© Johan Hammar

Cet article fait partie du dossier

La forêt des pics

Le bois mort rend les forêts vivantes

Un tiers des habitants de la forêt dépend directement de la présence de très vieux arbres ou de bois mort. Les pics sont des ambassadeurs de cette diversité menacée. En plus, les trous qu’ils creusent intéressent de nombreux locataires.

Un tiers des habitants de la forêt dépend directement de la présence de très vieux arbres ou de bois mort. Les pics sont des ambassadeurs de cette diversité menacée. En plus, les trous qu’ils creusent intéressent de nombreux locataires.

Le label « Pic »

Le pic à dos blanc, le pic mar ou le pic tridactyle sont des espèces emblématiques. A la fois spectaculaires et exigeants, ils révèlent par leur présence des forêts d’une haute qualité biologique. Permettre la survie de ces oiseaux, c’est protéger une multitude d’autres organismes et, finalement, la forêt entière.

Photo de rosalie des alpes
Rosalie des Alpes / © Jean-Claude Gerber

Le destin de la rosalie

Plus de 1500 coléoptères s’épanouissent dans le bois en décomposition. L’un des plus beaux, la rosalie des Alpes, vit un destin exemplaire. Les larves de ce véritable bijou se développent dans des troncs morts de vieux feuillus, le plus souvent des hêtres. La disparition du vieux bois en forêt menace un insecte autrefois répandu dans toute l’Europe. Des actions de protection ciblées, auxquelles participent des forestiers, sont en cours dans plusieurs pays.

Photo de clavaire crépue
Clavaire crépue / © Benoît Peyre

La preuve par le chou-fleur

Les champignons décomposeurs jouent un rôle essentiel dans le cycle de la forêt. Certains s’attaquent aux arbres affaiblis. D’autres digèrent le bois mort et poursuivent sa lente transformation en humus. Une forêt aseptisée ne laisse aucune place aux uns ni aux autres. Dès lors, ces champignons très nombreux et souvent spectaculaires sont devenus rares, comme la clavaire crépue ou chou-fleur qui pousse au pied de très vieux résineux.

Photo de gobemouche noir
Gobemouche noir / © Benoît Renevey

L’appel des cavités

Pour nicher, grimpereaux, mésanges, gobemouches, mais aussi huppes ou chouettes chevêchettes dépendent des trous qui se forment d’eux-mêmes dans le vieux bois et des loges creusées par les pics. Chaque espèce a ses préférences quant à la taille de la cavité, sa profondeur, sa hauteur ou son orientation. Heureusement, les pics offrent toutes les variantes possibles, des petits trous de l’épeichette aux grandes chambres zdu pic noir plébiscitées par 18 espèces ! La compétition fait rage pour ces cavités. Il n’est pas rare qu’un squatter en chasse un autre, quitte à pondre ses œufs sur ceux du malheureux expulsé. De même, des nichoirs posés en forêt sont rapidement habités, ce qui confirme que le manque de trous limite la reproduction de nombreux oiseaux.

Photo de martre
Martre / © Louis-Marie Préau

La martre

Redoutable prédateur, la martre complète volontiers son ordinaire de mulots et de campagnols en faisant la tournée de toutes les cavités dont elle se souvient. Si la loge du pic noir lui plaît, il est fort possible que, après en avoir croqué les poussins, elle y élève ses petits.

Photo de torcol
Torcol fourmilier / © Benoît Renevey

Le torcol

Incapable de creuser sa propre cavité, le torcol squatte volontiers celle d’un autre pic, par exemple le pic vert. Quant à ce dernier, comme le pic cendré, il peut utiliser pour se simplifier la vie un vieux trou de pic noir.

En savoir plus sur le torcol, le pic vert et le pic cendré, nos trois pics fourmiliers.

Photo de piqueprune
Piqueprune / © lubomir Hlasek

Le piqueprune

Grand scarabée, le piqueprune pond ses œufs dans des trous d’arbre. Mais pas n’importe lesquels ! La cavité formée par la chute d’une branche ou le travail d’un pic doit être assez vieille pour que du bois décomposé se soit transformé en terreau. L’extrême raréfaction de telles conditions a entraîné la quasi-disparition de l’insecte. Menacé en France, il ne survit plus en Suisse que dans quelques arbres du canton de Soleure.

Photo de noctule
Noctule / © www.konig-photo.com

Les chauves-souris

Une dizaine d’espèces de chauves-souris sont adeptes des trous de pics comme refuge hivernal. La noctule s’y reproduit également volontiers.

Photo de garrot à oeil d'or
Garrot à œil d'or / © Hellio - Van Ingen

Le garrot à œil d’or

Dans le nord de l’Europe, le garrot à œil d’or dépend totalement des cavités du pic noir. Ce canard n’hésite pas à pondre ses œufs en pleine forêt et à 4 ou 5 mètres de haut. Ses poussins sauteront par terre avant de gagner l’eau en marchant. Chez nous, les harles bièvres font de même.

Photo de sittelle torchepot
Sittelle torchepot / © Benoît Renevey

La sittelle

La sittelle occupe souvent une loge de pic qu’elle maçonne avec des boulettes d’argile pour ajuster le trou d’envol à sa taille.

Photo de chouette de Tengmalm
Chouette de Tengmalm / © Sidamon-Pesson / Allemand

La chouette de Tengmalm

Oiseau des forêts de moyenne montagne, la chouette de Tengmalm niche dans les cavités du pic noir. L’extension de son logeur lui a permis d’apparaître ces dernières années dans plusieurs départements de l’est de la France.

Photo de syrphe
Syrphe / © Pierre Duhem

Les syrphes

N’allez pas, comme l’ont fait certains ornithologues, vider de leur eau des cavités de pics inondées. Vous mettriez en péril l’habitat dans lequel se développent des insectes extrêmement rares. Oui, vous avez bien lu ! Les larves aquatiques de certains syrphes et tipules vivent exclusivement dans l’eau saturée de tanins qui peut s’accumuler dans de vieux troncs.

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La forêt des pics

Couverture de La Salamandre n°191

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 191  Avril - Mai 2009, article initialement paru sous le titre "Bois mort, forêts vivantes"
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