© Burkhardt Marcel, ornifoto.ch.

Comment les pics évitent-ils les commotions cérébrales ?

© Sam Van Wassenbergh Biomécanicien à l’Université d’Anvers, coauteur d’une étude internationale sur le sujet.

La croyance populaire affirmait jusqu’à présent que ces oiseaux protégeaient leur cerveau à l’aide d’un système amortisseur quand ils creusent le bois à la recherche d’insectes ou forent une loge. On pensait que l’os spongieux à la base du bec – pourtant présent chez d’autres oiseaux – fonctionnait comme un airbag. D’autres avançaient que la longue langue enroulée autour du crâne – qui pourrait être simplement là pour des raisons de place – faisait office de ceinture de sécurité. Ces hypothèses, jamais testées, ont été récemment démenties.

C’est un imaginaire qui s’effondre, ça !

Eh oui. Dans une étude, nous avons analysé des vidéos de différentes espèces martelant l’écorce, prises par des caméras à haute vitesse. Aucune décélération de leur boîte crânienne n’a été constatée par rapport au bec. La tête du pic fonctionne ainsi comme un marteau rigide. D’un point de vue ­mécanique, cela fait d’ailleurs sens d’utiliser toute l’énergie de frappe pour l’impact, plutôt que d’en perdre une partie en l’absorbant. Autrement dit, à quoi bon enfoncer un clou avec un marteau à ressorts ? Pour arriver au même résultat, il faudrait frapper encore plus fort. Cela m’a ouvert les yeux sur la facilité avec laquelle une hypothèse devient croyance populaire.

Mais alors, comment préservent-ils leur cerveau ?

Les pics ne frappent simplement pas assez fort pour se faire mal ! Leur tête se projette à 20 km/h en moyenne. Le choc est comparable à celui d’un ­cycliste qui se prendrait un mur. Mais, contrairement à l’humain, l’oiseau s’en sort indemne, car son cerveau est plus petit. Même avec le coup le plus violent que nous avons enregistré, la pression qui naît dans la tête des individus atteint environ la moitié du seuil correspondant à un trauma cérébral. Dans la même logique, une mouche stoppée par une vitre à cette même vitesse est encore plus loin de ce seuil critique.

Après cette étude, que reste-t-il à découvrir ?

Plein de choses ! On pourrait se demander si des centaines de charges répétées chaque jour occasionnent quand même des dommages et si un système de réparation des traumas mineurs permet d’y remédier. Ou encore s’intéresser au phénomène du tambourinage, moins puissant, mais très rapide. Est-ce que la tête des pics rebondit grâce à des tissus faisant office d’élastiques dans la nuque ? À vos paris !*

*Tambourinage

nom m. Pour marquer leur territoire, les pics mâles et femelles frappent leur bec en séries rapides contre une branche ou un tronc sec faisant office de caisse de résonance. Cette activité est à son optimum à la fin de l’hiver et au début du printemps. Chaque espèce possède un rythme, une durée et une puissance qui lui sont propres. Certaines ne s’y adonnent presque jamais, comme le pic vert ou le pic mar.

Retrouvez les réponses à vos questions dans notre rubrique Questions nature.

Et retrouvez ICI l'étude internationale sur le sujet, co-écrit par Sam Van Wassenbergh, biomécanicien à l’Université d’Anvers.

Dans la vidéo ci-dessous, le chercheur présente (en anglais) l'étude et des images impressionnantes de pics en action, au ralenti:

Couverture de La Salamandre n°281

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 281  Avril - Mai 2024
Catégorie

FAQ nature

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