Pourquoi n’y a-t-il pas d’arbres en haute montagne ?
Une fois une certaine limite franchie, mélèzes, sapins et autres pins ne poussent plus. Les éclairages d'Esther Frei, spécialiste de la dynamique forestière et des écosystèmes de montagne.
Une fois une certaine limite franchie, mélèzes, sapins et autres pins ne poussent plus. Les éclairages d'Esther Frei, spécialiste de la dynamique forestière et des écosystèmes de montagne.

Principalement à cause du froid. Pour que ces plantes puissent se développer, il faut que la température moyenne durant la saison de croissance soit d’au moins 7 °C. Ce n’est pas le cas au-dessus d’une certaine altitude et les grands végétaux ne peuvent pas s’y implanter. Cette limite des arbres dépend beaucoup du contexte climatique local et ne se trouve donc pas partout au même niveau. Elle atteint 2 300 m dans certaines zones favorables des Alpes centrales alors qu’elle se situe plutôt autour de 1 800 m au nord du massif.
D’autres plantes se développent au-delà de cette ligne, comment font-elles ?
Seuls les végétaux de petite taille subsistent, ceux qui peuvent profiter d’un microclimat* au ras du sol. D’ailleurs, certains arbres s’adaptent aux rudes conditions montagnardes… en rapetissant. Les genévriers, par exemple, forment de grands arbustes en plaine mais poussent sous forme de tapis sur les massifs élevés. Encore plus résistants, les saules nains ne vivent qu’à très haute altitude ou dans les régions arctiques et ne dépassent jamais quelques centimètres de haut.
*microclimat
nom m. Situation climatique d’une zone de petite taille, significativement distincte de l’environnement général. En montagne, c’est le cas des quelques centimètres au-dessus du sol qui bénéficient de conditions plus accueillantes qu’à hauteur de branches. La terre emmagasine la chaleur du soleil, les vents froids sont freinés par les reliefs et la couche de neige forme un édredon isolant.
L’absence d’arbres est donc due au climat…
Oui, mais pas seulement. Les activités humaines sont aussi responsables, notamment le pâturage pratiqué depuis des siècles dans les montagnes. Une bonne partie des alpages serait boisée si les jeunes pousses n’y étaient pas régulièrement broutées ou fauchées. Seules les zones difficiles d’accès sont épargnées, par exemple les secteurs très pentus. En fait, rares sont les endroits où la forêt atteint la limite naturelle des arbres en Europe. Le caractère sauvage des paysages d’altitude est donc à nuancer, notre emprise y est relativement forte.
Cette limite peut-elle se déplacer ?
Oui, et elle le fait actuellement. Le réchauffement climatique et l’abandon de nombreux pâturages permettent aux arbres de pousser de plus en plus haut. Cette frontière est déjà montée de plus de 50 m en quelques décennies, dans certaines zones des Alpes suisses. C’est très rapide pour des plantes qui sont incapables de se mouvoir !
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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