© Arnaud Frich / Centre national de Préhistoire / Ministère de la Culture

Cet article fait partie du dossier

Bestiaire des cavernes

La grotte Chauvet, ce « premier trésor de l’humanité »

Impossible d'imaginer parler d'art pariétal sans s'intéresser à la grotte Chauvet. Avec près de 1000 représentations réparties sur 8500 m2, la cavité ardéchoise est parfois considérée comme le « premier trésor de l'humanité ».

Impossible d'imaginer parler d'art pariétal sans s'intéresser à la grotte Chauvet. Avec près de 1000 représentations réparties sur 8500 m2, la cavité ardéchoise est parfois considérée comme le « premier trésor de l'humanité ».

« Ils sont venus ! » Lorsque ces mots résonnent dans les entrailles calcaires de l’Ardèche, il y a exactement trente et un ans, le monde de l’archéologie ne sait pas encore ce qui l’attend. C’est en découvrant deux traits à l’ocre rouge qu’Éliette Brunel adresse cette exclamation à ses deux compagnons d’aventure, Jean-Marie Chauvet, à l’initiative de l’exploration, et Christian Hillaire.

Lire aussi: Gilles Tosello, « entre deux rhinocéros peints à Chauvet, il y a 300 générations ! »

En ce début de nuit du 18 décembre 1994, trois spéléologues découvrent ainsi, dissimulé derrière un éboulis protecteur, un trésor parfois considéré comme le premier chef-d’œuvre de l’humanité. Sur environ 8 500 m2 de surface minérale naturelle et près de 500 m de longueur, les panneaux d’art pariétal éblouissent le monde de la science et de la culture préhistorique. Près de 1 000 représentations, dont des mains humaines en négatif ou positif, des signes, ponctuations et tracés, ainsi que 447 figures animales !

16 000 ans avant Lascaux

Le bestiaire compte 14 espèces, dont certaines rarissimes ou inédites, dans l’art pariétal, comme le hibou moyen-duc et la panthère. Mais le chiffre qui secouera la communauté archéologique internationale est évidemment celui, fondamental, de la datation. La grotte qui s’appellera bientôt Chauvet a été visitée par Homo ­sapiens 16 000 ans avant l’illustre ­Lascaux !

Les analyses d’une dizaine de laboratoires internationaux et diverses méthodes révéleront une occupation par les humains de la culture aurignacienne dès - 37 000 ans, pendant environ 3 500 ans. Puis, après une phase d’inoccupation liée à un éboulement, elle est à nouveau fréquentée vers - 31 000 ans, cette fois-ci par les ­Gravettiens. La grotte ne montre plus de signes de présence humaine après - 29 000 ans, là aussi suite à un éboulement.

Panthère sur une paroi de la grotte Chauvet / © Arnaud Frich / Centre national de Préhistoire / Ministère de la Culture

Le bestiaire de la grotte Chauvet

Le lion des cavernes, terreur des steppes

Lion des cavernes eurasiatique, Panthera spelaea. Répartition : Europe, Asie, Alaska. Extinction : env. - 12 000 ans / © Marcello Pettineo

Figure emblématique de Chauvet, le lion des cavernes est le seul prédateur à être illustré en si grand nombre. La grotte ardéchoise compte 75 félins, soit la moitié de toutes les représentations connues de cette espèce dans l’art pariétal européen. Le Panneau des lions, remarquable dans sa composition, illustre une véritable scène de chasse en groupe visant notamment quatre bisons et comptant des lions mâles, des femelles et des individus avec la gueule ouverte. De telles figures ont permis aux scientifiques de considérer que le lion des cavernes mâle était dépourvu de crinière significative.

A noter: D’après les découvertes réalisées dans la grotte Scladina, les Néandertaliens façonnaient des outils multifonctions en os de lion des cavernes dès - 130 000 ans, bien avant l’arrivée d’Homo sapiens. Le couteau suisse serait-il né en Belgique ?

Panneau des lions de la grotte Chauvet / © ONLY FRANCE / Alamy

Le rhinocéros laineux, ce chasse-neige

Rhinocéros laineux, Coelodonta antiquitatis. Répartition : Eurasie. Extinction : env. - 10 000 ans / © Marcello Pettineo

En lieu et place de votre jardin ou immeuble, il y a quelques milliers d’années à peine, une armure sur pattes déambulait dans le blizzard. Jusqu’à 2 m au garrot, 4 m de long, 3 t… le rhino­céros laineux arrivait en deuxième position des mammifères terrestres titanesques, après l’illustre mammouth. Comme lui, il était enrobé d’une fourrure épaisse. Jusqu’à 15 cm pour le rhino. À l’instar du gros pachyderme, il était armé au niveau de la tête. Non pas avec des défenses, mais avec une paire de cornes en kératine. La plus grande, chez le mâle, pouvait atteindre 1,7 m de longueur ! Sur certaines illustrations de Chauvet, elle prend des proportions surprenantes. Au quotidien, cet appendice aurait servi à déblayer efficacement la neige pour atteindre l’herbe rase vitale à son alimentation.

A noter: En été 2024, une momie congelée de rhino­céros laineux est exhumée du sol sibérien. Datée de 32 400 ans, elle est contemporaine de l’occupation de Chauvet et révèle aux chercheurs une énorme bosse graisseuse sur les épaules.

© Marcello Pettineo

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Bestiaire des cavernes

Couverture de La Salamandre n°291

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 291  Décembre 2025 - Janvier 2026, article initialement paru sous le titre "« Ils sont venus ! »"
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