Changement d’heure: attention aux animaux sur la route !

Vous rentrez chez vous après une longue journée de travail, les phares de votre véhicule balayant la route. Il n'est pas si tard, et pourtant, le soleil se couche déjà : dimanche 26 octobre 2025, le pays est passé à l’heure d’hiver. Soudain, une masse sombre surgit du bas-côté. À sa taille moyenne et à sa course bondissante, vous reconnaissez un chevreuil.

Comme lui, beaucoup d’animaux sauvages sont particulièrement vulnérables à cause du changement d’heure. En effet, l’heure de pointe du trafic routier coïncide tout à coup avec le crépuscule, leur période d’activité de prédilection. “En général, les animaux essayent d’éviter l’activité humaine, mais c’est principalement le rythme jour-nuit qui régit leur comportement”, explique Nicolas Roeschli, chargé de campagne au sein de l’association suisse Quatre pattes et biologiste de formation. En prévision de cette période à risque, une grande compagnie d’assurances a d’ailleurs publié un communiqué pour avertir ses clients. Les animaux, y a-t-elle rappelé, ne sont repérés que tardivement par les conducteurs, à cause du manque de lumière.

En ces temps automnaux, certains animaux sont, de plus, particulièrement actifs : tandis que la période de rut des chamois commence, les grenouilles rousses voyagent vers leurs quartiers d’hiver. Avec la pluie, les amphibiens s’aventurent, de manière générale, plus souvent sur les routes. Ajoutez à cela une mauvaise visibilité provoquée par le brouillard et la pluie, plus fréquents, et vous obtenez les conditions parfaites pour une collision.

Le lynx parmi les victimes

Le centre de soin Athénas, dans le Jura français, en fait chaque année le constat avec les lynx qu’il prend en charge : dès septembre, les collisions augmentent. Un phénomène favorisé notamment par les battues à gibier, qui accroissent les mouvements de populations de proies que suit le félin. Les femelles suitées se déplacent aussi plus pour nourrir leurs petits. L’augmentation des risques ne se cantonne donc pas au moment précis du changement d’heure. “Mais elle est amplifiée par le changement d’heure, car brutalement, tout un flux de voitures qui roulaient jusque là de jour, se déplace de nuit”, pointe Gilles Moyne, directeur du centre. Pour le prédateur, cette période de vulnérabilité dure jusqu’au mois de mars, à la fin du rut. “En 2024, 24 collisions sur 29 ont eu lieu entre mi-septembre et fin février, sur tous types de voiries, mais surtout les départementales”, déplore Gilles Moyne.

Des risques aussi à l'heure d'été

Toutefois, chaque saison a son lot de risques : au printemps par exemple, en pleine période de naissances, il faut prendre garde aux jeunes animaux. D’autant plus qu’intervient le changement vers l’heure d’été – d’un coup, le pic de trafic routier coïncidera de nouveau avec l’aube.

Quid de conserver l’heure d’été ou l’heure d’hiver toute l’année ? “Sans changement d’heure, la coïncidence entre heure de pointe et aube ou crépuscule se produirait un peu plus tard, mais se produirait tout de même”, analyse Nicolas Roeschli.

L’ajustement de notre conduite pour limiter les accidents avec la faune sauvage demandera donc toujours un effort particulier lorsqu'automobilistes et animaux se croiseront sur la route avec une visibilité mauvaise.