© Jean-François Seguin

Cet article fait partie du dossier

La gypaète connection

Quelle situation pour le gypaète en Corse ?

En Corse, où s’achève notre périple, les gypaètes s’éteignent peu à peu. Sang neuf et esprit d’aventure seront la clé de leur sauvegarde. Enquête.

En Corse, où s’achève notre périple, les gypaètes s’éteignent peu à peu. Sang neuf et esprit d’aventure seront la clé de leur sauvegarde. Enquête.

Quel est l'état de la population de gypaète barbu en Corse ?
Jean-François Seguin chargé de mission ornithologie au parc naturel régional de Corse.

Du gypaète en Corse ? Assurément, comme c’est encore le cas en Crète et comme cela l’a été à Chypre ou en Sardaigne. Entre le puffin cendré surfant au ras des vagues de la Méditerranée et la niverolle alpine au sommet du Monte Cinto, à 2 706 m d’altitude, vous aurez toutes les chances de croiser le plus grand des rapaces corses. Voilà toute la magie de l’île de Beauté. Pas d’autres vautours en vue, seul l’aigle royal partage la montagne avec le casseur d’os.

« C’est en Corse que j’ai vu mon premier gypaète, à 14 ans », confie le Picard d’origine Jean-François Seguin. L’homme travaille au suivi et à la conservation du rapace sur l’île depuis vingt ans. A l’heure actuelle, cet ornithologue du parc naturel régional de Corse est inquiet : « Il ne reste que cinq couples sur l’île, soit moitié moins qu’il y a dix ans. » Pourquoi un oiseau présent depuis le Pléistocène risque-t-il d’abandonner l’île de Napoléon ? La faiblesse du garde-manger est pointée du doigt. Malgré ses 8 700 km2, la Corse n’abrite plus que 600 mouflons sauvages. Tortues terrestres et cervidés ont disparu de longue date et, côté élevage, le pastoralisme traditionnel s’effondre.

Cellule d’isolement

Quel est l'état de la population de gypaète barbu en Corse ?
© Viktor Cap / fotolia

Les conséquences de la persécution par l’homme sont difficiles à estimer sur l’île. Ni loups ni ours n’attisent ici l’hostilité des éleveurs, mais tout n’est pas rose. Des couples ont disparu sans raison apparente dans les années 1990 et deux gypaètes ont été tirés en 1991. Le saturnisme, provoqué par l’ingestion de plomb, ainsi que les dérangements jouent certainement comme ailleurs un rôle en Corse.
Peu à peu, les oiseaux vieillissent et la consanguinité menace. Les gypaètes corses présentent la plus faible diversité génétique au monde. Certains couples n’ont pas élevé un seul jeune durant plus de vingt ans… « En 2017, aucun poussin n’a vu le jour sur l’île. Cette année, un seul. Il s’appelle Bonifato 2018 et porte une balise Argos. » Pour Jean-François Seguin, il y a urgence.
A l’instar des Alpes et des Causses, l’espoir repose sur les oiseaux issus de captivité. « Deux gypaètons ont été libérés en 2016 et deux autres en 2017. » Et en 2018 ? Aucun. Cette année blanche décidée par la Vulture Conservation Foundation – organisme qui décide d’affecter les jeunes gypaètes issus des centres d’élevage à tel ou tel projet en Europe – surprend Jean-François Seguin : « Selon moi, on prend un gros risque à lâcher si peu d’oiseaux en Corse. »

Cap au nord

Quel est l'état de la population de gypaète barbu en Corse ?
© Jonathan Lhoir / Biosphoto

La survie à long terme de ces gypaètes insulaires dépendra également des échanges avec les populations voisines. Source d’espoir, une étude suisse a prouvé l’existence de liens génétiques entre oiseaux sardes et alpins par le passé. Même si les projets de réintroduction sont pour l’heure interrompus en Sardaigne à cause d’empoisonnements constatés, Jean-François Seguin mise sur la renaissance d’un pont aérien entre Corse et Alpes du Sud. Si cette connexion n’a pas encore été formellement observée, les velléités des oiseaux suivis à visiter systématiquement le Cap Corse, sans oser le franchir, pourraient en être les prémices.

Je ne suis qu’un maillon du collectif engagé pour la protection du gypaète.

Face au grand bleu

Ercu, Luna, Montagnolu et Cimatella, les quatre gypaètes d’origine captive lâchés en Corse en 2016 et en 2017 voyagent régulièrement vers le Cap Corse, l’extrémité nord de l’île. Seraient-ils attirés par la vue des Alpes ?

200 km

Quel est l'état de la population de gypaète barbu en Corse ?
Vue de la Corse depuis les Alpes-Maritimes / © Thomas Degli, Shashin prod

C’est la distance qui sépare les montagnes corses des sommets alpins méridionaux. Pourtant, sous certaines conditions atmosphériques, l’île de Beauté est visible depuis les Alpes-Maritimes.

La suite du dossier sur le gypaète barbu.

Découvrez l'histoire du gypaète barbus, de son extermination à sa reconquète des Alpes dans notre nouveau film La fabuleuse histoire du gypaète.

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La gypaète connection

Couverture de La Salamandre n°249

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 249  Décembre 2018 - Janvier 2019, article initialement paru sous le titre "Franchir le cap ?"
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