© Frédérick Yvonne

Réveil avec les oiseaux à l’étang des Landes

Au cœur de la héronnière, les échassiers sont en effervescence. Rendez-vous à Lussat, sur les rives d’un étang en Creuse.

Au cœur de la héronnière, les échassiers sont en effervescence. Rendez-vous à Lussat, sur les rives d’un étang en Creuse.

Depuis la fin du Moyen Age, le morcellement agricole a peu à peu remplacé les grands espaces de bruyères qui couvraient ce secteur de la Creuse. Les landes ont disparu, mais un étang foisonnant fait désormais battre le cœur du bocage. Vu d’en haut, le plan d’eau ressemble à un joyau scintillant.

Symphonie inaugurale

Cette vaste zone humide est une source de vie exubérante qui a conduit à son classement en réserve naturelle nationale en 2004. En ce début avril, la belle saison éclot sous nos yeux. Carmen Munoz Pastor, cofondatrice de l’association locale Carduelis pour l’étude et la diffusion des connaissances sur la nature sauvage, se réjouit du printemps : « L’excitation est à son comble ! » A ce moment précis, un grand échassier retient toute son attention : un héron cendré. De l’aube au crépuscule, été comme hiver, il est toujours là, fidèle au lieu. Ou plutôt ils sont, car cet oiseau huppé aux longues gambettes s’observe ici par dizaines. Perchés à la cime des saules qui surplombent un estran lacustre, ils forment une communauté que l’on appelle la héronnière. Il y a comme un air de mangrove : les couples d’échassiers nichent à une demi-envergure les uns des autres, non sans quelques échauffourées. « Les derniers comptages annoncent 40 nids occupés avec une trentaine de poussins, ce qui en fait l’une des colonies les plus importantes de la région », s’enthousiasme Carmen Munoz Pastor.

Réveil avec les oiseaux à l’étang des Landes dans la Creuse
Héron cendré / © Alessandro Staehli

Le carnaval des oiseaux

Dans la canopée, l’agglomération des hérons est multicolore et multispécifique. Les hérons cendrés côtoient les hérons pourprés à la silhouette serpentiforme, les bihoreaux gris aux yeux carmin, les gardebœufs panachés de roux et les aigrettes garzettes immaculées. Nous avons devant nous l’unique héronnière du Limousin qui réunit cinq espèces d’ardéidés, pour environ 90 couples toutes espèces confondues. Quelle pouponnière ! Depuis le bien nommé affût des hérons juché sur pilotis, l’ornithologue passionnée ressent l’exaltation des volatiles dans leurs nombreux battements d’ailes et leurs envolées soudaines.

« Il existe un véritable calendrier d’installation des différentes espèces, relate-t-elle. Les hérons cendrés sont les plus précoces, avec des individus trônant déjà fièrement sur leurs nids dès février, tandis que les pourprés, qui sont migrateurs, reviennent seulement d’Afrique en ce moment. »

Bihoreau gris / © Jean-Philippe Paul

Nourrir en héron

Avril, c’est la frénésie de l’élevage. Les parents hérons cendrés s’activent pour alimenter leur progéniture capricieuse et vorace. « Les cris des jeunes qui quémandent leur bouillie sont un spectacle sonore dont l’intensité augmente au fil des semaines », précise la biologiste. A les observer et à les entendre, on ne doute pas que les oiseaux descendent des dinosaures. Gardons, goujons, perches et grenouilles finissent dans les gosiers des hérons au long cou, tout comme les campagnols, musaraignes et autres taupes glanés dans le bocage.

Devant tant de vie, notre guide est optimiste. Il faut dire que le héron cendré a eu ses heures grises. Le temps où on le persécutait n’est pas si loin. Les pêcheurs lui reprochaient sa gloutonnerie envers les poissons prisés. « L’espèce a tour à tour été classée nuisible et gibier, jusqu’à ce que la population diminue drastiquement, évoque Carmen Munoz Pastor. En 1974, notre pays lui a enfin attribué son statut d’espèce totalement protégée. » Depuis, ses effectifs ont continuellement augmenté en France. Les ornithologues notent cependant un récent éclatement des colonies importantes en héronnières plus petites.

Les heures passent et les grands hérons sonnent le glas du jour. Passant du gris au noir, leurs silhouettes crépusculaires deviennent fantomatiques.

Retrouvez l’étang des Landes dans les publications et films de l’association Carduelis.

Apprenez-en plus sur le héron avec notre dossier complet.

Couverture de La Salamandre n°257

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 257  Avril - Mai 2020, article initialement paru sous le titre "Réveil à l’étang des Landes"
Catégorie

Récit des balades

Vos commentaires

Réagir

Pour commenter sans créer de compte, il vous suffit de cliquer dans la case « nom » puis de cocher la case « je préfère publier en tant qu’invité ».

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur