Le mensonge vert

Dans son édito du n°247 Julien Perrot nous raconte sa crainte de la destruction des espaces naturels montagnards, les derniers refuges de la vie sauvage.

Dans son édito du n°247 Julien Perrot nous raconte sa crainte de la destruction des espaces naturels montagnards, les derniers refuges de la vie sauvage.

Ah, enfin quelques jours en montagne. Pour sûr, ça va grouiller de fleurs, de papillons et de sauterelles. A défaut de trouver encore facilement pareille biodiversité en plaine, c’est réconfortant de savoir que tout cela existe toujours, préservé dans les herbages d’altitude. Pour être sûr de m’en mettre plein les yeux et les oreilles, je choisis un petit bout de pays qui m’émerveillait quand j’étais gamin.

La claque ! Les sapins et les chalets sont toujours debout. Mais où est passée toute cette joyeuse vie qui m’enchantait ? Les pâturages sentent le lisier jusqu’au bord des ruisseaux encombrés de mousse puante. L’herbe grasse est uniformément verte. Plus un narcisse, plus un œillet, plus un papillon. Juste quelques pissenlits pour rappeler ce qu’étaient autrefois les couleurs. Et les rochers qui parsemaient les alpages et sentaient le thym et l’origan ? Disparus eux aussi à coups de gyrobroyeur. On s’étonne que les abeilles aillent mal. Mais que voulez-vous qu’elles butinent, les pauvres, à part les géraniums des balcons fleuris ? Les apparences sont sauves, la carte postale toujours aussi pittoresque et les touristes au rendez-vous. Sauf que ce paysage vanté et vendu à l’autre bout du monde n’a plus rien de naturel. Ce n’est qu’un décor trompeur qui sonne creux. A coups de pesticides, d’engrais et de machines, notre formidable politique agricole a détruit la vie dans les campagnes. Depuis une vingtaine d’années, c’est aussi le cas dans nos belles montagnes qu’on aseptise comme des moquettes en plastique. Vertes, évidemment ! C’est décidé, la prochaine fois, j’irai en vacances à la mer, quitte à fermer les yeux sur les déchets qui encombrent le littoral. Qui sait, peut-être aurai-je là-bas l’heureuse consolation et l’incroyable chance de croiser un être tout simplement cosmique : le poisson-lune.

Couverture de La Salamandre n°247

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 247  août - septembre 2018
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Julien Perrot

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