Balade à la rencontre des fleurs des champs
A la frontière de la Vienne et des Deux-Sèvres, la plaine céréalière se teinte au printemps de nuances jaunes, vertes et ocre. Une palette qui cache de véritables trésors botaniques. Partez à la découverte des fleurs des champs.
A la frontière de la Vienne et des Deux-Sèvres, la plaine céréalière se teinte au printemps de nuances jaunes, vertes et ocre. Une palette qui cache de véritables trésors botaniques. Partez à la découverte des fleurs des champs.
Après des semaines de pluie décourageante, c’est sous un soleil salvateur que je retrouve Damien Palet, expert botaniste. Le rendez-vous est dans le bourg de La Grimaudière, joli village proche de Poitiers avec ses belles maisons en pierre calcaire. Mon guide d’un jour me montre la résurgence de la Dive, avec son lavoir rénové. Nous suivons une rue qui traverse la rivière, entre jardins maraîchers et parcs arborés. Notre quête commence plus haut, dans la plaine cultivée.
Avec la moisson
Nous remontons vers l’église Notre-Dame-d’Or, que nous laissons dans notre dos pour longer une parcelle de lentilles bio. C’est plus précisément la bordure du champ qui nous intéresse. Notre regard est attiré vers les bleuets en fleur, des messicoles qui deviennent malheureusement rares. Messicoles ? En d’autres termes, des plantes qui poussent avec les céréales comme le blé, l’orge, l’avoine ou le seigle. Damien s’arrête rapidement. « Voici une station d’une fleur autrefois courante, la renoncule des champs. »
En observant plus loin, je constate que la couleur jaune de celle qu’on appelle aussi chausse-trappe des blés couvre tout le linéaire de culture ! « Regarde son fruit caractéristique, hérissé d’épines : impossible de se tromper ! » Nous avançons lentement. Damien me cite toute une liste de plantes plus remarquables les unes que les autres : bifora rayonnant, miroir de Vénus… Au point que les jolis coquelicots, que j’affectionne tant, me semblent banals.
Parmi les orchidées
Très vite, nous embrassons du regard la vallée de la Dive dont les peupleraies banalisent des milieux humides autrefois plus intéressants. Nous arrivons sur le coteau. En mai, la floraison des orchidées bat son plein, dominée par l’orchis pyramidal qui forme de vrais tapis. Une recherche rapide nous fait découvrir les ophrys abeille et mouche ainsi que l’orchis homme-pendu… Nous sommes devant de véritables pelouses calcicoles, colorées de jaune, rose ou violet par l’hippocrépide à toupet, le mélampyre des champs et l’astragale de Montpellier. Damien me présente une petite légumineuse, c’est-à-dire une parente des pois, qui porte une unique fleur rouge. « Lathyrus sphaericus, la gesse à fruits ronds. Tu es ici dans le bastion régional de l’espèce. Ailleurs, elle est sporadique. »
La lisière d’une parcelle de colza nous interpelle avec sa mosaïque multicolore. « On peut trouver ici le pavot argémone, une espèce en danger. » Nous inspectons les coquelicots à la recherche de leur précieux cousin. « Dommage, la floraison est déjà passée… », regrette mon guide botaniste en pointant un pied sans pétale. Je photographie avec lui une station de miroirs de Vénus, pendant qu’il me montre une espèce proche, très discrète : « Legousia hybrida, beaucoup plus petite et rare en Poitou-Charentes. » A peine quelques pas de plus et un autre trésor messicole apparaît : le gaillet à trois cornes.
A l’écart des cultures
Nous contournons la vallée de la Dive par le sud, avec de nombreux arrêts pour admirer et photographier des espèces patrimoniales. Damien me conduit dans une vallée sèche dominée par les pelouses et friches calcaires. Pour qui sait observer, la richesse botanique y est incroyable. Quantité de fleurs y trouvent refuge face à l’agriculture intensive. C’est ici qu’il a découvert trois mois plus tôt la gagée de Bohème, une première mention pour le département de la Vienne.
Nous nous attardons sur une station d’adonis annuels, avant d’être accostés par un jeune agriculteur. « Ce ne serait pas ce que mon père appelait la goutte-de-sang ? On n’en voit plus beaucoup dans le coin. » Tout juste ! Preuve que les plantes compagnes des cultures subsistent dans l’inconscient collectif…
Un dernier crochet nous emmène au Puy de Mouron, une butte marneuse offrant un beau panorama sur toute la plaine. A cette distance, les petits trésors fleuris que l’on vient de contempler sont bien difficiles à soupçonner dans l’immense paysage agricole. Nous avons encore plus conscience de leur valeur.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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