Pourquoi voit-on plus de méduses l’été ?
La réponse de Delphine Thibault, océanographe et biologiste à l’Université Aix-Marseille.
La réponse de Delphine Thibault, océanographe et biologiste à l’Université Aix-Marseille.

Les méduses ne savent nager qu’à la verticale entre la surface et le fond des océans. Ce sont les courants marins qui les poussent à l’horizontale. Pendant l’été, ces courants les dirigent davantage vers les côtes. Il y a aussi un biais d’observation : les gens vont plus souvent à la plage en été qu’en hiver. Durant la mauvaise saison, un échouage massif peut par exemple passer inaperçu, car il y a moins de promeneurs ou de baigneurs pour le voir. Enfin, les méduses ont tendance, comme la plupart des animaux, à se reproduire au printemps. Les jeunes sont donc observables l’été.
Quelles sont les conditions météorologiques favorables pour observer des méduses près des côtes ?
Au bord de la Méditerranée, c’est typiquement après un fort mistral. À Marseille, par exemple, ce vent pousse les eaux vers le large. Puis, quand il tombe, une sorte d’effet rebond se met en place et les eaux du large reviennent vers la côte. À ce moment, il y a de bonnes chances de voir arriver en masse Pelagia noctiluca, l’espèce la plus présente dans la région. Dans le golfe de Gascogne, les flux de sud sont très propices à l’arrivée de grosses méduses sur le littoral atlantique.
Des proliférations de méduses sont observées ces dernières décennies. Comment l’expliquer ?
La pollution humaine est un facteur important. Les déchets plastiques rejetés peuvent servir de supports aux **polypes*. C’est plutôt profitable aux hydroméduses, qui mesurent quelques centimètres. Les rejets d’éléments nutritifs dans la mer via les eaux usées bénéficient aussi au phytoplancton, dont se nourrissent les méduses. L’autre point important, c’est la surpêche**. On prélève d’énormes quantités de petits poissons pélagiques : anchois, sardines... qui ont le même régime que les méduses. Ces dernières ont donc plus de nourriture à disposition et prolifèrent.
Le réchauffement climatique leur est-il favorable ?
Oui, les méduses sont très adaptables et peuvent vivre dans des conditions extrêmes, avec un besoin en oxygène très faible. Ce sont des animaux très simples : pas de cerveau, pas de cœur... Un organisme basique s’adapte plus facilement. Certaines espèces qui viennent de la mer Rouge par le canal de Suez sont observées dans la partie orientale de la Méditerranée. La température de l’eau est un peu trop fraîche pour elles à l’ouest, mais on peut s’attendre à ce qu’elles avancent de plus en plus vers le détroit de Gibraltar ces prochaines années.
* Polype
nom m. Chez les méduses, stade spécifique de leur développement qui consiste en un pied fixé à un support et muni d’une bouche à son extrémité. Le polype se forme lorsqu’une larve de méduse, libérée après la reproduction, s’accroche aux fonds marins. Il grandit, parfois se reproduit de façon clonale, puis relâche quantité de bébés méduses déjà formés.

Retrouvez les réponses à vos questions dans notre rubrique Questions nature.

Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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