Pourquoi les chauves-souris se rassemblent-elles à l’automne ?
La réponse de Marc Bastardot, responsable régional de l’antenne vaudoise du Centre de coordination ouest pour l’étude et la protection des chauves-souris (CCO).
La réponse de Marc Bastardot, responsable régional de l’antenne vaudoise du Centre de coordination ouest pour l’étude et la protection des chauves-souris (CCO).

À la fin de l’été, les chauves-souris quittent leur gîte estival pour rejoindre un site où la température sera stable pour hiverner. En chemin, elles se regroupent devant des grottes, souvent en forêt, où se déroule le phénomène d’essaimage, plus communément appelé swarming. Il caractérise un comportement de vol collectif spectaculaire et s’achève durant l’automne. Les chauves-souris se rendent sur ces sites lors de haltes migratoires, bien que certaines hiverneront sur place ou à proximité. Le grand murin peut ainsi parcourir jusqu’à 40 km pour rejoindre une zone de swarming. À cette occasion, on pense qu’il y a un transfert d’informations entre les mères et les jeunes. Elles leur apprendraient notamment à trouver l’emplacement de gîtes hivernaux. Durant l’essaimage, ces chiroptères se posent aussi pour s’accoupler. Le grand nombre d’individus venant de gîtes différents permet un brassage génétique.
Comment se déroulent ces regroupements ?
Quelques heures après le coucher du soleil, il est possible d’observer des vols de nombreux individus grâce à des caméras thermiques. Elles montrent des comportements de poursuite entre ces mammifères et des vols incessants en rond. Les détecteurs à ultrasons* permettent de détecter une grande quantité de cris sociaux, mais il est difficile d’isoler les sons, car il y a souvent sept ou huit espèces différentes qui vocalisent en même temps. On distingue cependant principalement des bêtes forestières comme les murins, les oreillards ou les barbastelles.
Que reste-t-il à comprendre de ce phénomène ?
Beaucoup de choses ! Les captures à l’aide de filets permettent de faire des marquages et des prélèvements pour étudier la dynamique et la biologie des populations. En analysant le patrimoine génétique des mères et de leurs petits, on a pu identifier que les femelles s’accouplent avec plusieurs mâles par exemple. Ils sont présents en proportions bien plus importantes que les femelles et peuvent essayer de s’accaparer plusieurs d’entre elles localement. Même si certains scientifiques pensent, à l’inverse, que ce sont les femelles qui choisissent leurs partenaires. Mais pourquoi un mâle est-il plus attractif qu’un autre ? Cela reste encore un mystère.
*Ultrasons
nom m. Sons de très haute fréquence, inaudibles pour l’homme, émis par les chauves-souris pour se repérer, chasser et communiquer grâce à l’écholocalisation. Des détecteurs spécifiques permettent de les enregistrer pour déterminer ainsi les différentes espèces présentes.
Retrouvez les réponses à vos questions dans notre rubrique Questions nature.

Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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