© Benoît Demarle

A la rencontre de l’aigle de Bonelli

Bienvenue aux portes de Marseille, où la roche ocre plonge dans la mer. Le mythique aigle de Bonelli se montrera-t-il ? En route !

Bienvenue aux portes de Marseille, où la roche ocre plonge dans la mer. Le mythique aigle de Bonelli se montrera-t-il ? En route !

En compagnie de Monique et Robin Rolland, ornithologues

Le soleil pointe tout juste derrière la cité phocéenne et grâce à notre réveil matinal, la chaleur nous épargne. Ici, nous pouvons espérer entrevoir le roi du ciel survoler son domaine. L’aigle de Bonelli est un oiseau sédentaire, très fidèle à son vaste territoire. Supportant mal la concurrence avec l’aigle royal, il délaisse les montagnes et affectionne le pourtour méditerranéen.

La garrigue en fleurs, domaine vital des aigles de Bonelli.
La garrigue en fleurs, domaine vital des aigles de Bonelli. / © Benoît Demarle

Sous l’œil de la reine

Monique et Robin Rolland suivent avec assiduité une femelle du prestigieux rapace depuis quatorze ans autour de la calanque de Niolon. Chaque année, ils la voient s’installer sur la même aire de nidification, dans une haute falaise de calcaire. « Elle a eu trois partenaires différents depuis 2007, raconte Monique. Elle doit avoir au moins 17 ans, mais chaque année, elle a mis au monde deux poussins, c’est une championne ! Sauf depuis deux ans. Elle vieillit… » Notre balade commence aux abords du petit port de pêche de Niolon. A cette heure-ci, seul le bruit léger du ressac monte dans les minuscules ruelles. Le sentier balisé suit le bord de mer. Il croise la spectaculaire voie ferrée de la Côte Bleue dont les ponts étirent leurs longues jambes au-dessus de petites criques couleur azur. Les aigles de Bonelli viennent parfois chasser en bord de mer, où ils visent les goélands. « Ils chassent efficacement, alors le reste du temps ils demeurent perchés dans un endroit discret », commente Robin.

Le sentier frôle la mer au niveau de l’anse du Moulon et l’îlot de l’Erevine. Heureusement, nous avons masque et tuba ! Un petit plongeon pour observer girelles, sars et bien d’autres poissons ? Voilà une pause fraîcheur bienvenue avant d’affronter la rocaille et la chaleur. Une piste plus large remonte vers les terres. Dans des replis ombragés où subsiste une certaine humidité, les pistachiers térébinthes exhalent leur odeur résineuse. Nos pas sont silencieux sur la roche.

Lapin de garenne.
Lapin de garenne. / © Frédéric Larrey & Thomas Roger / Biosphoto

En prenant de la hauteur

Un lapin détale. Le petit mammifère fait partie du régime alimentaire principal des aigles de Bonelli, avec les perdrix rouges et les lézards. A cette saison, leur aiglon apprend à chasser. C’est donc la période de l’année où cohabitent le plus d’individus sur cet immense domaine vital de 50 km2. Surveiller le ciel, c’est bien beau, mais il ne faudrait pas manquer l’embranchement du sentier : un raidillon caillouteux qui grimpe vers le sommet du plateau. Là-haut, le regard embrasse la mer Méditerranée.

A la fin de l’été, les jeunes aigles quittent leurs parents et entament une période erratique d’environ trois ans. Généralement, ils gagnent la Camargue ou la plaine de la Crau où ils profitent des proies nombreuses et se perchent sur les rares arbres, à défaut de falaises. « Grâce aux balises posées sur certains individus, on sait que certains se rendent en Espagne, tandis que d’autres s’égarent parfois jusqu’en Bretagne », précise Robin.

Aigle de Bonelli adulte.
Aigle de Bonelli adulte. / © Robin Rolland

La balade se termine au fort de Niolon, construit à la fin du XIXe siècle. Un point de vue idéal pour contempler l’ensemble du territoire du maître des lieux. Un oiseau passe au loin d’un vol rapide. Robin a l’œil affûté, et la longue-vue à portée de main. « Taille réduite, ventre clair contrastant avec le bout des ailes sombre, une barre noire au bout de la queue… je pense que c’est le mâle. Il a un mammifère dans les serres. » Monique complète : « Le juvénile est plus facile à reconnaître, il est roux sur tout le corps. »

L’ophrys de Provence
L’ophrys de Provence est protégée dans la région. / © Robin Rolland

Les deux passionnés consignent leurs précieuses observations. Depuis cinq ans, ils les transmettent au Conservatoire d’espaces naturels de PACA, l’organisme en charge du plan national d’actions destiné à préserver ce rapace parmi les plus rares de France. Robin désigne les lignes électriques à haute tension qui s’étirent sur les crêtes. « C’est la principale cause de mortalité de ce grand planeur. A part ça, la situation est optimale pour le couple de Niolon : un site préservé, une nourriture abondante et variée… on ne peut pas en dire autant ailleurs en Provence ! »

Le soleil est haut à présent. Tel un aigle de Bonelli au jabot bien rempli, trouvons un perchoir à l’ombre pour savourer le rythme estival de la Méditerranée.

Couverture de La Salamandre n°264

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 264  Juin-Juillet 2021, article initialement paru sous le titre "Avec les aigles de la Côte Ble"
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Récit des balades

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