Comment lutter contre le commerce illégal d’oiseaux ?
En novembre dernier, un vaste trafic de passereaux était démantelé dans le Val-de-Ruz. Comment lutter contre ce type de commerce illégal ?
En novembre dernier, un vaste trafic de passereaux était démantelé dans le Val-de-Ruz. Comment lutter contre ce type de commerce illégal ?
En grimpant dans le Val-de-Ruz (NE), le 6 novembre dernier, l’escouade composée de membres du Service de la faune, de la police neuchâteloise et du Service des affaires vétérinaires s’attendait à trouver des oiseaux détenus dans de mauvaises conditions.
Mais personne n’imaginait découvrir autant de spécimens. Environ 500 individus d’espèces à la fois indigènes et exotiques étaient enfermés dans plusieurs cabanes, à l’abri des regards.
« C’était assez choquant. Des cabanons de jardins avaient été reconvertis en volières, des centaines d’oiseaux y étaient entassés. Les normes sanitaires et de protection des animaux n’étaient pas remplies », témoigne François Turrian, le directeur de l’association BirdLife, invité à participer à l’opération pour permettre à la police d’identifier au mieux les oiseaux séquestrés.
Parmi les espèces autochtones, les chardonnerets élégants arrivent largement en tête, devant les tarins, serins, verdiers, bouvreuils, linottes et pinsons du Nord.
« Les chardonnerets sont vendus dans les pays méditerranéens, au Maghreb, mais aussi en Espagne ou au Portugal », explique François Turrian.
En Afrique du Nord, ce passereau est domestiqué depuis le VIIIe siècle.
Cette espèce, dont le commerce est strictement encadré par la Convention de Washington et exige d’obtenir des permis de vente, est autant appréciée pour son ramage que pour son plumage. Un individu peut se vendre entre 100 et 200 CHF au marché noir.
Le point crucial pour sauver les individus migrateurs était de les relâcher très vite pour leur permettre de reprendre leur voyage vers le sud, avant la chute des températures.
« La première mission était de reconnaître les oiseaux locaux afin de ne pas relâcher d’espèces exotiques dans la nature.
Ensuite, j’ai insisté pour que le ministère public puisse donner le feu vert afin de les libérer le jour même pour éviter un stress supplémentaire. Des oiseaux qui ont été détenus en captivité n’ont plus la même force », détaille Pierre-François Gobat, chef des affaires vétérinaires du canton.
Avant de découvrir les cages mortifères et de démanteler ce trafic, les autorités ont mené une enquête rigoureuse.
Quatre personnes ont été interpellées. « On est à l’affût d’informations qui pourraient nous parvenir sur ce genre de sujet », ajoute Pierre-François Gobat.
Cette fois-ci, ce sont les gardes-faune qui avaient observé des allées et venues ainsi que des équipements suspects dans les forêts neuchâteloises.
« Il y a parfois des filets qui sont installés. Ce sont le plus souvent des bagueurs d’oiseaux, qui ont des autorisations agréées dans un but scientifique. Mais cela peut aussi être des piégeurs d’oiseaux, qui laissent davantage les filets sans surveillance », prévient François Turrian.
“On demande aux gens d’être attentifs s’ils voient des filets.
„
Dans cette affaire, la police a saisi des cages de capture et des appareils imitant les chants. Les services concernés maintiennent une veille attentive pour débusquer d’éventuels commerces similaires. « Et si ce n’était que la pointe de l’iceberg ? », s’interroge le directeur de BirdLife.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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