Mille et une lucioles
En début d’été, les petites lanternes des lucioles enchantent la campagne méridionale. Le photographe italien Alberto Ghizzi Panizza les immortalise avec une poésie rare.
En début d’été, les petites lanternes des lucioles enchantent la campagne méridionale. Le photographe italien Alberto Ghizzi Panizza les immortalise avec une poésie rare.
Quand j’étais gamin, notre petit jardin familial, pourtant situé en ville, s’animait d’un grand nombre de lucioles au crépuscule. Hélas, au fil des années, leurs lueurs dorées se sont progressivement éteintes, m’abandonnant à la nostalgie de mes souvenirs d’enfance.
Le travail de photographe naturaliste me pousse souvent à me balader de nuit, en quête de rencontres et d’ambiances à capturer avec mon appareil. Un soir de juin voilà quelques années, alors que je photographiais le château de Torrechiara parmi les collines de Parme, j’ai repéré quelques lucioles dans un vignoble. Sans hésiter, j’ai sauté sur l’occasion pour tenter de saisir cette scène de rêve. A ma grande surprise, les petits lampions de ces coléoptères bioluminescents ressortaient à merveille sur les images. Grâce à des poses longues, les traînées lumineuses sublimaient la magie du moment, créant des clichés originaux.
Depuis, je consacre plusieurs nuits chaque été à cette fête des lumières. J’ai l’impression qu’après des années de déclin, les lucioles sont localement en augmentation. On peut par exemple les observer près des zones urbaines, à condition qu’il n’y ait pas d’éclairages artificiels. Elles brillent de préférence le long des rives, des fossés et dans les sous-bois sombres et humides.
Personnellement, j’aime leur rendre visite loin des agglomérations, dans les forêts alluviales et parmi les collines de ma région. Pour ajouter une touche de singularité à mes images, j’ai repéré de bons coins à lucioles près d’églises et de châteaux. Chaque fois que je retourne les photographier dans ces lieux sacrés sous la voûte étoilée, le conte de fées atteint son paroxysme. Je m’oublie alors complètement au milieu de ces créatures clignotant de leur propre lumière.
Féru de macro, j’ai également tenté des portraits très rapprochés pour saisir les détails de la luciole et de son abdomen en feu. Un exercice complexe dans l’obscurité. L’été dernier, j’ai eu la chance de pouvoir tester un 58 mm ouvrant à f/0.95 : un objectif très lumineux ! Grâce à cette optique, j’ai pu retranscrire en image le spectacle qui animait mes nuits d’enfance. Seul bémol venant gâcher ce songe étincelant ? Les moustiques assoiffés de sang attaquent la motivation du photographe de leurs innombrables coups de stylets, parfois au point de compromettre la sortie.
Illuminations
Les lucioles sont des coléoptères de la famille des lampyridés, qui compte environ 2 000 espèces dans le monde, dont une petite vingtaine en Italie, une douzaine en France et quatre en Suisse. Ces créatures bioluminescentes possèdent des organes particuliers au bout de leur abdomen : les photophores, qui s’éclairent grâce à une réaction chimique. Chez le genre Luciola, les mâles volent à la tombée de la nuit en clignotant pour attirer l’attention des femelles postées dans la végétation. On peut assister à ce spectacle dans le sud-est de la France, en Corse et au Tessin. Chez leurs cousins les vers luisants, plus largement répartis dans nos contrées, seules les femelles, dépourvues d’ailes, émettent de la lumière.
Saisir les mouches de feu
Photographier les lucioles demande quelques astuces. Il est conseillé de privilégier les nuits sans lune et d’employer un objectif à grande ouverture, laissant passer un maximum de lumière. Selon l’optique, le temps d’exposition et l’espèce, les mouches de feu, comme les appellent les Anglais, apparaîtront sous forme de petits points, de grosses bulles ou de traînées lumineuses. La couleur et la fréquence d’émission des signaux varient d’un lampyridé à un autre, mais leur identification demeure très complexe.
Alberto Ghizzi Panizza
Alberto Ghizzi Panizza, photographe professionnel, est né à Parme en 1975. Primés plus de 50 fois dans des concours nationaux et internationaux, ses clichés ont fait le tour du monde et ont été publiés dans National Geographic Magazine, Times ou encore The Guardian.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
Catégorie
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur