La grotte de Lascaux, la chapelle Sixtine de la Préhistoire
Découverte en pleine Seconde Guerre mondiale en Dordogne, la grotte de Lascaux est l'un des joyaux de l'art pariétal. On y retrouve au moins 600 animaux identifiés. La salle des Taureaux, scène la plus spectaculaire du site, laisse voir des œuvres de plusieurs mètres de long.
Découverte en pleine Seconde Guerre mondiale en Dordogne, la grotte de Lascaux est l'un des joyaux de l'art pariétal. On y retrouve au moins 600 animaux identifiés. La salle des Taureaux, scène la plus spectaculaire du site, laisse voir des œuvres de plusieurs mètres de long.
Versailles de la Préhistoire, Altamira française ou chapelle Sixtine de l’art pariétal, autant de dénominations dithyrambiques pour décrire la célèbre grotte de Lascaux… C’est Henri Breuil qui authentifie et décrit pour la première fois l’intérêt archéologique de la cavité située dans la vallée de la Vézère, en Dordogne. Nous sommes en septembre 1940, en pleine Seconde Guerre mondiale et ce spécialiste à la fois préhistorien et abbé a été appelé sur place suite à la découverte du site par Marcel Ravidat. Les circonstances de la trouvaille quelques jours auparavant font quant à elles l’objet de récits divers et contradictoires. La grotte de Lascaux est classée au titre des monuments historiques fin 1940 et ouverte au public en 1948. Dès 1955, les altérations liées à la fréquentation du public sont détectées. Elle ferme en 1963.
Le bestiaire pariétal qui orne les 235 m de galeries naturelles compte environ 600 animaux identifiés parmi un panel de figures plus nombreuses encore. Le cheval domine largement, suivi par l’aurochs et le cerf à égalité. Les carnivores sont très rares et parmi les raretés figure une gravure de bœuf musqué. La salle des Taureaux est la scène spectaculaire de Lascaux avec des œuvres de plusieurs mètres de long, dont les deux groupes d’aurochs qui se font face, entourés de petits cerfs et d’une énigmatique licorne.
Lire aussi: Avec la grotte d’Altamira en Espagne, la découverte de l’art pariétal
La datation de Lascaux a toujours été en débat. L’utilisation d’oxyde de manganèse et non de charbon de bois pour les dessins noirs empêche l’usage de la méthode au carbone 14. Les résultats du programme LAsCO publiés en 2019 situent l’occupation vers - 21 000 avant notre ère.
Le bestiaire de la grotte de Lascaux
Le renne, ce paradoxe
Pourquoi autant d’ossements de rennes dans la grotte de Lascaux et possiblement une seule manifestation artistique en son honneur ? Mystère. Le cerf, avec lequel il est parfois confondable sur les parois, est nettement plus souvent figuré. Il semblerait que, pour les premiers Magdaléniens vivant dans le Périgord paléolithique, le renne était davantage une ressource alimentaire qu’une source d’inspiration. On estime qu’il a pu représenter jusqu’à 95 % du gibier chassé dans la région de Lascaux à l’époque de son occupation, alors qu’il pèse moins de 5 % dans l’art de l’époque.
À noter: Une étude de 2018 a documenté le déclin du renne sauvage migrateur, passant de 4,7 à 2,4 millions d’individus en vingt ans. Certains troupeaux d’Amérique du Nord ont même diminué de 90 %. Le changement climatique serait en cause.
l'Auroch, l'ancêtre de la vache
Icône de l’art pariétal, l’aurochs a été beaucoup chassé au Paléolithique par les Néandertaliens puis par les humains modernes. Le bovidé pouvait atteindre 1,8 m au garrot et peser 1 t. Il vivait en troupeau entre forêts, clairières et prairies. Cette vache primitive joue un rôle fondamental à la toute fin du Paléolithique supérieur. D’animal sauvage peint sur les parois des grottes d’Europe, elle devient l’objet d’une domestication à grande échelle qui aurait débuté il y a 10 000 ans au Proche-Orient. Au XIIIe siècle, la forme sauvage n’existe plus qu’en Europe de l’Est, où elle s’éteindra 400 ans plus tard.
À noter: Des tentatives de reconstitution de l’aurochs ont débuté dans les années 1920 et 1930 par les frères Heck, en Allemagne. Depuis, celui qu’on appelle aurochs de Heck ou néo-aurochs fait l’objet de croisements divers afin de s’approcher toujours plus de l’aspect que l’on imagine être celui de l’animal disparu. Il est utilisé en agriculture, pour l’entretien de milieux naturels, ou présenté dans des parcs.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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