Loups et élevage bovin : comment cohabiter ?

Les loups sont là… et alors ?

Dans le massif du Jura, les loups sont revenus depuis quelques années. Ils n’ont pas été réintroduits : ils sont revenus d’eux-mêmes depuis les Alpes, recolonisant peu à peu les massifs. Leur présence soulève inévitablement une question sensible : comment faire cohabiter loups et élevage ?

À la station des Rousses, en plein cœur du Haut-Jura, Julien Perrot rencontre Jean-Marc Landry, biologiste comportementaliste reconnu, qui accompagne depuis plusieurs années les éleveurs de la région. Son approche : mêler savoir scientifique et savoir paysan, pour trouver des solutions concrètes sur le terrain.

Mais pour les éleveurs de bovins, les choses sont particulièrement compliquées. Ce bétail est officiellement considéré comme "non protégeable", ce qui signifie qu’aucune aide de l’État n’est prévue pour sécuriser les troupeaux. Résultat : les éleveurs qui veulent protéger leurs bêtes doivent le faire seuls, à leurs frais, avec les moyens du bord.

Dans cet épisode, on suit Camille, une jeune agricultrice touchée par une attaque de loup, qui a décidé de se retrousser les manches malgré les difficultés. Clôtures électriques, chiens de protection, pièges photo… et beaucoup d’énergie.

Un quotidien difficile pour les éleveurs

Direction l’exploitation de Camille, agricultrice dans le Haut-Jura. Elle élève 90 vaches laitières et autant de génisses. En 2022, une attaque de loup a bouleversé son quotidien.

« Une génisse de 11 mois a été tuée. Après ça, je ne dormais plus. Je partais dans les pâtures au milieu de la nuit, je redescendais à 4h pour traire… j’étais épuisée. »

Pour se protéger, elle a mis en place un parc sécurisé selon les recommandations de Jean-Marc. Mais entre les fils électriques, les batteries à recharger, les reliefs compliqués, l’investissement est lourd : plus de 3 000 € de matériel et un mois de travail.

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Tirer sur les loups : Une fausse solution ?

En Suisse et en France, les tirs de loups sont souvent la première réponse politique à une attaque. Mais Jean-Marc Landry le dit clairement : ce n’est pas une solution durable.

« On a tiré beaucoup de loups, notamment en Suisse. Et les attaques continuent. Tuer un loup n’empêche pas les autres de passer. »

Jean-Marc n’exclut pas les tirs dans certaines situations, mais uniquement s’ils accompagnent un réel travail de protection. Sinon, ils ne sont qu’un pansement temporaire.

Coopération et connaissance du terrain

Dans cette histoire, personne ne détient la solution miracle. Mais ce que montre ce reportage, c’est que le dialogue entre scientifiques et éleveurs est essentiel. Chacun a des savoirs à apporter. Et les outils techniques (comme les caméras-pièges) permettent d’ajuster les stratégies de protection.

Les éleveurs ont un savoir du terrain irremplaçable. Ils savent où les loups passent, où placer les caméras, comment réagir et c’est en unissant les forces qu’on progresse.

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