La métamorphose d’une cour d’école
De plus en plus d’établissements scolaires végétalisent leur extérieur pour rapprocher les élèves de la nature. Reportage à Moutier, où une prairie va remplacer le bitume.
De plus en plus d’établissements scolaires végétalisent leur extérieur pour rapprocher les élèves de la nature. Reportage à Moutier, où une prairie va remplacer le bitume.
La cour d’école en goudron, avec une marelle peinte au sol et, parfois, un platane planté au milieu, c’est désormais has been. Dans toute la Suisse, les projets se multiplient pour mettre de la verdure sur les terrains de jeux des élèves. L’école primaire de Moutier, qui basculera du canton de Berne à celui du Jura au 1er janvier 2026, est ainsi en pleine métamorphose. Lors de notre visite au mois de juin, le rectangle de macadam qui jouxtait le bâtiment principal avait déjà en grande partie disparu, remplacé par des parcelles mises en terre qui se transformeront en prairies fleuries lors du prochain printemps. Mais, dès la rentrée, le 18 août, un cerisier sauvage et des arbustes, tels des chèvrefeuilles, sorbiers des oiseleurs et sureaux, accueilleront les enfants.

La cour végétalisée va donc permettre aux enseignants d’aller plus loin dans la relation au vivant, en côtoyant la nature au quotidien. Un potager sera géré par les différentes classes et la profusion de fleurs et de baies va permettre d’attirer toute une cohorte d’animaux, qui vont ajouter un peu de sauvage dans la vie scolaire.
« J’essayais d’enseigner à mes élèves les chants d’oiseaux, mais, dans la cour, la diversité d’espèces était faible. Avec les fleurs et les arbustes, j’ai bon espoir que cela change », confie Émilie Roth.
Les plantations vont en effet inévitablement attirer coléoptères, abeilles sauvages, fourmis, moucherons... et donc des merles, étourneaux, rougegorges, et pourquoi pas un pic vert ou, à la belle saison, des hirondelles ?

La cour des fleurs
Les enfants ont participé au projet, soutenu financièrement notamment par la Salamandre, Radix et la Fondation Federer (> Des projets à la pelle). L’équipe éducative a recueilli leurs idées pour améliorer la cour et certaines envies ont pu être retenues. « Ils étaient nombreux à vouloir une cabane et on en a fait une. Il y aura aussi des jeux d’équilibre et un jet d’eau », note Laure Varisco.
Un concours de dessins a également été organisé pour trouver un nouveau nom à l’espace extérieur. C’est La cour des fleurs qui a été retenue. Lila, 8 ans, en est l’auteure. Elle explique son choix : « Il y aura des herbes, des arbres et peut-être des fleurs. C’est joli et coloré ». Xéliandra, auteure d’un dessin intitulé La cour des petits oiseaux , a un faible pour nos voisins ailés. « ça va être une grande cour avec plein de sortes d’oiseaux et je trouve que nous sommes parfois comme des petits oiseaux à faire un peu n’importe quoi », rigole-t-elle.
Ce « n’importe quoi » joyeux, c’est le rôle des enseignants de le canaliser et de le transformer en une énergie d’apprentissage. Car la cour de récréation végétalisée sera aussi une classe d’école à ciel ouvert. De nombreuses études montrent que les leçons données en plein air sont bénéfiques pour la concentration des écoliers. Le trio de maîtresses approuve.
« L’école à ciel ouvert, ça les recentre mentalement », sourit Marion Simon-Vermot, qui emmène ses ouailles une journée par semaine entre les arbres.
Et puis, dans l’immédiat, le jardin remplira le rôle très apprécié de climatiseur naturel lors des chaudes journées de la rentrée scolaire.

Projets en cours

Bien sûr, de nombreuses écoles suisses ont encore des cours avec peu de plantes et trop de goudron, mais la tendance est à la végétalisation des espaces extérieurs avec le soutien financier des cantons, des communes et de fonds privés. Les Fondations Roger Federer et Radix pour la santé, qui cofinancent les travaux de l’école primaire de Moutier, aident ainsi de nombreuses structures à faire de leur espace extérieur un petit coin de paradis naturel via le programme Cour verte. Le collège de Prélaz à Lausanne a par exemple inauguré en 2024 sa cour végétalisée avec une petite forêt urbaine. Tout comme l’école du Mail à Genève, qui a achevé son chantier en mai dernier. Dans cet établissement, un effort particulier a été déployé pour désimperméabiliser le sol autour d’arbres déjà existants.

Pour aller plus loin...

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Les bienfaits de l’école à ciel ouvert
Une cour végétalisée est un lieu formidable pour y pratiquer l’école à ciel ouvert. Le livre de la Salamandre fait la synthèse des recherches internationales menées dans ce domaine.

Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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