Le joran et la bise, deux vents qui refroidissent la Suisse
Un énorme orage de joran a secoué Neuchâtel en juin dernier. Comment ce vent a t-il pu souffler à 140 km/h ?
Un énorme orage de joran a secoué Neuchâtel en juin dernier. Comment ce vent a t-il pu souffler à 140 km/h ?
Un vent de gravité
Une partie de la rédaction de la Revue Salamandre étant basée à Neuchâtel sur le versant sud du Jura, faisons un peu de salamandro-centrisme avec un vent local très particulier qui peut soudainement se lever ici : le joran. Attention, plusieurs courants d’air imprévisibles peuvent prendre ce nom dans la région – d’ailleurs, le joran existe aussi sur les rives du Léman. Voici donc un petit guide de survie si vous voulez discuter joran avec un interlocuteur local.
Premier cas de figure. Ce vent de nord-ouest survient après le passage d’un front froid. L’air qui déferle de France est dense et lourd et bute sur la chaîne du Jura. Puis, « quand l’air froid enjambe finalement le Jura, il s’écoule par gravitation sur le Plateau suisse et ça fait un gros coup de vent soudain », analyse le météorologue Olivier Duding. Visuellement, cela se traduit par un nuage aplati. Il est toujours difficile de prévoir l’heure exacte de la survenue du joran, ce qui fait sa légende.
C’est aussi le cas lors des épisodes d’été où l’appellation de ce vent prend une tout autre nature. Par temps d’orage, l’air chaud ascendant se refroidit en altitude et redescend sur les versants du Jura pour déclencher brutalement un vent sur les lacs. Le 17 juin 2025, un orage de joran très violent s’est abattu sur Neuchâtel avec des rafales à 140 km/h. Un record pour la région. « L’orage expulse de l’air froid, et dans le cas de celui qui a frappé Neuchâtel, la chaîne du Jura a amplifié le phénomène. L’orage est aussi passé sur les hauteurs, à La Chaux-de-Fonds par exemple, mais les vents étaient moins forts, car il n’y avait pas cet effet topographique », précise l’expert de MétéoSuisse.
Le saviez-vous ?
Patois du Léman : Depuis la nuit des temps, les populations de chaque région nomment les vents qui amènent le mauvais ou le beau temps, ou d’autres présages de la nature. On voit ici sur les bords du lac Léman, partagés entre la France et la Suisse, qu’une multitude d’appellations existent pour qualifier des courants d’air locaux.

Une bise ou deux ?
Sur le Plateau suisse, en Allemagne et dans l’est de la France, le vent froid qui souffle du nord-est se nomme la bise. « Même à Paris on peut parler de bise avec un vent de nord-est. Mais, dans la capitale française, les vents peuvent venir de toutes les directions comme il n’y a pas de massifs alentour. Alors que, sur le Plateau ou dans l’arc jurassien, la bise est vraiment un vent typique », note Olivier Duding. Ce courant d’air qui fait chuter la température ressentie se met en place lorsqu’une haute pression est centrée sur les îles Britanniques, alors qu’une dépression s’installe au-dessus de la Méditerranée. L’anticyclone empêche ainsi les dépressions venues de l’ouest de traverser le continent et un courant d’est à nord-est s’installe.
En Suisse, la bise sera plus forte à mesure de son avancée vers l’ouest et du rétrécissement de la plaine entre le Jura et les Alpes. Ainsi, lors d’un épisode tempétueux le 12 novembre 2004, le vent de nord-est soufflait à maximum 50 km/h en Suisse alémanique, contre des rafales à plus de 100 km/h sur Genève. Souvent synonyme de temps sec, la bise peut toutefois amener de la neige en hiver si la dépression se rapproche du nord de l’Italie et rabat de l’air marin sur les Alpes. Le vent prend alors le nom de bise noire.


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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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