Lagopède alpin : le cri blanc des montagnes en danger

La veille d’un effondrement

Le 28 mai 2025, les images d’un pan entier de montagne engloutissant le village de Blatten dans les Alpes valaisannes ont fait le tour du monde. Une catastrophe spectaculaire, brutale, mais malheureusement pas isolée. La veille, à seulement 35 km de là, Julien Perrot et sa fille étaient en tournage pour La Minute Nature.

Leur but ? Observer un oiseau devenu rare et mythique : le Lagopède alpin.

Ce hasard bouleversant relie deux histoires. Celle d’un village détruit, et celle d’un oiseau menacé d’extinction. Toutes deux sont les reflets d’une même crise : le dérèglement climatique.

À la recherche de l’oiseau des neiges

Le lagopède alpin, surnommé oiseau des neiges, est un maître du camouflage. Trois fois par an, il change de plumage pour se fondre dans le décor : blanc éclatant en hiver pour disparaître dans la neige, brun moucheté au printemps, puis brun plus uniforme en été pour se confondre avec les roches et les pelouses alpines. Cette adaptation unique lui permet d’échapper aux regards de ses prédateurs.

Discret, farouche et parfaitement invisible à qui ne sait pas observer, le lagopède est aussi l’un des oiseaux les plus emblématiques des hautes montagnes. Le croiser lors d’une randonnée est un privilège rare, un instant suspendu où le sauvage se dévoile.

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Un oiseau... ingénieux

Le lagopède alpin est bien plus qu’un simple oiseau au plumage changeant. C’est un véritable petit génie de l’adaptation. Ses pattes, recouvertes d’un épais manteau de plumes, deviennent de véritables raquettes naturelles en hiver, lui permettant de marcher sur la neige sans s’enfoncer.

Ses plumes doubles, dotées d’un duvet isolant, le protègent du froid extrême, jusqu’à des températures pouvant descendre à -30 °C !

Un îlot de froid qui rétrécit

Le lagopède vit exclusivement dans les zones froides et rocheuses d’altitude. Des milieux où la neige persiste et où il peut échapper à la chaleur. Pourtant, avec le réchauffement global, ces îles de froid se réduisent. La neige disparaît plus tôt, l’espace disponible se contracte, les menaces s’intensifient.

Dans certaines chaînes de montagne comme les Alpes bernoises ou les Préalpes vaudoises, on craint que l’espèce ait déjà disparu localement. En remontant vers les sommets, le lagopède finit par atteindre une impasse : au-delà, il n’y a plus rien. Son habitat s’évapore, mètre après mètre.

Quand son destin rejoint le nôtre

Pourquoi s’inquiéter du sort d’un oiseau discret perché à 2500 mètres d’altitude ? Parce que son sort est intimement lié au nôtre.

Le lagopède a besoin de neige. Et cette neige, en fondant au printemps, alimente nos rivières. Elle remplit les barrages, irrigue les cultures, régule les températures. Sans elle, ce sont les sécheresses, les incendies, les pénuries d’eau.

Blatten, dévastée par l’instabilité de la montagne, est un signal d’alarme. Tout comme la disparition progressive du lagopède.

Retrouvez tous les épisodes de La Minute Nature sur salamandre.org ou en vous abonnant à la chaîne YouTube de Julien Perrot !