis 15 ans. Suivons-le pour une soirée avec les rainettes.

L’hiver semble déjà loin sur le pourtour méditerranéen. J’attends depuis plusieurs jours les conditions idéales pour visiter une mare temporaire proche de chez moi. Ce soir, tous les paramètres sont réunis : l’air est humide suite à une averse, le vent s’est calmé et nous sommes déjà en pleine période des amours pour plusieurs amphibiens du sud de la France.

Les crapauds communs sont parmi les premiers à quitter leur gîte hivernal pour rejoindre les sites de reproduction. En route pour le point d’eau à la tombée de la nuit, j’aide plusieurs d’entre eux à passer de l’autre côté de la chaussée. Certaines femelles sont ralenties par des mâles entreprenants, bien agrippés à leur dos.

Quentin Martinez, photographe de grenouilles, crapauds et autres anoures
Traversée périlleuse pour ce couple de crapauds communs / © Quentin Martinez

C’est presque insignifiant de sauver quelques individus sur cette voie fréquentée. Heureusement, des associations et de plus en plus de communes mettent en place des crapauducs. Ces dispositifs permettent aux animaux de traverser en toute sécurité. Car, je le constate tous les jours, l’urbanisation et les axes routiers sont un calvaire pour le déplacement de la faune. La migration des amphibiens devient un véritable parcours du combattant.

Les nuits sont encore fraîches, mais la petite mare foisonne déjà de vie : rainettes, crapauds, tritons, pélodytes et pélobates y ont convergé pour se reproduire. Les sujets sont si nombreux qu’il est difficile de choisir lequel photographier !

Quentin Martinez, photographe de grenouilles, crapauds et autres anoures
Accouplement subaquatique de crapauds communs / © Quentin Martinez

Je commence par faire quelques images au bord de l’eau en prenant garde à mon matériel, car j’ai noyé un de mes premiers appareils photo dans ces conditions ! Surtout, je m’assure de ne pas écraser un amphibien ou des pontes. J’évite aussi de piétiner la végétation fragile de cette zone humide en pleine garrigue.

Quentin Martinez, photographe de grenouilles, crapauds et autres anoures
Pélobate cultripède / © Quentin Martinez

Finalement, je décide de reculer de quelques mètres pour utiliser le téléobjectif. Je peux commander à distance les trois flashs avec diffuseurs installés sur des trépieds. Cela permet de mettre en valeur l’environnement végétal et offre à la scène un éclairage original.

Je me focalise sur les rainettes dont le concert, plutôt agréable au départ, commence à me casser les oreilles ! Voilà un premier mâle qui chante dans mon champ de vision. Je fais la mise au point à la lueur de ma lampe frontale. Mince ! Au moment précis où il apparaît net dans le viseur de mon boîtier, il disparaît, chassé par un crapaud un peu agité. Le second est dans une position idéale, mais une tige passe juste devant son œil. Heureusement, j’ai l’embarras du choix car les rainettes sont présentes par dizaines. Je finis par trouver un individu qui répond à tous les critères pour la photo que j’avais en tête, avec le sac vocal bien gonflé.

Mission réussie ! Je rassemble le matériel que je prendrai soin de nettoyer avec de la javel diluée pour éviter la propagation de parasites tels que le champignon chytride. Il est temps de m’éclipser et de rendre leur intimité à ces animaux fascinants.

Croas-tu me séduire ?

Les anoures, amphibiens dépourvus de queue au stade adulte, communiquent par des vocalises pour séduire des partenaires, marquer leur territoire ou signaler un danger. Les mâles de certaines espèces possèdent un ou deux sacs vocaux qui amplifient
le chant en formant une caisse de résonance. Chez la rainette, la couleur de cet organe joue aussi un rôle dans le choix du mâle. Un individu dont le sac vocal est orange intense a ainsi plus de chance de charmer une femelle !

Pommes de rainettes

Quentin Martinez, photographe de grenouilles, crapauds et autres anoures
Rainette méridionale / © Quentin Martinez

La rainette méridionale se reconnaît à la courte bande brune qui relie sa narine à la base de sa patte avant. En France, elle se cantonne dans le tiers sud du pays. Elle est remplacée plus au nord par la rainette verte et en Corse par la rainette sarde. En Suisse, on ne rencontre que la rainette verte, menacée sur le Plateau, et la rainette d’Italie, au Tessin.

Quentin Martinez, photographe de grenouilles, crapauds et autres anoures

Quentin Martinez

Doctorant en biologie à Montpellier, Quentin Martinez effectue des missions de terrain aux quatre coins du monde pour ses recherches sur les micromammifères terrestres. Photographe de nature, il est spécialisé dans la prise de vue de petits vertébrés tels que les reptiles et amphibiens.

Couverture de La Salamandre n°262

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 262  Février - Mars 2021, article initialement paru sous le titre "Par amour des anoures"

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