La vie de famille des chevêchettes en photos
Au cœur du Jura vaudois, les photographes Guillaume Pasche et Samuel Nugues ont suivi l’intimité d’un foyer de chevêchettes, de l’installation dans la loge à l’envol des jeunes.
Au cœur du Jura vaudois, les photographes Guillaume Pasche et Samuel Nugues ont suivi l’intimité d’un foyer de chevêchettes, de l’installation dans la loge à l’envol des jeunes.
Ce n’est pas un mythe, les forêts du Jura vaudois regorgent de trésors. Ce soir de mars, dans un paysage encore enneigé, l’un d’eux se révélera à nous.
Partis dans l’espoir d’écouter la chouette de Tengmalm, nous sommes loin de nous douter que c’est un petit sifflement strident qui éveillera notre intérêt. Depuis sa loge, une femelle chevêchette d’Europe répond à un soupirant. Quelle chance ! Ce tronc sur le point d’accueillir une famille devient aussitôt le centre de nos préoccupations. C’est le début de deux mois d’observations captivantes.
Munis de notre matériel photographique, en respectant scrupuleusement la distance requise pour ne pas déranger les acteurs de ce fabuleux spectacle, nous commençons à immortaliser des tranches de vie. Au fil des journées d’affût, dans un décor évoluant au gré des semaines, nous comprenons de mieux en mieux les habitudes de ce petit rapace si discret.
Comme nous le soupçonnions, les inter-actions entre le mâle et la femelle sont quasi inexistantes, la chevêchette n’étant pas sociale par nature. Un jour, nous avons tout de même la chance de les observer brièvement sur la même branche, mais la dense végétation rend le cliché impossible. Adieu, la photo de couple… Peu importe, car chacun des partenaires nous livre tellement d’autres attitudes fascinantes. Le mâle, par exemple, dévoile ses techniques de chasse les plus pointues afin de sustenter sa belle, restée couver. Une proie prisonnière de ses serres, monsieur appelle madame d’un arbre voisin, puis s’envole. madame récupère le repas et retourne à la loge. Le cérémonial qui se répète plusieurs fois par jour est réglé comme du papier à musique.
Début mai, des pelotes de réjection, poils de rongeurs et autres plumes d’oiseaux s’accumulent au pied de l’arbre. Pas de doute, le nourrissage des jeunes a débuté. Les œufs ont donc éclos. Nous nous relayons pour fixer ces instants palpitants. A la mi-mai, de nouvelles têtes se présentent au hublot. Les oisillons ont environ 3 semaines mais ils sont encore couvés par leur mère. Dévouée, celle-ci sort uniquement pour rapatrier la nourriture déposée par le père. Parfois, elle s’autorise un bon nettoyage et quelques étirements. La scène est rare et notre émotion est grande lorsque nous parvenons à la photo-graphier !
Nous avons compté cinq à sept jeunes. Ils quittent la loge entre le 19 et le 20 mai. Leurs premières tentatives de vol finissent maladroitement au sol. Mais, rapidement, tous s’élèvent jusqu’aux cimes des sapins, avant de disparaître pour de bon. Avec de la chance, l’un d’eux sera le futur locataire de cette cavité magique, théâtre de notre fabuleuse aventure.
Petite montagnarde
La chevêchette d’Europe est le plus petit de nos rapaces nocturnes : à peine 16 cm. On la trouve dans les forêts de montagne où elle se nourrit de rongeurs et de passereaux, parfois même plus gros qu’elle. Entre mars et avril, on peut entendre son chant nuptial. Le mâle chasse alors pour offrir des proies à la femelle et la convaincre de s’accoupler avec lui. Celle-ci pond ensuite ses œufs et les couve dans un ancier trou de pic. Après éclosion, le nourrissage dure un bon mois. Puis, les juvéniles font le grand saut. Les parents continuent à s’occuper d’eux pendant plusieurs semaines dans les arbres alentours.
L’éthique prime
Les conditions de prises de vue sont difficiles dans les sous-bois où vit la chevêchette d’Europe. Il y a peu de lumière et des branches se trouvent souvent entre le photographe et son sujet. La clé pour réaliser des images de cette espèce, mis à part le fait de la trouver, réside dans un compromis entre vitesse d’obturation et luminosité. Mais le plus important est d’éviter tout dérangement et de garder une éthique irréprochable. La pratique de la repasse qui consiste à siffler la chouette pour qu’elle réagisse n’a pas sa place. Si elle est importunée, elle n’aura pas un comportement naturel et adoptera une face hirsute, les yeux focalisés sur le perturbateur. Il faut donc être attentif à ces signes et reculer au besoin.
Guillaume Pasche
Passionné d’ornithologie depuis l’enfance, Guillaume Pasche (> gauche) affectionne les rapaces nocturnes qu’il observe près de chez lui, dans le Jura vaudois. Il s’attache à révéler la beauté d’une nature subtile et fragile.
Samuel Nugues
Photographe naturaliste, Samuel Nugues arpente le Jura suisse depuis plus de douze ans. Il privilégie les lumières douces et les ambiances crépusculaires pour des images épurées.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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