Avec les youtubeurs d’Ecotalk, trêve de bavardages
Avec Ecotalk, Noémie Jolly et Thomas Martin investissent les réseaux sociaux pour sensibiliser à la protection du vivant. Rencontre.
Avec Ecotalk, Noémie Jolly et Thomas Martin investissent les réseaux sociaux pour sensibiliser à la protection du vivant. Rencontre.
Leurs voix et leurs visages commencent à être bien connus des réseaux sociaux. Thomas Martin, 25 ans, et Noémie Jolly, 24 ans, fondateurs du média Ecotalk, partagent chaque jour sur Instagram et TikTok du contenu dédié à la biodiversité, l’environnement et la cause animale. Ici, une vidéo dénonçant le massacre de cétacés aux îles Féroé, là, un portfolio sur une surprenante raie manta rose, un autre incitant à rejoindre la mobilisation contre la loi Duplomb sur l’agriculture française. Toutes ces publications ont la même vocation : faire connaître pour donner l’envie de protéger. En insistant particulièrement sur l’effondrement de la biodiversité, « l’enfant pauvre de la cause climatique » selon le duo. « On s’est dit que cet axe pouvait toucher les gens plus encore que le fait de parler de climat et de chiffres, d’un point de vue très scientifique », argumente Noémie.
L’idée de créer un tel média germe dans l’esprit de Noémie et Thomas pendant leurs études respectives de droit et de commerce. La période Covid et les grands incendies en Australie leur font alors l’effet d’une « claque ». Les deux jeunes s’informent sur la crise environnementale et veulent partager cet éveil avec le public. En 2021, Ecotalk fait son entrée sur les réseaux. Un terrain idéal pour toucher un maximum de personnes avec un minimum de budget, surtout les plus jeunes. « C’est notre génération qui va bientôt avoir les cartes en main », souligne Noémie. Les publications sont d’abord essentiellement écrites, mais le binôme constate que leurs vidéos face caméra sont plus efficaces. Elles remplissent mieux leur volonté de transmettre au public les émotions que les sujets leur inspirent.

Corde sensible
Pour Noémie et Thomas, l’impact émotionnel est un moyen d’atteindre leur auditoire et l’inciter à passer à l’action. En partageant, par exemple, une photo de deux renardeaux en train de jouer, ils profitent de l’attendrissement suscité par la scène pour instruire sur le comportement de l’animal et dénoncer son statut injuste de nuisible en France. Mais les images publiées ne sont pas toujours si légères. Varier les approches, selon eux, est nécessaire. « Je ne pense pas qu’on puisse changer la vision des gens, révolutionner un monde qui exploite tout, qu’avec des mots agréables », analyse Noémie.
Les deux influenceurs tiennent à rappeler leur attachement à une information rigoureuse, qui implique croisement des sources et diversité des points de vue. Pour approfondir ses sujets, Ecotalk s’essaye d’ailleurs depuis un an et demi au long format sur YouTube. « On essaie de rencontrer ceux qui agissent tous les jours pour donner aussi un peu d’espoir », explique Thomas. Comme dans ce reportage en mer Méditerranée, à la rencontre des bénévoles de l’association Ailerons. Celle-ci lutte notamment pour la protection des raies, menacées par la surpêche dans les fonds marins où elles évoluent, même au cœur de zones protégées. C’est aussi l’occasion de parler d’espèces moins emblématiques que celles qui tiennent le devant de la scène. « Une raie, c’est moins vendeur qu’une baleine », déplore le jeune homme.
Crever l’écran
Pour le moment, les vidéos paraissent à un rythme mensuel, faute d’un budget suffisant, mais les fondateurs d’Ecotalk comptent bien développer ce type de format plus poussé. Leur plus grande réussite à ce jour : un documentaire sur le lynx (Le Dernier Territoire du lynx), d’abord pensé pour YouTube et qui a finalement fait son chemin jusqu’au grand écran en janvier 2025. Accompagnées de débats, les projections ont permis au duo de constater directement l’impact de son travail. « J’ai l’impression que pour certains, c’était libérateur de pouvoir discuter entre personnes qui veulent essayer de trouver des solutions pour réussir à vivre tous ensemble », se réjouit Noémie.
L’aventure cinématographique continue pour le tandem, en tournage de son prochain documentaire consacré au changement climatique en montagne. Prévu pour durer un ou deux ans, il illustrera l’évolution du milieu au fil des saisons. « Et montrera, par exemple, que des animaux comme le lagopède alpin ou le lièvre variable, qui sont tout blanc l’hiver, se retrouvent exposés à leurs prédateurs dans un environnement marron », prévoit Noémie. Avec toujours la même intention : éveiller les consciences, avant qu’il ne soit trop tard.
Pour aller plus loin
Face au lynx boréal
Le plus gros félin d’Europe est en danger en France. La population de lynx boréaux, déjà fragilisée par sa faible diversité génétique, est aussi menacée par la perte d’individus tués par braconnage ou lors de collisions automobiles. Si rien ne change, cet animal pourrait disparaître d’ici cent ans. Tel est le propos du documentaire Le Dernier Territoire du lynx, réalisé par Ecotalk et Pierre Sabatié. Cette production d’une durée de 52 min sera projetée lors du Festival Salamandre, le dimanche 26 octobre. Elle sera également consultable sur la chaîne YouTube Ecotalk dès le mois de décembre : youtube.com/@ecotalkfr
Festival Salamandre
Le Festival Salamandre se tient cette année du 24 au 26 octobre à Morges, sur le thème des Métamorphoses. Les fondateurs d’Ecotalk seront présents, pour la conférence Le vivant en story sur la grande scène du Théâtre de Beausobre, le dimanche 26 de 16h à 16h45. Aux côtés des influenceurs naturalistes Théo Chapuis (Insectopode) et Antoine Lavorel, ils aborderont la question de la sensibilisation et du changement de notre rapport au vivant sur les réseaux sociaux, ce moyen d’information gagnant de plus en plus de terrain par rapport aux médias traditionnels. festival-salamandre.org

Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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