Comment mieux comprendre le langage des oiseaux ?

Il est aujourd’hui très simple de caractériser les oiseaux par leurs vocalisations. Micros et enregistreurs sont abordables, les logiciels d’analyse intuitifs et toute une communauté partage des sons en ligne à travers le monde. Cette évolution surprend les passionnés d’oiseaux longtemps cantonnés à l’observation visuelle. L’objectif de mon livre Les oiseaux par le son est de combler le déséquilibre très répandu chez le naturaliste entre sa vue et son ouïe. L’identification à vue d’un petit échassier, d’un pouillot ou d’un goéland est souvent très complexe, alors que les critères acoustiques sont d’une simplicité déconcertante.

Que peut-on découvrir avec un enregistrement que les jumelles ne permettent pas ?

L’ouïe surclasse la vue dès que les conditions d’observation sont difficiles, c’est-à-dire… souvent ! Pensez aux migrateurs en plein ciel, aux oiseaux cachés dans les roselières, les buissons ou les forêts denses… ou encore à toutes ces espèces qui migrent de nuit. On a par exemple découvert d’impressionnants passages nocturnes de bruants ortolans et de gobemouches au-dessus de Paris. Et nos écoutes ont révélé cette année une importante population de la rarissime marouette de Baillon dans les marais de Brière, vers Nantes.

L’approche par le son peut-elle servir la protection des oiseaux ?

Oui. Cette méthode fournit des données innombrables, automatisées et à coût réduit. De jour comme de nuit et sans aucun dérangement. Ces informations plus précises permettront des actions de conservation plus efficaces. C’est le cas depuis longtemps pour les chauves-souris.

Quels conseils donnez-vous à qui veut se lancer ?

Equipez-vous de matériel simple et bon marché : un petit micro omnidirectionnel et un enregistreur de poche. Capturez tous les sons qui vous intriguent, ou simplement ceux que vous appréciez. Prenez le temps de les réécouter et de regarder leurs sonagrammes*. Commencez par maîtriser sur le bout des doigts les 15 à 20 espèces communes qui représentent la quasi-totalité des sons du quotidien. Il faut prévoir 80 % de temps sur le terrain et 20 % derrière l’ordinateur.

Découvrez nos vidéos sur les chants d'oiseaux dans la Minute Nature.