Mistral, tramontane et autan, le trio de vents qui secoue le sud de la France
Entre les reliefs du sud de la France, des vents puissants s'engouffrent à toute vitesse. Décryptage.
Entre les reliefs du sud de la France, des vents puissants s'engouffrent à toute vitesse. Décryptage.
Mistral gagnant
C’est sûrement le vent local le plus connu. Le mistral évoque le sud, mais aussi une froide morsure venant du nord sous le ciel bleu de Provence. Même si on peut envier la météo hivernale dans le Luberon ou les Alpilles – des jours d’affilée sans un nuage, avec un thermomètre qui dépasse souvent les 10 °C –, le climat local a donc aussi ses coups de mou. Pour que le mistral se mette en place, il faut la présence conjointe d’un anticyclone sur le golfe de Gascogne et d’une dépression au-dessus du golfe de Gênes sur le littoral italien. Entre ces deux systèmes, un courant d’air venu de l’Atlantique s’engouffre, aspiré par la dépression, et accélère dans la vallée du Rhône cernée par le Massif central et les Alpes. C’est dans la région d’Avignon et de Marseille que le mistral souffle le plus fort. Et il souffle très fréquemment. Pour la période 1993-2020, la ville d’Avignon a enregistré en moyenne 108 jours par an avec des rafales supérieures à 58 km/h, et c’est essentiellement dû au mistral.

Trame montagneuse
En France, les massifs montagneux se concentrent dans le sud et l’est du pays. Le relief perturbe l’écoulement des courants d’air. Le vent a deux possibilités : soit contourner les massifs, soit les surmonter. Quand il fait le tour des montagnes, le vent s’engouffre dans les vallées et accélère. La tramontane en est un nouvel exemple : ce vent violent et froid de secteur ouest à nord-ouest parcourt les territoires situés entre les Pyrénées et le sud du Massif central. Les causes météorologiques qui provoquent sa formation sont les mêmes que pour le mistral, sauf qu’il suit l’orientation de la vallée de l’Aude qui diffère de celle de la vallée du Rhône.
En revanche, le changement climatique pourrait rendre plus rares les épisodes de tramontane. Selon une étude publiée en 2017 par une équipe de scientifiques italiens, allemands et français, les projections effectuées selon deux scénarios de réchauffement climatique – médian et élevé – indiquent une chute de la fréquence de ce vent. Alors qu’au contraire le mistral ne subirait pas les effets du changement climatique. Hasard ou confirmation ? Depuis le début des années 2020, le nombre de jours de tramontane est en baisse. Et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Car, en refroidissant la couche supérieure de la Méditerranée, ce vent participe au brassage des eaux et donc des nutriments, qui bénéficie à toute la chaîne alimentaire marine.

Autan en emporte...
Il est à rebrousse-poil de la tramontane. Le vent d’autan décoiffe le sud du Massif central et le piémont pyrénéen depuis le sud-est. Il constitue le prolongement du vent marin qui souffle depuis la Méditerranée sur les côtes du Languedoc-Roussillon. L’autan accélère après avoir passé Carcassonne et le seuil du Lauragais, qui correspond à un goulet d’étranglement entre le Massif central et les Pyrénées. « En mécanique des fluides, pour avoir une conservation de la masse si la taille du tuyau se réduit, il faut que le fluide accélère. Le fluide, c’est l’atmosphère. Donc, le vent d’autan accélère dans le seuil du Lauragais », détaille Michaël Kretz.


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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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