Pourquoi certaines fleurs poussent en tapis ?
Au printemps, des fleurs s'épanouissent en s'étendant au sol et en formant de grands tapis. Le botaniste Pascal Vittoz explique ce phénomène.
Au printemps, des fleurs s'épanouissent en s'étendant au sol et en formant de grands tapis. Le botaniste Pascal Vittoz explique ce phénomène.
La réponse se cache sous terre ! Ces plantes ont des organes spécialisés qui leur permettent de se multiplier. Les plus efficaces sont les rhizomes. Ces tiges souterraines s’étendent à l’horizontale et forment un réseau par ramifications successives. Elles produisent une fois par an des pousses aériennes portant les feuilles et fleurs. Ainsi naît par exemple un parterre d’anémones des bois, qui sont les clones d’un individu de départ peut-être âgé de plusieurs siècles ! D’autres végétaux se propagent via des bulbes telles la jonquille ou la scille à deux feuilles ou par des tubercules comme les corydales.
Ces plantes ne se reproduisent que par clonage ?
Non, elles pratiquent aussi la reproduction sexuée. Les fleurs sont justement là pour attirer les insectes qui transportent le pollen de corolle en corolle. Chez les espèces à bulbes et tubercules, les graines servent aussi à étendre les colonies. Prenez le perce-neige : à maturité, ses tiges de 30 cm ploient sous le poids de gros fruits. Quand ils s’ouvrent, les graines tombent à proximité du plant mère et sont parfois disséminées 2 à 3 m à la ronde grâce à un partenariat ingénieux appelé myrmécochorie*.
*Myrmécochorie
nom f. Mode de dispersion des graines par les fourmis, observé principalement dans les sous-bois. Attirés par la qualité nutritive des semences, les insectes les acheminent jusqu’à la fourmilière et les laissent parfois tomber en cours de route… ce qui fait les affaires de la plante.
Pourquoi ces tapis sortent surtout au printemps ?
Pour des raisons stratégiques ! Avec les glucides stockés dans les rhizomes, tubercules ou bulbes, les jeunes pousses doivent grandir au plus vite avant la feuillaison de la canopée forestière. Elles profitent ainsi des rayons solaires qui atteignent et réchauffent le sol. Leurs fleurs attirent les premiers bourdons et mouches actifs. De leur côté, les feuilles reconstituent par photosynthèse la réserve d’énergie souterraine en prévision de l’année suivante. Elles doivent faire vite car bientôt, le feuillage des arbres laissera filtrer bien peu de lumière. Seulement 1 à 2 % dans le cas d‘une
hêtraie !
Cet empressement a-t-il des inconvénients ?
Oui. Le top départ de sortie étant donné par l’adoucissement des températures, ces fleurs prennent le risque de s’exposer à un gel tardif destructeur ou de s’épanouir trop tôt par rapport à leurs pollinisateurs. Comme elles se basent sur d’autres paramètres que les arbres pour régler l’éclosion de leurs bourgeons, il arrive aussi qu’elles se développent trop tard par rapport à eux. Ces décalages pourraient s’accentuer avec les bouleversements climatiques...
Les réponses à vos questions sur la faune et la flore sont dans notre rubrique FAQ Nature.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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