Héliski : bataille sur les cimes dans les Alpes suisses
L’association Mountain Wilderness lutte contre l’héliportage de skieurs en montagne. Un business lucratif qui menace la faune.
L’association Mountain Wilderness lutte contre l’héliportage de skieurs en montagne. Un business lucratif qui menace la faune.
Se faire déposer en hélicoptère sur les plus beaux sommets pour tracer des courbes dans la poudreuse, c’est interdit ou restreint dans la plupart des pays voisins. La pratique est pourtant courante en Suisse et attire les amateurs de glisse de toute l’Europe. Une offre touristique étonnamment abordable qui hérisse le poil de Mountain Wilderness. L’association a fait de la lutte contre l’héliski son cheval de bataille depuis qu’elle s’est constituée en 1994.
« Ces engins ont le droit d’atterrir sur 40 sites au-dessus de 1 100 m d’altitude. La moitié se situe à l’intérieur ou à proximité de zones protégées », dénonce Maren Kern, directrice générale de l’ONG. Chaque année, plus de 28 000 mouvements aériens – décollages et atterrissages – ont lieu dans les Alpes suisses. Environ 14 500 sont liés à l’héliski et à des activités de loisir.
« Ces allées et venues génèrent un bruit énorme qui fait fuir les animaux sauvages. Ce stress engendre une dépense d’énergie inutile menaçant leur survie », explique l’écologue. En effet, la haute saison de l’héliski s’étend de mars à mai, période à laquelle la faune de montagne sort affaiblie de l’hiver et peine encore à trouver de la nourriture.
Maren Kern pointe également du doigt l’« écobilan calamiteux » des hélicoptères mobilisés pour amuser des vacanciers qui n’ont pas envie de gravir les pentes à peaux de phoque.
“Ces allées et venues génèrent un bruit énorme qui fait fuir les animaux sauvages.
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Mountain Wilderness s’élève contre cette « absurdité » en sensibilisant le public, mais aussi en agissant au niveau politique et juridique. Malheureusement, selon Maren Kern, ces arguments ne convainquent guère les milieux touristiques et les guides de montagne concernés, pour qui cette offre représente une source importante de revenus. Pire, depuis trois ans, plusieurs stations valaisannes proposent de l’hélibiking : même principe que le ski héliporté, mais la descente se fait à vélo tout-terrain à la belle saison.
« Deux places d’atterrissage radiées dans l’Oberland bernois, c’est tout ce que nos partenaires et nous avons obtenu en vingt-sept ans de lutte », se désole la directrice générale. Heureusement, cette dernière sent le vent tourner depuis l’arrivée des enjeux environnementaux dans le débat public, notamment depuis la Grève pour le climat en 2018. « L’année suivante, après des discussions en bonne intelligence, nous avons réussi à faire retirer une nouvelle offre d’hélibiking dans le massif des Diablerets. Signe que les mentalités changent. » Forte de ce constat, l’association poursuit son combat. Elle organisera une manifestation les 26 et 27 mars 2022 sur un site d’atterrissage pour l’instant tenu secret afin de dénoncer cette atteinte à la nature. Le rendez-vous est pris pour une bataille sur les cimes gravies… à la force des mollets.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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